Cet article date de plus de dix ans.

Crash du Rio-Paris : ce qu'il faut retenir de la contre-expertise

L'accident de cet Airbus d'Air France, qui avait fait 228 morts en juin 2009, est dû à "une réaction inappropriée de l'équipage", selon une contre-expertise ordonnée dans le cadre de l'enquête judiciaire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un morceau de l'Airbus A330 d'Air France qui s'est abîmé dans l'océan Atlantique en juin 2009 alors qu'il reliait Rio à Paris.  (BRAZILIAN NAVY / AFP)

La catastrophe du vol Rio-Paris d'Air France, en juin 2009  qui a fait 228 morts, est due à "une réaction inappropriée de l'équipage après la perte momentanée des indications de vitesse", selon le rapport d'une contre-expertise rendu public mardi 13 mai. Les experts mandatés dans le cadre de l'enquête judiciaire sont formels : l'accident "aurait pu être évité"Air France et Airbus sont mis en examen depuis 2011 pour homicides involontaires dans ce dossier.

L'équipage n'a pas bien réagi

Les simulations et les expertises "ont clairement établi la prédominance des facteurs humains dans les causes de l'accident", affirment les cinq experts dans leurs conclusions. "L'accident aurait pu être évité (...) et ceci par quelques actions appropriées de l'équipage", ajoutent-ils.

Les experts listent quatorze facteurs qui ont contribué au crash. Ils citent d'abord la responsabilité de l'équipage, en évoquant "l'absence d'analyse structurée de la panne présente""la non compréhension de la situation" et "la répartition des tâches dans le cockpit qui n'a pas été appliquée de manière rigoureuse".

Ils évoquent aussi le stress et la fatigue de l'équipage, "l'attitude discutable du commandant de bord qui quitte le cockpit malgré les questions que se pose le pilote suppléant".

Air France n'avait pas tiré les leçons de cas analogues

Les experts mettent également en cause la compagnie aérienne, en déplorant une "absence de directives claires de la part d'Air France malgré plusieurs cas analogues faisant suite à des givrages des sondes Pitot et donc un retour d'expérience insuffisant".

Les experts pointent par ailleurs "l'insuffisance de la formation des pilotes dans l'application de la procédure 'IAS douteuse'" requise lors du givrage des sondes et sur le comportement de l'avion lors de la perte des indications de vitesse. 

Les familles attendent de rencontrer les experts

Contacté par l'AFP, un des avocats des proches des victimes, Yassine Bouzrou, a jugé le rapport "plein de contradictions et d'imprécisions". "Les experts se contentent de blâmer les pilotes tout en éludant la question centrale des défaillances techniques", a-t-il réagi.
 
Danièle Lamy, présidente de l'association de victimes Entraide et solidarité AF447, a pour sa part estimé que la contre-expertise confirmait "que les causes sont multiples et qu'elles vont bien au-delà du seul comportement des pilotes". Pour elle, "le givrage des sondes Pitot est toujours en cause". "L'association est sereine et déterminée", a-t-elle ajouté. "Nous aurons des questions à poser aux experts quand nous les rencontrerons."

Ces conclusions confirment de précédents rapports

Un rapport judiciaire remis aux juges d'instruction en 2012 avait déjà pointé le facteur humain. Les pilotes manquaient visiblement de sommeil. Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), qui a dévoilé son rapport le 5 juillet 2012, avait indiqué que "l'équipage n'a jamais compris qu'il décrochait". Le manque de formation avait aussi été soulevé. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.