"J'ai sous-estimé sa souffrance" : les magistrats et avocats du Mans témoignent après la mort du juge Lambert
Le juge Lambert, retrouvé mort mardi 11 juillet chez lui au Mans (Sarthe), avait pris sa retraite en 2014. Ses anciens collègues réagissent à sa disparition.
Le juge Jean-Michel Lambert, premier juge d'instruction en charge de l'affaire Grégory, a été retrouvé mort, mardi 11 juillet, à son domicile du Mans (Sarthe). Les secours ont découvert son corps inanimé avec un sac plastique sur la tête.
Ils ont voulu l'aider à tourner la page
Au Mans, les magistrats et les avocats qui ont côtoyé Jean-Michel Lambert avant qu'il ne prenne sa retraite en 2014, expliquent qu'ils connaissaient tous le passé et l'histoire du juge. Lorsqu'il est arrivé dans la Sarthe en 2003, le personnel de la cité judiciaire a fait preuve d'une neutralité bienveillante, comme l'explique un avocat : "Au départ, nous nous sommes peut-être posés quelques questions, mais jamais nous n'avons cherché à le mettre en difficulté. Je ne lui ai jamais parlé de ce dossier, parce que je ne voulais pas le gêner."
Les personnes qui ont travaillé avec le juge Lambert, décrivent un homme courtois, bienveillant, doté d'une grande capacité d'écoute. Ses collègues ont voulu aider à tourner la page, d'après Elisabeth Rollin, bâtonnier au barreau du Mans : "Il a dû trouver un havre de paix. Ici, au Mans, il a été 'le juge Lambert, juge du tribunal d'instance'. Il a redémarré une nouvelle vie, il repartait dans une nouvelle profession d'une certaine manière."
Trente ans de souffrance
Même loin des Vosges où s'est déroulé l'affaire du petit Grégory, Jean-Michel Lambert n'a pas oublié. Cette affaire a marqué le juge au fer rouge, d'après Daniel Coquel, président du tribunal de grande instance : "j'ai sous-estimé la souffrance dans laquelle il était toujours, trente ans après. Il ne s'est jamais relevé. Tout cela l'a détruit."
Jean-Michel Lambert avait pris sa retraite en 2014, trente ans après le début de l'affaire Grégory. La même année, il publiait un livre intitulé De combien d'injustices suis-je coupable ?, et confiait ne s'être "jamais remis" de cette affaire.
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