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Crash dans les Alpes : comprendre le problème de la dépressurisation en quatre questions

Le crash d'un avion dans les Alpes-de-Haute-Provence, a fait 150 morts, mardi 24 mars. La dépressurisation de la cabine est une des hypothèses avancées par les spécialistes.

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Dans le cockpit d'un avion reliant Katmandou à Lukla, au Népal, le 8 octobre 2010. (ONLY WORLD / AFP)

Au lendemain du crash d'un A320 de la compagnie Germanwings dans les Alpes-de-Haute-Provence mardi 24 mars, les questions sont nombreuses sur les causes de l'accident qui a causé la mort de 150 personnes. L'appareil est descendu, en 8 minutes, de 12 000 mètres à 1 600 mètres d'altitude. Quellle a été la cause de cette chute fatale ? Pourquoi les pilotes ne sont-ils pas entrés en contact avec le contrôle durant cette phase de descente qui semble contrôlée ?  Une dépressurisation de l'appareil est envisagée par plusieurs spécialistes. "Cela peut être une hypothèse", confiait mardi  à Europe 1Xavier Barral, ancien commandant de bord Air France et inspecteur de l’Organisme du Contrôle en Vol. Francetv info vous en dit plus sur ce phénomène.

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Qu'est-ce qu'une dépressurisation ?

En altitude, la pression est plus faible qu'au niveau du sol. C'est ce qui explique la sensation de manque d'air que l'on peut parfois avoir lors d'une randonnée en montagne : l'oxygène se raréfiant, plus on monte en altitude, plus on "manque d'air". 

Au début de l'histoire de l'aviation, des pilotes ont perdu conscience par manque d'oxygène. En 1937, l'US Army Air Corps a mis au point le premier avion avec un cabine pressurisée, rappelle Airspacemag (en anglais). En clair, on maintient artificiellement dans la cabine la pression d'air à laquelle nous sommes habitués, pour que les personnes à bord puissent respirer. C'est indispensable pour des avions volant à des altitudes de l'ordre de 10 000 mètres, comme les avions de ligne.

Un circuit spécifique permet à la fois de maintenir cette pression constante et de renouveler l'oxygène. "Pour assurer aux passagers des conditions respiratoires correctes, il est nécessaire de renouveler l'oxygène pendant le vol, explique Le Figaro. L'air prélevé à l'extérieur de l’avion est traité par des compresseurs qui le restituent dans la cabine à une pression plus élevée".  

La dépressurisation se produit lorsqu'il y a perte d'étanchéité de la cabine : la pression et la température chutent brutalement, s'alignant sur l'extérieur de l'avion.

Quelle peut-être l'origine d'une dépressurisation ?

Il existe de sortes de dépressurisation : progressive ou brutale. Un trou dans la cabine, comme une fissure dans un hublot, peut conduire à une dépressurisation progressive, avance Nicolas Coccolo, pilote professionnel, à Metronews. L'équipage peut dans ce cas garder la maîtrise de l'appareil.

Mais la dépressurisation peut aussi être beaucoup plus brutale, par exemple à cause de l'arrachage d'une porte, ou d'une explosion provoquant un gros trou dans le fuselage. La température et la pression vont baisser de manière soudaine. Ce type de phénomène est beaucoup plus difficile à contrôler.

Quelles sont les conséquences d'une dépressurisation ?

Dans le cas d'une dépressurisation brutale. La première menace est celle d'une perte de connaissance quasi immédiate de l'équipage comme des passagers  "Si la dépressurisation à l'intérieur de l'appareil est violente ou explosive, à 10 000 mètres, le pilote a environ 25 secondes de temps de conscience utile", détaille Le Figaro.

La dépressurisation conduit à un manque d'oxygène du cerveau. On parle d'hypoxie. Sur un plan médical, cela mène à "une perte de connaissance qui précède certainement la mort", explique au Monde le professeur Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'hôpital Beaujon de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). "Si la dépressurisation est extrêmement brutale et violente, l'inconscience survient en quelques instants à peine et un coma profond s'installe", poursuit Philippe Juvin.

Dans le cas d'une dépressurisation progressive. Si la fuite est peu importante, les conséquences peuvent être maîtrisées, écrit Airspacemag (en anglais). Ainsi en 2009, un vol Southwest Airlines Boeing 737-300 a subi une dépressurisation aux Etats-Unis après l'apparition d'un trou de plusieurs centimètres dans la partie supérieure du fuselage de l'avion, raconte Airspacemag. L'avion a été ausitôt détourné vers un aéroport et a pu atterrir. Personne n'a été blessée.

Quelle procédure est mise en place ?

Dans le cockpit. En cas de dépressurisation, un dispositif d'urgence doit être déclenché. "La dépressurisation oblige les pilotes à faire descendre rapidement l'appareil à 3 000-4 000 mètres, altitude où l'air redevient respirable, explique à Metronews Nicolas Coccolo, pilote professionnel. C'est une procédure connue des pilotes, qui sont formés une fois par an à ce type de situation. Une fois parvenu à une altitude de rétablissement, l'avion peut regagner l'aéroport le plus proche". Par ailleurs les pilotes disposent d’appareils de protection respiratoire, avec des masques prenant tout le visage, assure Slate. Cela peut aussi servir en cas de pollution de l'air par un incendie ou des composants chimiques.

Dans la cabine. Cette descente de 10 000 à 3 000 mètres doit durer environ 13 minutes, ajoute Slate. En cas de dépressurisation de la cabine, des masques d'oxygène tombent dans l'appareil. A partir de ce moment là, 15 minutes d'oxygène sont disponibles.

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