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Attaque contre le maire de L'Haÿ-les-Roses : "On est à portée de baffe ou de voiture-bélier maintenant", déplore le maire d'Evry

Le président de l'Association des maires de France a lancé un appel au rassemblement devant les mairies ce lundi, à 12 heures, pour dénoncer l'attaque qui a visé le maire de L'Haÿ-les-Roses. À cette occasion, le maire d'Évry souhaite délivrer "un message de paix et de dialogue".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des policiers devant le domicile vandalisé du maire de L'Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun, le 2 juillet 2023. (NASSIM GOMRI / AFP)

"Maintenant", les maires sont "à portée de baffe ou de voiture-bélier", a déploré lundi 3 juillet sur franceinfo Stéphane Beaudet, maire d'Évry et président de l'association des maires d'Île-de-France. David Lisnard, le président de l'Association des maires de France, a invité les Français à se rassembler lundi 3 juillet à 12 heures devant les mairies de leurs villes et villages pour dénoncer l'attaque à la voiture-bélier du domicile du maire Républicains de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne),Vincent Jeanbrun, survenue dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet.

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Le maire d'Évry souhaite lancer à cette occasion "un message de paix et de dialogue". Les violences urbaines ont provoqué des dégâts considérables dans de nombreuses villes de France depuis la mort de Nahel mardi 27 juin à Nanterre. "C'est une démonstration de plus qu'il n'y a plus de digue, plus aucune limite", a-t-il expliqué.

franceinfo : Comment avez-vous ressenti l'attaque du maire de L'Haÿ-les-Roses ?

Stéphane Beaudet : On se sent tous un peu concerné. On se dit tous que ça pourrait nous arriver. On est extrêmement choqué. Les images sont graves. En plus, Vincent Jeanbrun est un ami. C'est extrêmement choquant, mais c'est une démonstration de plus qu'il n'y a plus de digue, plus aucune limite. Depuis des années, on est finalement les seuls sur le terrain, à portée de baffe. On est à portée de baffe ou de voiture-bélier maintenant. Les émeutiers, très vite, s'en sont pris à des équipements publics. Et puis, petit à petit, à tout ce qui représentait l'ordre dans la commune et ils finissent par s'en prendre à leurs maires, c'est-à-dire ceux qui leur construisent des équipements et qui répondent justement au quotidien aux attentes qui sont les leurs. Tout ceci est complètement déraisonné.

Est-ce que vous estimez que certains élus sont aujourd'hui responsables indirectement, des violences qui ont éclaté ces derniers jours ?

Pas indirectement ! Je ne suis pas certain d'avoir entendu toute la classe politique s'émouvoir. Il y a aussi l'extrême gauche et l'extrême droite. Et puis il y a les tentatives de récupération après avoir mis de l'huile sur le feu pendant une semaine. Je pense notamment à LFI. Je suis désolé, mais je n’ai entendu aucun appel au calme. Tous les élus ont appelé au calme. Tous les élus ont participé. La députée LFI sur mon territoire, pas du tout. Il y a un moment, il faut aussi appeler un chat un chat. Quand on entend les interviews de Jean-Luc Mélenchon encore hier d'ailleurs, je ne suis pas certain que tout ceci soit responsable.

Selon vous, il n'y a pas d'appel à l'apaisement, mais juste un appel à la justice. Ça ne vous convient pas ?

On est dans un pays de droit. La justice a fait son travail jusqu'à preuve du contraire, le policier a été incarcéré. La classe politique comme l'opinion ont unanimement condamné le geste qu'ils ont vu à la télé en attendant l'enquête. Je crois qu'il est aujourd'hui sous couvert d'un chef d'inculpation d'homicide volontaire. J'ai plutôt le sentiment que la justice a fait son travail.

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Après, on nous explique que rien n'est fait pour les jeunes, que rien n'est fait dans les quartiers. Imaginez si depuis 40 ans, il n'y a pas eu la politique de la ville dans les quartiers, la révolution aurait éclaté depuis 40 ans. Imaginez un peu tout ce qui est fait dans les quartiers populaires en réalité. Qu'il ne soit pas fait suffisamment, qu'il y ait des débats postcoloniaux sur la question de l'intégration, sur la question de ce que se transmettent les générations comme rejet du pays, l'échec même de notre pays en matière d'accueil de ces populations, évidemment... Mais est-ce que quand on est en pleine crise d'émeutes, que l'on crame des bâtiments publics, que l'on crame des commerces, que l'on balance une voiture bélier chez un élu, on en est encore à réclamer la justice qui elle-même a fait son travail. Je ne le crois pas.

Qu'attendez-vous du rassemblement à 12 heures devant les mairies ?

Un message de paix, de dialogue. Qu'on ait la capacité à analyser aussi franchement ce qui a raté dans notre pays depuis 50 ans. Ça n'empêche pas de le faire, mais ça ne se fait pas en allant casser les entreprises, les petits commerces, là où leurs petits frères et leurs petites sœurs travaillent. J'ai des maisons de quartier qui ont été détruites. Ces maisons de quartier, ce sont des activités d'été qui doivent démarrer cette semaine pour leurs petits frères et pour leurs petites sœurs qui ne pourront pas démarrer. C'est ça la réalité de ce qui s'est passé depuis une semaine.

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