Présidentielle : Le Pen accusée d'avoir qualifié Fillon de "merde", le FN invoque une erreur de traduction
Contacté par franceinfo, le journaliste du "Corriere della sera", auteur de l'interview, maintient pourtant sa version.
La rencontre s'est déroulée dans le village d'Ennemain (Somme), jeudi 4 mai, en marge du déplacement de Marine Le Pen, qui y tenait un meeting à la veille de la fin de la campagne présidentielle. Selon le récit du Corriere della sera (en italien), la candidate du FN se confie, verre de champagne à la main, au journaliste Aldo Cazzullo, intervieweur italien renommé.
Après avoir multiplié les attaques contre son rival Emmanuel Macron, qualifié de "froid, rigide, cynique" et même "arrogant et mal éduqué", elle réagit, à la demande du journaliste, aux propos de François Fillon, qui a rapidement dénoncé la "violence" et l'"intolérance" du FN, après sa défaite au premier tour. Le journal raconte la suite : "Marine Le Pen soupire. Elle cherche une expression, un argument, puis explose : 'Parce que ce sont des merdes. Je m'excuse, mais je n'ai pas d'autre mot'." Ce coup de sang, qui survient pourtant au cœur d'un long entretien, a rapidement été repris par la presse française.
“Io, mio padre, il Papa”, Le Pen si racconta «Macron? Uomo arrogante. E oscuro» https://t.co/yaIpHLEq64 pic.twitter.com/9ul9ecZQAA
— Corriere della Sera (@Corriere) 5 mai 2017
Contacté par franceinfo, le vice-président du FN Florian Philippot dément ces propos. "Marine Le Pen a parlé de trahison", assure-t-il, dénonçant une "triste manipulation de fin de campagne" et menaçant de poursuites ceux qui reproduiront les propos du Corriere.
Le journaliste maintient sa version
Une ligne de défense également adoptée par un autre cadre du FN, David Rachline. Le sénateur-maire FN de Fréjus (Var) a écrit sur Twitter que le journaliste italien "avait mal compris et retranscrit les propos en cause". Une remarque étonnante, puisqu'Aldo Cazzullo soutient justement le contraire à franceinfo.
Je confirme ce que j'ai écrit, c'était 'merdes' au pluriel, mais Marine Le Pen pensait sûrement à François Fillon, et en aucun cas à ses électeurs, à son parti ou à son entourage.
Aldo Cazzulloà franceinfo
Frédéric Chatillon, membre de la campagne de Marine Le Pen, invoque quant à lui une erreur de traduction : "Marine a dit : 'Fillon a appelé à voter Macron car il est dans la merde'", tout en insistant sur le caractère informel de la discussion. "Ce n'était pas un face-à-face posé et réfléchi, confirme Aldo Cazzullo. C'était davantage une conversation libre. Mais moi, naturellement, j'écris." L'échange n'a pas été enregistré, mais le journaliste réaffirme les propos de Marine Le Pen, sans vouloir "entrer dans la polémique française" et sans chercher "à jouer un rôle" dans cette fin de campagne.
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