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Revalorisation du smic, ISF climatique, droit de vote à 16 ans… Ce que contient le programme d'Anne Hidalgo pour la présidentielle

La candidate socialiste a présenté jeudi son programme qui doit, espère-t-elle, relancer sa campagne. 

Article rédigé par Margaux Duguet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
La candidate socialiste, Anne Hidalgo, lors d'un meeting à Perpignan, le 12 décembre 2021. (JC MILHET / HANS LUCAS / AFP)

Sa campagne est en panne. Depuis qu'elle a fait acte de candidature à la présidentielle en octobre, Anne Hidalgo peine à décoller dans les sondages. La maire de Paris stagne autour des 5% et inquiète les socialistes. Sa proposition d'organiser une primaire à gauche n'a pas convaincu puisque Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot l'ont refusée à plusieurs reprises. Face à cette fin de non-recevoir, qualifiée en interne d'"incompréhensible" et de "conservatrice", la candidate socialiste a décidé de tracer sa route et répète à l'envi qu'elle "ira jusqu'au bout".

Après une interview sur France Inter jeudi 13 décembre, Anne Hidalgo a dévoilé son programme lors d'une conférence de presse. Avec ses 70 propositions pour "réunir la France", l'élue parisienne espère relancer sa campagne et créer, enfin, une dynamique. Franceinfo récapitule les principales promesses d'Anne Hidalgo.

Augmenter les salaires et mettre fin aux trop grands écarts de rémunération

C'est sa première proposition. "Dès mon arrivée au pouvoir, j'augmenterai le smic de 15% (ce qui correspond à 200 euros nets de plus par mois)", écrit la candidate socialiste. Cette dernière promet d'organiser "une conférence sur les salaires avec les organisations patronales et syndicales" afin d'engager des négociations salariales dans les entreprises pour que "l'augmentation des salaires", qualifiée de "priorité absolue", "favorise le plus grand nombre".

Anne Hidalgo entend aussi s'attaquer "aux écarts indécents de rémunérations" et propose "de limiter à 1 à 20 l'écart maximal entre la rémunération la plus basse et la plus haute dans les entreprises". Elle assure encore qu'elle abrogera la réforme "injuste" de l'assurance-chômage et qu'elle confiera "aux partenaires sociaux le soin de négocier une assurance-chômage universelle". Quant à l'âge légal de départ à la retraite, "il sera plafonné aux 62 ans actuels". La candidate s'engage aussi à revaloriser les petites retraites, "en portant les montants nets du minimum vieillesse à 1 000 euros".

Enfin, Anne Hidalgo veut créer "'un minium jeunesse' qui sera ouvert aux jeunes de plus de 18 ans, sous condition de ressources" et accorder une "dotation en capital de 5 000 euros" à chaque nouveau majeur "pour lui permettre de financer ses projets professionnels et personnels".

Créer un fonds pour la réindustrialisation et un "bouclier" logement

La candidate socialiste propose de créer "un fonds pour la réindustrialisation et l'emploi local doté de 3 milliards d'euros" ainsi qu'"un livret de développement industriel par l'écologie afin de flécher l'épargne des Français vers les projets industriels créateurs d'emplois et décarbonant notre économie". Pour réindustrialiser la France, Anne Hidalgo veut "un effort national" autour de "quatre grandes odyssées" : la santé, l'énergie, la mobilité et le numérique.

Sur le plan du logement, elle souhaite l'instauration d'un "bouclier" qui, "par une allocation logement complémentaire sous conditions de revenu, permettra de ne pas dépenser plus du tiers de ses revenus pour se loger", écrit Libération.

Nommer un ministre du Climat et instaurer un ISF climatique

Sur le volet écologique, Anne Hidalgo assure que la "justice climatique guidera" son action. Elle propose d'inscrire dans la Constitution "la protection des biens communs, de la biodiversité, le principe de non-régression dans la protection de l'environnement et l'obligation de lutter contre le réchauffement climatique et la dégradation de la biodiversité". La candidate veut créer également un "Défenseur de l'environnement" sur le modèle du Défenseur des droits. Elle entend aussi nommer "comme numéro deux du gouvernement un ministre du Climat, de la Biodiversité et de l'Economie" et créer "un Impôt de solidarité sur la fortune climatique et biodiversité". "Les placements liés aux énergies fossiles seront" ainsi "surtaxés".

En matière de transports, la candidate inscrit à son programme son intention de rendre accessibles aux particuliers des véhicules électriques "pour un coût mensuel inférieur aux frais d'un véhicule à essence", ainsi que le "déploiement d'un million de bornes électriques supplémentaires", en parallèle d'un "investissement pour le retour des petites lignes, des trains de nuit et du fret ferroviaire".

Du côté énergétique, Anne Hidalgo propose de parvenir à "100% d'énergies renouvelables, aussi rapidement qu'il sera possible de le faire" et assure qu'il "n'y aura pas de construction de nouveaux EPR ou de petits réacteurs nucléaires". Auprès de Libération, le député Boris Vallaud, en charge du projet du parti socialiste, précise que la sortie du nucléaire est fixée à l'"horizon 2050". La maire de Paris souhaite aussi des "logements bas carbone" grâce à "la prime climat" qui "permettra la rénovation complète de 760 000 logements privés par an".

Instaurer le droit de vote à 16 ans, reconnaître le vote blanc et inverser le calendrier électoral

Concernant le volet institutionnel, Anne Hidalgo veut faire "du référendum un mode normal de participation" avec l'abaissement "des seuils pour le référendum d'initiative partagée (RIP) à un million de signatures" et "la création d'un référendum d'initiative citoyenne (RIC)". Pour ce faire, "une conférence départementale de la participation sera créée dans chaque département pour mettre en œuvre ces possibilités dans l'exercice des mandats locaux".

La candidate souhaite aussi instaurer "le droit de vote à 16 ans", "le droit de vote des étrangers aux élections locales" et la prise en compte du vote blanc. Anne Hidalgo veut "revenir à la conception originelle de la Ve République" et assure, par exemple, que "le recours aux ordonnances sera strictement limité et le gouvernement ne pourra plus engager sa responsabilité pour forcer l'adoption d'un texte", via l'article 49.3 notamment. La socialiste défend par ailleurs une inversion du calendrier électoral, avec des législatives organisées avant l'élection présidentielle. Elle veut aussi un mode de scrutin mixte où une partie des députés serait élue à la proportionnelle.

Mieux rémunérer les enseignants et supprimer Parcoursup

C'était une proposition qui avait fait couler beaucoup d'encre mais qui ne se retrouve pas dans son programme. Anne Hidalgo ne veut plus "doubler le salaire des enseignants" comme elle l'avait évoqué en septembre mais porter leur rémunération "progressivement au niveau de celui des cadres, en commençant par les débuts de carrière". La candidate du PS souhaite aussi que "la lutte contre le harcèlement scolaire" soit "un sujet de grande mobilisation du quinquennat", en exigeant que chaque cas de harcèlement donne lieu "à une réponse de l'institution".

Autre proposition importante : supprimer Parcoursup. Elle ne dit cependant pas par quoi elle entend remplacer l'accès à l'enseignement supérieur, si ce n'est "par des règles transparentes, justes et humaines, préalablement validées par les autorités de tutelle".

Augmenter le nombre de médecins pour lutter contre les déserts médicaux

Le volet santé s'annonce comme un autre marqueur fort de la campagne d'Anne Hidalgo. Pour lutter contre les déserts médicaux, la maire de Paris veut accroître les capacités d'accueil des facultés de médecine afin de former jusqu'à "15 000 nouveaux médecins par an" mais aussi  1 250 sages-femmes, 25 000 infirmiers et aides-soignants, 5 000 logisticiens, techniciens et agents hospitaliers. Elle entend aussi inscrire à la fin du parcours des internes "une année de professionnalisation comme médecin-assistant dans les déserts médicaux".

Anne Hidalgo assure aussi qu'elle mettra en œuvre "un grand plan de prévention et de prise en charge des maladies chroniques qui affectent le plus notre population". La santé mentale sera également "une grande cause" de son quinquennat tandis que "le burn-out sera reconnu comme une maladie professionnelle".

Concernant la légalisation du cannabis, la candidate promet seulement l'organisation d'une "conférence de consensus" pour "construire un consensus sur ce sujet crucial".

Créer un ministère des Droits des femmes et donner des moyens supplémentaires à la justice

Pour lutter contre les violences faites aux femmes, Anne Hidalgo assure qu'elle rétablira "un ministère des Droits des femmes de plein exercice" qui sera doté d'"un budget de 1 milliard d'euros". L'édile veut s'inspirer du modèle espagnol sur la question "qui dispose de la législation reconnue comme la plus efficace en Europe". Concernant le volet justice, Anne Hidalgo promet l'adoption d'une loi de programmation quinquennale adoptée en début de mandat "afin de lancer un plan de recrutement de magistrats et de greffiers".

Afin de lutter contre les discriminations, Anne Hidalgo propose aussi de créer "un observatoire de lutte contre les discriminations" tandis qu'"un plan quinquennal de lutte contre le racisme et l'antisémitisme sera lancé et piloté par la Dilcrah (délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT)".

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