Reportage "Les guifettes sont revenues nicher" : l'Indre expérimente la restauration de la nature à petite échelle

Dans la réserve naturelle nationale de Chérine, pour restaurer la biodiversité, les équipes installent des clôtures contre les ragondins.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un an et demi après le début de l'opération, une cinquantaine de nids de guifettes moustac sont revenus, photo d'illustration. (CHROMORANGE / A. VOLZ / CHROMORANGE)

Les ministres de l'Environnement de l'Union européenne sont réunis lundi 17 juin à Luxembourg pour négocier la loi de "restauration de la nature" en suspend depuis des mois faute de majorité suffisante des 27 pour approuver formellement ce pilier du volet "biodiversité" du Pacte vert européen. Il prévoit notamment de restaurer 20% des aires marines et terrestres de l'UE et donc d'étendre massivement les actions pour l'instant menées à petite échelle. Comme dans l'Indre, dans la réserve naturelle nationale de Chérine, ou les équipes travaillent pour redonner vie à la biodiversité menacée.

Avec sa longue-vue, François Clément, chargé de recherche de la réserve, observe avec satisfaction les guifettes moustac qui s'agitent au-dessus de l'étang : "C'est comme une petite mouette mais un peu plus fine et on la reconnaît avec son petit cri strident." Ces oiseaux avaient quitté les lieux chassés par les ragondins, une espèce invasive venue d'Amérique du Nord : "Ça grignote, ça mange beaucoup…" Au point d'avoir fait quasiment disparaître la végétation qui permet aux oiseaux de faire leur nid.

"On a besoin d'aller beaucoup plus loin"

D'où l'installation d'une barrière pour empêcher l'animal d'approcher. "Toutes ces clôtures forment un rectangle d'environ deux hectares, explique François Clément. Dans ce rectangle, les ragondins ne peuvent pas rentrer et là on voit la végétation qui s'exprime pleinement. C'est simple et efficace. Là on a le bon exemple, les Guifettes sont revenues nicher." Une cinquantaine de nids sont de retour, un an et demi après le début de l'opération.

Une initiative bienvenue mais encore trop rare, explique Jean Rousselot du WWF. Les actions de restauration doivent prendre beaucoup plus d'ampleur selon lui : "À l'échelle nationale, ça reste des actions ponctuelles. On est sur des habitats qui ont été fortement malmenés ces dernières décennies et on a besoin d'aller plus loin. Mais pour aller plus loin, il faut aussi démontrer que ça marche et donc on a besoin de ces actions-là et de montrer que, sur ces espaces-là, on y arrive assez vite."

En espérant convaincre à l'échelle européenne de l'intérêt de la loi de restauration de la nature, surtout qu'il y a urgence : "On a déjà des disparitions d'espèces en France, alerte Jean Rousselot. On a déjà des craintes sur le fait qu'il y en ait certaines qui seront incapables de se reconstituer. On a des baisses, sur les vingt dernières années encore préoccupantes : par exemple la truite à moins 40%. Cette érosion de la biodiversité s'intensifie mais aujourd'hui il est temps d'agir pour pouvoir restaurer cette nature." En attendant plus d'ambition européenne, WWF agit à son niveau. L'ONG compte acheter jusqu'à 5 000 hectares de zone humide dans les prochaines années pour y mener des actions de restauration.

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