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Affaire Grégory : ce que l'on sait sur les époux Jacob mis en examen

La grand-tante et le grand-oncle de Grégory ont été mis en examen, vendredi. Leurs avocats dénoncent une absence de charges. Franceinfo revient sur les éléments qu'a mis au jour l'enquête.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Stéphane Giuranna, l'avocat de Marcel Jacob, au palais de justice de Dijon (Côte-d'Or), le 16 juin 2017. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Plus de trente ans après, de nouvelles inculpations dans l'affaire du petit Grégory. Son grand-oncle et sa grand-tante, Marcel et Jacqueline Jacob, ont été mis en examen, vendredi 16 juin, à Dijon (Côte-d'Or) pour enlèvement et séquestration suivis de mort, puis écroués. Franceinfo fait le point sur ces deux mis en examen.

Quels liens le couple entretenait-il avec les parents de Grégory ?

Marcel Jacob, 72 ans, est le frère de Monique, la grand-mère de Grégory, il est donc le grand-oncle de l'enfant. Son épouse, Jacqueline Jacob, également âgée de 72 ans, est la grand-tante de l'enfant. D'un caractère affirmé, Marcel Jacob, ouvrier, était en mauvais termes avec Albert Villemin, le mari de sa grande sœur Monique, et surtout avec leur fils Jean-Marie, père de Grégory, dont il considérait l'ascension sociale comme illégitime.

En 1982, il apostrophe son neveu qui vient d'être promu contremaître : "Je ne serre pas la main à un chef. Tu n'es qu'un rampant qui n'a pas de poils sur la poitrine", lance cet oncle envieux, qui vit sur les hauteurs d'Aumontzey (Vosges) dans une maison surplombant celle de sa sœur Monique.

Schéma des membres de la famille Villemin impliqués dans l'enquête sur le meurtre du petit Grégory. (ANSELME CALABRESE / FRANCEINFO)

Marcel Jacob est en revanche particulièrement lié à Bernard Laroche, un autre neveu dont il est l'aîné d'à peine quelques années et avec lequel il a été élevé. Les deux compères sont voisins et se rendent visite régulièrement, "même si au début de l'enquête, Marcel Jacob s'était efforcé de dissimuler cette amitié", avaient rappelé les juges dans un arrêt de 1993. Mieux : oncle et neveu cultivent une ressemblance physique, moustache et favoris, suscitant parfois la confusion.

Bernard Laroche, en février 1985 après sa libération, "faute de charges suffisantes", après trois mois de détention provisoire.  (ERIC FEFERBERG / AFP)

Le couple a-t-il déjà été inquiété ?

Marcel Jacob avait été soupçonné une première fois d'être le corbeau lorsqu'une lettre anonyme avait fait état d'une altercation entre deux membres de la famille Villemin dont il avait été le seul témoin. Mais il n'avait encore jamais été inquiété par la justice.

Egalement mise en examen pour les mêmes chefs d'accusation que son époux, Jacqueline Jacob avait gardé jusqu'alors une remarquable discrétion depuis le début de l'affaire. Jamais interrogée durant les cinq premières années d'enquête sur l'assassinat de Grégory, elle avait été convoquée une première fois en décembre 1989 par le juge d'instruction, mais s'était dérobée. Finalement entendue deux ans plus tard, elle s'était montrée particulièrement réticente à répondre aux questions. Pourtant, l'épouse de Marcel Jacob avait été désignée par deux expertises graphologiques comme pouvant avoir écrit une des lettres du corbeau en 1983.

>> Ce que contenaient les lettres et les appels du corbeau

Quels sont les nouveaux éléments dans l'affaire ?

"Le dossier révèle existence d'un lien indissociable" entre une lettre écrite par le corbeau en 1983 "et le courrier posté le jour du crime avant 17h15 et l'enlèvement de l'enfant", a indiqué le procureur général vendredi.

L'emploi du temps, de Jacqueline Jacob du mardi 16 octobre 1984, jour de la découverte du corps de l'enfant dans les eaux de la Vologne, ainsi que celui de son mari, n'a jamais pu être reconstitué avec certitude.

Selon les nouveaux éléments de l'enquête, le couple Jacob s'adonnait à l'échangisme, une pratique qui, une fois ébruitée, a d'autant accentué le climat délétère au sein de la famille Villemin.

>> Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse du procureur

Comment ont-ils réagi lors de leur garde à vue ?

Lors des interrogatoires, le couple a nié "toute participation aux faits reprochés", a indiqué vendredi le procureur général de Dijon, Jean-Jacques Bosc. "Il n'y a aucun élément nouveau qui justifie cette mise en examen pour séquestration et enlèvement", a commenté sur franceinfo Gary Lagardette, l'avocat de Jacqueline Jacob. Les dizaines d'expertises graphologiques "ont toutes été au final contestées", tient à préciser l'avocat. "Cela ne peut qu'aller en direction d'un échec", dit-il. Pour Gary Lagardette, "il n'y a aucune certitude" dans cette affaire.

Jacqueline Jacob, "est fatiguée et usée par 48 heures de garde à vue et de pression", assure son avocat, qui invoque "le droit fondamental de se taire, protégé par la Cour européenne des droits de l'homme". Ce droit "doit être strictement appliqué pour éviter tout dérapage", insiste Gary Lagardette.

Même son de cloche pour l'avocat de Marcel Jacob. "On ne sait pas comment est mort Grégory et on met en examen", il est "criminel de jeter en pâture le nom d'un couple" lorsque l'on a "aucun élément matériel, rien", a dénoncé Stéphane Giuranna, qui demandera rapidement "la nullité de la mise en examen" de son client.

Comment réagissent leurs proches ?

La fille du couple a expliqué, dans un entretien à Vosges matin, qu'elle était "très choquée" par cette double mise en examen. "Depuis jeudi, je me réveille en pensant que je suis peut-être la fille de criminels", confie-t-elle. Celle qui a rompu tout contact avec ses parents depuis 1991 estime que justice doit être faite. "S’ils sont coupables, il faut qu’ils soient inculpés et écroués. Si ce sont eux, comment peuvent-ils se regarder dans la glace tous les matins ?", interroge-t-elle.

René Jacob, le frère de Marcel Jacob, prend lui sa défense. "La justice se trompe. Ce n'est pas lui, je suis sûr et certain. Il ne ferait jamais de mal à un enfant", explique-t-il à BFMTV.

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