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Primaire populaire : "Si des candidats qui ne la reconnaissent pas finissent très mal classés, ça créera une situation chaotique à gauche", analyse Bruno Cautrès

Selon le politologue, cette initiative est très contemporaine mais "a du mal à coexister avec le système des partis". Il prédit une situation plus complexe après les résultats qu'avant, et ce quel que soit le verdict.

Article rédigé par franceinfo
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Le site de la Primaire populaire, initiative citoyenne qui a réuni 467 000 inscrits pour une candidature unique à gauche. (CIDJY PIERRE / HANS LUCAS via AFP)

"Si des candidats qui ne reconnaissent pas la primaire populaire finissent très mal classés ce soir, ça créera une situation extrêmement chaotique à gauche", analyse ce dimanche sur franceinfo le politologue Bruno Cautrès. La gauche est suspendue dimanche au verdict de cette primaire populaire. 467 000 inscrits ont commencé à voter en ligne depuis jeudi, ils ont jusqu'à 17h ce dimanche pour se prononcer. Le résultat devrait être connu à partir de 19h00.

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franceinfo : Les candidats qui vont sortir de ce vote vont-ils refuser le résultat ? On ne voit pas bien comment cela va se passer puisque certains d'entre eux refusent d'avoir été inscrits d'office à la primaire populaire...

Bruno Cautrès : Effectivement, ce qui va être beaucoup plus compliqué, c'est si des candidats qui n'entendent pas du tout reconnaître cette primaire populaire ni se retirer la compétition présidentielle finissent très mal classés ce soir. Cela va créer une situation qui serait une situation extrêmement chaotique à gauche. Même ceux qui refusent a priori le résultat gardent quand même un œil sur cette primaire avec l'espoir d'être élu. S'ils le sont, ils utiliseront cet argument, bien sûr. Imaginons que Jean-Luc Mélenchon soit en tête avec Yannick Jadot et Anne Hidalgo, par exemple. On serait quand même extrêmement étonnés ce soir qu'ils rejettent complètement ce résultat et qu'ils disent "non je ne veux pas de ces soutiens". Ils le prendraient évidemment comme un encouragement à leur candidature.

Et si c'est Christiane Taubira qui remporte le scrutin ? Est-ce que ça pourrait renforcer encore les divisions avec les autres candidats, selon vous ?

Ça accentuerait forcément une situation de tension puisque les autres candidats ont clairement manifesté leur intérêt et leur intention de continuer à rester candidats, même s'ils n'étaient pas en tête ce soir de la primaire populaire. Donc ça créera effectivement, aux yeux des électeurs de gauche, une situation assez difficile à lire et assez chaotique au plan politique. On peut s'attendre dans les heures qui arrivent à voir la situation à gauche devenir de plus en plus complexe.

Finalement, est-ce que vous diriez que ce processus est encore crédible ou pas?

Il y a deux aspects. D'abord, une demande de renouvellement démocratique, de ressourcer, de renouveler les procédures. Et c'est vrai que de ce point de vue-là, des initiatives citoyennes de cette nature vont plutôt dans une direction qui est très contemporaine, qu'on voit dans d'autres pays où on voit un essoufflement des systèmes partisans. Mais on voit qu'en même temps, cette initiative a du mal à prendre sa place et à coexister avec le système des partis. Les partis politiques restent des acteurs tout à fait essentiels dans la sélection des candidats, tant pour la production d'idées que pour la formalisation de propositions au moment des élections.

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