"Il fallait tourner une page et continuer" : après les violences urbaines, les centres de loisirs dégradés de Nanterre se réorganisent
Comment revenir au plus vite à la normale après les émeutes ? Près de trois semaines après la mort du jeune Nahel lors d'un contrôle policier à Nanterre, le 27 juin, et après les violences urbaines qui avaient suivi le drame, les députés se penchent jeudi 20 juillet sur un projet de loi d'urgence. Celui-ci a pour but d'accélérer la reconstruction des mairies, écoles, commissariats endommagés.
Selon le gouvernement, 750 bâtiments publics ont été détruits ou dégradés lors de ces émeutes, à Nanterre, épicentre des violences après la mort de l'adolescent, l'urgence est d'accueillir au mieux les enfants pendant les vacances.
"Ils font des sorties pour nous, pour qu'on soit heureux"
Deux centres de loisirs de la commune ont dû fermer à cause des dégâts, ce qui heureusement ne les empêche pas de proposer quand même des activités aux jeunes. Ce jour-là, le centre de loisirs de Fontenelles, surplombé par les barres d'immeubles, emmène à l'aventure une quarantaine d'enfants de 6 à 11 ans. "On va aller à l'accrobranche mais je pense que c'est un peu risqué parce qu'imaginons que quelqu'un oublie de s'accrocher, il peut tomber", s'inquiète un garçon. "On ne peut pas tomber, il y a des fils !", rétorque d'emblée un autre.
Le programme des activités du centre a légèrement changé à cause des effectifs. Au total à Nanterre, 250 enfants sur les 2 000 accueillis ce mois-ci ont été répartis sur d'autres centres. Forcément, les émeutes sont encore dans les esprits. "L'école maternelle, elle est brûlée", raconte un enfant. "À côté de chez moi, il y a des voitures qui ont brûlé", souffle un autre. Le centre de loisirs permet à ses pensionnaires de prendre un bon bol d'air et se changer les idées. "Ils font des sorties pour nous, tout ça pour qu'on soit heureux et qu'on découvre plein d'autres choses", sourit un petit, "et aussi on peut retrouver nos amis, c'est ça qui est bien aussi", ajoute un pensionnaire.
Une vingtaine d'animateurs ont dû changer de lieu de travail
Le directeur Pascal Limé a rejoint le centre des Fontenelles en catastrophe. Il travaille normalement à trois kilomètres d'ici, au centre des Gavroches, mais le bâtiment est incendié, il est inutilisable. "Deux semaines avant les vacances, on avait 156 gamins qui arrivaient dès le lundi... On n'a pas le temps de réfléchir : nous avons divisé le groupe en deux et essayé de fonctionner très très vite. Il fallait tourner une page et continuer", glisse-t-il.
Une vingtaine d'animateurs ont aussi dû changer de lieu de travail, tout s'est organisé en une semaine à peine : des navettes en car ont été mises en place pour transporter les enfants. La mairie a déboursé 5 600 euros. "D'habitude les enfants sont accueillis sur leur quartier, ils ont été repositionnés sur d'autres pour pouvoir rencontrer d'autres enfants, côtoyer d'autres adultes, positive Christine Foly, responsable du service enfance à la mairie. C'est une grande richesse dans cette notion de vivre-ensemble". En août, plus d'un millier d'enfants seront accueillis dans une quinzaine de centres à Nanterre.
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