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Régionales : un record d'abstention pourrait être battu avec "plus de 20 millions de Français" qui n'iraient pas voter, selon le directeur général de l’Ifop

Selon Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, l'abstention lors du scrutin des élections régionales s'annonce "massive".

Article rédigé par franceinfo
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Frédéric Dabi, à Paris, le 15 février 2012. (BERTRAND GUAY / AFP)

Les élections régionales approchent. Les 20 et 27 juin prochains, les Français sont appelés à se rendre aux urnes mais l'abstention "s'annonce tout à fait massive", selon Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, qui affirme sur franceinfo dimanche 13 juin que "dans les projections Ifop-Fiducial, on est environ à 60 % d'abstention. Ce serait un record absolu pour une élection régionale."

franceinfo : À une semaine du scrutin, peut-on dire que la campagne s'est tendue, avec ce candidat noir insulté, des échanges vifs entre Eric Dupond-Moretti et François Ruffin dans les Hauts-de-France, l'enfarinage de Jean-Luc Mélenchon à la manifestation de la gauche, et cette gifle reçue par Emmanuel Macron dans la Drôme ?

Frédéric Darbi : Il y a des phénomènes de tension assez spectaculaires dans une campagne qui a commencé très tardivement, dans un contexte où l'abstention s'annonce massive. Mais c'est vrai que cette campagne, ce scrutin régional qui est une sorte de tour de chauffe avant l'élection présidentielle, est très important pour la plupart des partis. Le RN qui voudrait gagner une ou plusieurs régions, LREM qui ne voudrait pas sortir de ce scrutin avec aucune victoire à une élection intermédiaire, la gauche divisée, laminée, qui espère sauver les meubles dans les régions où elle est sortante. Beaucoup de forces, à leur corps défendant, s'inscrivent dans une logique de dramatisation du scrutin.

L'abstention aussi ne risque-t-elle pas d'être extrêmement importante pour ces élections ?

On se souvient en 2015, l'élection qui avait suivi les terribles attentats du 13 novembre avait au contraire marqué un sursaut de participation, une sorte de sursaut citoyen. Là, avec 60% d'abstention, ce qui ferait presque plus de 20 millions de Français qui n'iront pas voter, le parti abstentionniste serait le premier parti de France. Cela s'inscrirait une fois de plus dans le cycle abstentionniste que connaît le pays depuis l'élection présidentielle puisqu'à chaque scrutin, législative, européenne, et sans doute départementale et régionale, l'abstention sera ou a été majoritaire, avec une logique de vanité du vote qui émerge chez les Français, qui est dangereux pour la vitalité démocratique. Vanité du vote c'est l'idée que le vote est vain, que le vote est inutile, car il ne va rien changer à sa propre situation.

Est-ce aussi un problème de date ? Les 20 et 27 juin. Cela arrive trop tard, au moment où on part en vacances avec cette fin du couvre-feu ?

Je pense que la date n'a pas grand chose à voir avec cette fragilisation du lien entre représentants et représentés, cette fragilisation de l'acte de vote. Le 15 mars c'était une bonne date pour les municipales. Il y a quand même eu une abstention massive. Bien sûr, il y avait cette dimension Covid qui avait empêché beaucoup de personnes d'aller aux urnes. Et c'est vrai que cette fois ça arrive au mois de juin, en fin d'année, après une période qui a été très fatigante. Les Français sortent épuisés, minés par cette crise sanitaire, économique, par cette inquiétude, cette incertitude à se projeter.

Peut-être peut-on espérer alors que la campagne commence vraiment à prendre un certain rythme de croisière, un des signes du retour à cette normalité que connaît le pays, cette petite euphorie du genre août 44 avec le fait que tous les lieux de culture, de loisirs ouvrent, va peut-être pousser plus d'électeurs que prévu à aller voter. Le dernier acte de normalité serait d'aller voter. Je n'y crois guère, mais en tout cas avec une abstention si forte ce qui serait intéressant de voir ce sont les logiques de mobilisation entre des camps qui vont voter massivement et d'autres qui vont sûrement s'abstenir plus fortement que la moyenne.

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