Mort d'Adama Traoré : le plaquage ventral a causé le décès, selon une contre-expertise demandée par les parties civiles
Vendredi 29 mai, une précédente expertise médicale écartait la responsabilité des forces de l'ordre dans le décès d'Adama Traoré en juillet 2016 dans le Val-d'Oise.
La contre-expertise demandée par la famille d’Adama Traoré estime que le plaquage ventral opéré par les gendarmes lors de l’arrestation du jeune homme il y a quatre ans est à l’origine de sa mort, a appris franceinfo auprès de l’avocat de la famille d’Adama Traoré mardi 2 juin.
Cette expertise, réalisée par un professeur de médecine, a été versée au dossier ce mardi, à la demande des parties civiles. Elle contredit complètement l’expertise rendue publique la semaine dernière, qui mettait hors de cause les gendarmes. L’avocat de la défense dénonce pour sa part une "instruction médiatique". C'est désormais aux juges d'instruction de décider de la suite à donner à cette nouvelle pièce.
La technique d'interpellation en cause
Dans la conclusion de cette contre-expertise, que franceinfo a pu consulter, on peut lire que le décès d’Adama Traoré a été causé par un syndrome asphyxique qui fait suite à un oedème cardiogénique. Lequel oedème a été causée, selon le rapport, par "une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral".
L’expertise est donc "en faveur du décès faisant suite à un syndrome asphyxique par plaquage ventral". En d’autres termes, selon cet expert, mandaté par la famille, c’est bien la technique d’interpellation des gendarmes qui a mené au décès d’Adama Traoré.
"Cette contre-expertise a été réalisée par un professeur de médecine interne d’un prestigieux hôpital parisien, précise l’avocat de la famille d’Adama Traoré, maître Yassine Bouzrou. Les conclusions de ce rapport sont très claires : le décès d’Adama Traore résulte du plaquage ventral exercé par les trois gendarmes."
Le rapport versé au dossier d'instruction
Selon l’avocat, "cette expertise indépendante a la même valeur probante que les expertises ordonnées par la justice. Ce rapport a été versé au dossier d’instruction, il est donc contradictoire, conformément à la loi".
"Contrairement aux experts désignés par les juges, les médecins indépendants qui ont réalisé les contre-expertises sont tous spécialistes des maladies évoquées dans le dossier. Compte-tenu de leurs compétences, leurs conclusions s’imposent face à celles qui excluent le plaquage ventral comme cause de la mort d’Adama Traore", estime encore Yassine Bouzrou.
"Le diagnostic vital engagé avant l'interpellation" pour la défense
Pour maître Rodolphe Bosselut, qui défend deux des gendarmes placés sous le statut de témoin assisté dans cette affaire, il n’y a, au contraire, pas eu de plaquage ventral. "Adama Traoré était déjà caché à plat ventre et il a uniquement été menotté au sol lors de son interpellation", indique l’avocat, qui rappelle que selon d’autres expertises ordonnées par la justice, "le diagnostic vital du jeune homme était déjà engagé avant son interpellation, en raison de plusieurs pathologies dont il souffrait".
Enfin, Rodolphe Bosselut s'interroge sur les conditions dans lesquelles cette contre-expertise indépendante a été versée au dossier, et se demande à quelles pièces l'expert mandaté par la partie civile a eu accès. L’avocat dénonce une "instruction purement médiatique, au seul motif que les éléments objectifs de l’instruction judiciaire ne satisfont pas les parties civiles".
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