Un expert en vins contrefaits devant la justice américaine
Rudy Kurniawan est accusé d'avoir vendu des centaines de bouteilles de vins mélangés en les faisant passer pour des grands crus.
Rudy Kurniawan n'en mène pas large. Ce collectionneur de vins rares, longtemps célébré comme un expert, se retrouve lundi 9 décembre devant un juge new-yorkais. Il est accusé d'avoir vendu des centaines de bouteilles de grands crus contrefaits. Francetv info revient sur le parcours d'un usurpateur de génie.
Qui est Rudy Kurniawan ?
Né en Indonésie et installé en Californie à la fin des années 90, Rudy Kurniawan, 37 ans, a conquis au début des années 2000 les experts en vins les plus aguerris. Ses atouts ? Une mémoire gustative exceptionnelle, une rapidité à apprendre hors du commun, et une générosité sans limites. Il se présentait comme un amateur de grands vins, plutôt qu'un vendeur. Cela lui vaut un surnom : "Docteur Conti", en raison de sa passion pour le romanée-conti, raconte Le Monde dans un portrait (article payant).
Kurniawan, qui fabriquait lui-même certains des vins contrefaits, est notamment accusé d'avoir essayé de vendre aux enchères à New York, en avril 2008, un lot de 97 bouteilles de bourgogne du Domaine Ponsot, estimé entre 440 000 dollars (320 000 euros) et 602 000 dollars (438 000 euros), pour la plupart fausses. L'une des bouteilles était datée de 1929, quand le domaine n'a commencé la mise en bouteille qu'en 1934. La vente avait été suspendue à la dernière minute, ternissant à jamais l'image de Kurniawan.
Il est aussi accusé d'avoir vendu des vins contrefaits lors de deux ventes aux enchères en 2006 à New York, qui avaient engrangé 10,6 millions et 24,7 millions de dollars (7,72 et 18 millions d'euros), un record. Un collectionneur y avait notamment acheté une prétendue bouteille de romanée-conti 1934 pour 12 925 dollars (9 422 euros).
Comment procédait-il ?
Dans sa maison d'Arcadia, en Californie, les enquêteurs ont retrouvé un véritable "laboratoire de contrefaçon de vins", avec vieilles bouteilles, étiquettes, bouchons, colle, capsules... Kurniawan "mélangeait des vins moins chers, afin qu'ils imitent le goût, la couleur et le caractère de vins rares beaucoup plus chers", indique l'acte d'accusation.
Il versait ensuite ses créations dans des bouteilles vides anciennes, envoyées d'un restaurant new-yorkais où il organisait de somptueuses dégustations pour les experts et collectionneurs. Il scellait ensuite ses bouteilles, et n'avait plus qu'à y apposer de fausses étiquettes.
"Il vendait, ou essayait de vendre ces bouteilles contrefaites lors de ventes aux enchères, ou à des riches collectionneurs, souvent avec de vraies bouteilles de grands crus", ce qui lui permettait de dire, si les vins contrefaits étaient découverts, qu'il s'agissait de bouteilles anciennes ayant eu un problème.
Que risque-t-il ?
Le procès de Kurniawan, qui vivait illégalement aux Etats-Unis depuis 2003, après le rejet d'une demande d'asile, devrait durer environ deux semaines. Trois représentants de domaines français ont notamment été appelés à témoigner. Parmi eux se trouve Laurent Ponsot, le vigneron qui a découvert la supercherie.
L'accusé encourt jusqu'à 40 ans de prison.
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