Affaire Kendji Girac : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse du procureur, qui envisage un classement sans suite
L'hypothèse d'une tentative de meurtre, un temps envisagée, est désormais exclue. Le procureur de Mont-de-Marsan, Olivier Janson, a donné une conférence de presse, jeudi 25 avril, trois jours après la blessure par balle du chanteur Kendji Girac. Le magistrat s’est longuement exprimé sur les avancées de l’enquête ouverte pour "tentative d’homicide volontaire".
Touché au thorax lundi matin, le chanteur de 27 ans a été transféré à l’hôpital à Pessac (Gironde) où il a été opéré. Ses jours ne sont plus en danger. Le tir est survenu dans une caravane, sur l’aire de grand passage des gens du voyage de Biscarrosse (Landes).
L’hypothèse d'une tentative de suicide privilégiée par les enquêteurs
Dans un premier temps, la star a plaidé la thèse de l'accident. Une version jugée "impossible" par les experts en balistique. Le procureur a affirmé pencher pour l'hypothèse d'une tentative de suicide du chanteur, sur fond de consommation d'alcool et de drogue.
Le magistrat a confirmé que Kendji Girac était en compagnie de son épouse et de leur fille quand le coup de feu a été tiré, lundi au petit matin. Revenu "ivre" dans sa caravane après une soirée passée au casino, le vainqueur de "The Voice" a réveillé sa fille, provoquant la colère de sa compagne. "Elle lui a expliqué que, dans ces conditions, elle avait décidé de partir et qu'il fallait choisir, que ce serait soit elle soit lui, mais l'un des deux allait devoir partir", a relaté le magistrat.
Seul dans le salon après cette dispute, le chanteur a voulu "faire peur à sa femme" en simulant une tentative de suicide.
"Je voulais faire entendre le bruit de la détente, j’ai perdu le contrôle."
Kendji Giraclors de son audition par les enquêteurs
Avant d’orienter le canon vers sa poitrine, il aurait omis "de vérifier si le chargeur de l’arme de poing comprenait des munitions". Cette version d'une simulation de tentative de suicide ayant entraîné accidentellement un tir n'a pas convaincu le procureur, qui a dit lui avoir fait part de ses "réserves". D'autant que, d'après le témoignage de sa compagne, Kendji Girac avait mentionné par le passé "qu'il allait se mettre une balle ou s'ouvrir la gorge dans le cadre de disputes".
Sur la base des constatations effectuées, le procureur a par ailleurs définitivement exclu l'hypothèse d'une tentative d'homicide volontaire. A l’intérieur de la caravane, les gendarmes n'ont observé aucune "trace de lutte particulière". Et la thèse d'un tir réalisé par une tierce personne "n'est pas compatible" avec la disposition des lieux.
De "grandes tensions" au sein du couple liées à une addiction à l'alcool
Des analyses toxicologiques ont permis de confirmer "une alcoolisation massive" de Kendji Girac, estimée à plus de 2,5 grammes d'alcool par litre de sang au moment du tir. Quelques heures plus tôt, il s'était rendu au casino de Biscarrosse en compagnie de plusieurs jeunes du camp. Avant cette escapade, le chanteur avait "beaucoup bu pendant l'intégralité de la journée", a précisé le procureur.
L'artiste souffre d'une addiction à l'alcool, selon les propos de sa compagne rapportés par le magistrat : "Ses cuites étaient de plus en plus nombreuses et longues et pouvaient durer durant 48 heures." Cet alcoolisme est l'objet de "grandes tensions dans le couple". Kendji Girac a par ailleurs affirmé avoir consommé "deux petites traces de cocaïne à son retour du casino". Une déclaration confirmée par les analyses.
Une arme à feu achetée quatre jours plus tôt, selon le chanteur
Le pistolet semi-automatique, un Colt 45, a été retrouvé dans un buisson à proximité de la caravane de Kendji Girac grâce aux indications de son père. Interrogé sur la provenance de l’arme, le chanteur avait assuré dans un premier temps avoir acheté le pistolet de calibre 11 dans une brocante de la région. "C’est éminemment douteux", a réagi le procureur. Selon les déclarations initiales de Kendji Girac, le coup de feu serait parti alors qu'il manipulait l'arme. Mais pour le procureur, "un accident, un tir intempestif, est jugé impossible", tant en raison des multiples sécurités présentes sur le pistolet que de l'expérience en matière d'armes du chanteur, qui pratique le tir sportif.
De nouveau interrogé mercredi, Kendji Girac a changé de version, racontant que le pistolet avait été acheté le 18 avril à "un gars passé au camp" en échange de 500 euros. D'autres investigations seront poursuivies pour "savoir d'où provient cette arme", même si la version du chanteur "sera très difficile à vérifier", selon le procureur de la République.
Un probable classement sans suite
Olivier Janson a laissé entendre qu'il allait classer le volet de l'enquête ouvert pour "tentative d'homicide", en l'absence d'infraction pénale. "Je lui ai dit [à Kendji Girac] que ces explications lui appartenaient et que le travail judiciaire s'arrêtait, qu'il lui appartenait à lui et sa compagne de trouver les ressources" pour surmonter ce drame, a-t-il expliqué.
En effet, une tentative de suicide ou une simulation ratée ne constituent pas un motif suffisant pour poursuivre une enquête pénale. "Sauf élément nouveau dont j'appréhende mal la nature, cette procédure devrait se terminer par un classement", a déclaré le procureur. Interrogé sur l'éventualité de poursuites concernant un port d'arme illégal ou la consommation de stupéfiants, le magistrat a dit ne pas envisager de telles suites.
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