Accouchement dramatique dans le Lot : la maman "n'accuse personne"
Anne-Sophie Delestre, 35 ans, s'exprime pour la première fois et explique comment elle a perdu son bébé après avoir accouché sur l'autoroute faute d'arriver à temps à la maternité.
SANTE - Le drame a ému la France entière et relancé la polémique sur les déserts médicaux. Un nouveau-né est mort le 19 octobre dans le Lot, alors que sa mère avait été contrainte d'accoucher sur l'autoroute, ne pouvant atteindre à temps la maternité la plus proche, à une heure de route. Dans un entretien publié mardi 23 octobre sur Le Nouvel Obs.com, Anne-Sophie Delestre conteste la version des faits rapportée par les médias, assure que personne n'a commis d'erreur et dément de nombreuses informations erronées.
La grossesse de cette femme était-elle à risque ?
Non. Contrairement à ce qui a été dit, la jeune femme de 35 ans n'a pas fait "plusieurs fausses couches". Il s'agissait de sa première grossesse et elle ne comportait aucune particularité. Anne-Sophie Delestre évoque seulement "un léger décollement du placenta, qui pouvait entraîner quelques saignements, (...) il n’y avait aucune raison pour que j’accouche d’un prématuré".
Le gynécologue qui la suivait l'a-t-il mal conseillée ?
Non. D'après la mère, alors que le bébé était en train de descendre et qu'elle avait des contractions, le gynécologue, un "praticien reconnu avec 25 ans de métier", a estimé qu'elle avait "quatre heures devant elle pour arriver à Brive", ville située à un peu plus d'une heure de son domicile de Figeac. Son compagnon au volant, la jeune femme a donc pris la route mais elle a perdu les eaux vingt minutes après avoir quitté Figeac. "On m’attendait là-bas. Personne ne pouvait savoir que le bébé arriverait aussi vite."
A-t-elle voulu accoucher trop loin ?
Non. En choisissant de prendre la route pour Brive, elle affirme ne pas avoir choisi une maternité trop éloignée. Cahors, Villefranche-de-Rouergue ou Aurillac sont des villes toutes situées à environ une heure de Figeac. Elle a voulu se rendre à Brive car c'est là qu'elle avait effectué son amniocentèse. Par ailleurs, elle devait accoucher en décembre. Or la route de Brive est la plus praticable en hiver, dans une région où le verglas rend la conduite parfois difficile.
Le bébé était-il vivant après l'accouchement ?
Oui. La petite fille, prénommée Béatrice, est née à sept mois de grossesse et pesait 700 grammes. Elle n'aurait survécu qu'en étant placée immédiatement dans une couveuse. "Quand la petite est née, elle vivait. Elle bougeait contre moi. Mais au bout de quelques minutes, c’était fini." Le couple a, d'après Anne-Sophie Delestre, rapidement appelé les secours qui ont mis "un quart d'heure, vingt minutes à arriver". "Il est faux de dire que nous n’avons pas appelé les pompiers suffisamment tôt", explique la jeune femme.
Comment a-t-elle vécu les événements qui ont suivi ?
Très mal. "On a été indigné par la politisation de notre drame. Et le manque de compassion total à notre égard. Jamais un mot pour nous", déplore Anne-Sophie Delestre. Elle pointe également du doigt les agissements de la presse, des reporters radio qui sont restés en permanence devant leur domicile, et du voyeurisme des photographes venus dans les couloirs de l'hôpital de Cahors où elle a bénéficié d'une prise en charge psychologique.
Aujourd'hui, la jeune femme est rentrée chez elle et attend "le retour du corps de la petite pour l'inhumer" seule avec son compagnon. Pour elle, la mort de son enfant est bien liée à un concours de circonstances, pas à leur imprudence, à une négligence ou aux déserts médicaux : "Pour un bébé de ce poids, dans ces conditions, il n’y avait aucune solution. Si j’avais été sur place, oui, ils me l’auraient sauvée certainement. Mais là, je ne serais arrivée à temps dans aucune maternité. Ni nous, ni l’obstétricien, que je soutiens totalement, sont en cause."
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