Violences urbaines : "ce n'est pas Fauchon qu’on brûle, c’est le Aldi, le Action, l'Intermarché et la cuisine centrale", déplore Bruno Beschizza, maire d'Aulnay-sous-Bois
"Ce n'est pas Fauchon qu’on brûle, c’est le Aldi, le Action, l'Intermarché et la cuisine centrale", déplore Bruno Beschizza, maire (Libres !) d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), invité de l'émission Ma France sur France Bleu vendredi 30 juin. Au lendemain d'une nouvelle nuit d'émeutes, sa commune de 90 000 habitants a été durement touchée.
"C’est un mélange de stupeur, de colère, de dégoût, se désole l'élu, sur une ville où l’on veut sortir des clichés, on a brûlé au trois quarts le centre technique municipal, 30 véhicules brûlés aussi, la cuisine centrale brûlée, 39 caméras dégradées et trois supermarchés de proximité. Ce n'est pas Fauchon qu’on brûle, c’est le Aldi, le Action, l’Intermarché et la cuisine centrale. C’est la maman qui y travaille pour préparer des repas pour le petit frère et pour la grand-mère".
À 2h du matin, l'édile raconte que "le poste de police municipale a été attaqué par 150 individus cagoulés". Face à eux, les policiers municipaux ont tiré "130 tirs de LBD". "On a une police nationale qui ne peut pas venir car elle est prise au même moment sur la ville voisine de Sevran."
"Une incapacité de l'Etat"
Selon le maire d'Aulnay, l'état d'urgence n'est pas la solution. "Quand j’entends aujourd’hui parler d’outils juridiques, d’état d’urgence, de couvre-feu, j’aimerais qu’on parle déjà des moyens des forces de l’ordre qui sont sur le terrain. Si vous décrétez le couvre-feu et que vous n’avez pas les moyens de le faire appliquer, on décrédibilise encore plus la parole publique". À 3h du matin, l'élu a appelé le préfet de Seine-Saint-Denis "pour dire on fait quoi, j’en ai encore 400 dans une cité qui risquent de descendre sur la mairie". Le préfet lui répond selon ses dires : "on n’a plus de munitions". "Je me méfie des effets d’annonce, on annonce 40 000 policiers sur le terrain, et à Aulnay et Sevran, 150 000 habitants, deux villes dites complexes, juge Bruno Beschizza.
En début de soirée, s’il n’y avait pas eu l’arrivée de véhicules de gendarmerie, il n’y avait que trois véhicules de police nationale ! Ce n’est pas la faute aux policiers, c’est faute à la répartition.
Bruno Beschizzaà franceinfo
L'ancien représentant d’un syndicat de police évoque les conséquences sociales et politiques de ces émeutes : "Tout ce qui a été détruit c’est l’argent de la politique de la ville, on est sur une ultraviolence, on est sur une incapacité de l’Etat de montrer qu'il tient les territoires par une présence physique". Selon l'élu, la solution réside "dans une autre valeur, celle des parents. Que l’on crédibilise les parents, pas qu’on les rende coupables de ce que font certains abrutis qui ont douze ans mais qu’on leur dise 'tu es un papa tu as un rôle', on a trop oublié de valoriser ces parents dans les quartiers difficiles". Le maire estime qu'un "appel solennel au plus haut niveau de l’Etat sur la notion de famille serait de bon aloi".
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