Catastrophe de Brétigny : la SNCF a demandé à des cheminots de cacher des informations à la justice, selon "Le Canard enchaîné"
Des écoutes téléphoniques révèlent comment la compagnie a "briefé" des témoins avant leur audition.
Après un nouveau rapport révélant des défaillances, des écoutes téléphoniques embarrassantes. "La SNCF a tout fait pour manipuler l'enquête judiciaire", affirme Le Canard enchaîné, dans son édition du mercredi 27 janvier. Après le déraillement d'un train, en gare de Brétigny, en juillet 2013, qui a fait sept morts et des centaines de blessés, des cadres de la SNCF "tenaient la main de certains témoins et mitonnaient une opération d'enfumage des magistrats", poursuit l'hebdomadaire. Mais les juges avaient placé ces cadres sur écoute. Cette technique de surveillance a permis de révéler le "double-langage" de ces agents de la SNCF et les efforts du service juridique pour que les témoins dévoilent un minimun d'information à la justice.
"Brétigny c'est des crevards"
L'un des cadres écouté a par exemple assuré, lors de son audition, "ne pas savoir", si les travaux de vérification des lignes étaient menés correctement dans le secteur de Brétigny. Mais au téléphone avec son supérieur, il avait déclaré, toujours selon Le Canard enchaîné : "Brétigny, c'est des crevards. Faut tous les foutre dehors !" De même, au sujet d'une pièce capitale dans l'enquête, une traversée-jonction soupçonnée d'avoir causé l'accident, un autre cadre aurait déclaré, au téléphone toujours : "Elle est pourrie mais c'est pas la seule… Toutes les TJ de Brétigny sont dans cet état-là".
Mais c'est sur les procédés d'une responsable du service juridique qu'insiste Le Canard enchaîné. Elle est "chargée de préparer les salariés qui vont être mis sur le gril poaur les policiers ou les juges" et "va même jusqu'à envoyer des caders sonnerà la porte des salariés réticents". L'intéressée "invite" les futurs témoins à "ne rien apporter" aux policiers. Le service juridique ne s'arrête pas là. Le Canard enchaîné affirme qu'il a aussi demandé à modifier une note interne portant sur le remplacement de matériel vieillissant, à Brétigny. La mention "en très mauvais état" a été jugée superflue.
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