Présidentielle : la presse étrangère s'étonne de la violence du débat Macron-Le Pen
Hors de nos frontières, les grands médias ont estimé que ce débat rompait avec la tradition de l'argumentation à la française.
Emmanuel Macron et Marine Le Pen en sont "presque arrivés aux mains". Cette phrase, tirée d'un article du quotidien italien La Repubblica, résume bien les impressions de la presse internationale au lendemain du débat qui a opposé les deux candidats à l'élection présidentielle. Jeudi 4 mai, les grands médias du monde entier pointent unanimement des échanges particulièrement violents. Revue de presse.
Un duel à l'américaine
Le presse américaine confie une impression de déjà-vu. Invectives, attaques personnelles, agressivité, insultes : cette "rixe à l'américaine", selon le Washington Post, rappelle les échanges violents des trois débats de la campagne présidentielle outre-Atlantique. "Malgré les enjeux, ce débat a rarement atteint la hauteur et la qualité rhétorique qui caractérise d'habitude en France la parole politique. Ce débat ressemblait aux échanges entre Hillary Clinton et Donald Trump", estime le quotidien. Jusqu'en Espagne, on compare la candidate d'extrême droite au milliardaire devenu président. El Pais estime ainsi que "Le Pen a proposé un style de voyou, plus proche de celui de son père – ou du candidat Donald Trump (...)".
Beaucoup voient dans cette américanisation du débat une rupture par rapport à une certaine façon de débattre à la française et évoquent, comme le New York Times, "une empoignade dans le style de la télévision américaine [davantage] qu’une discussion raisonnée telle que les Français en ont pris l’habitude". Ainsi, l'Espagnol El Mundo craint carrément pour la tradition du débat : "Cette vieille cérémonie républicaine, où le respect et l'intelligence des deux candidats sont censés s'exprimer, a peut-être été avilie pour toujours."
Un festival d'insultes
Toujours sur la forme, la presse étrangère insiste sur l'agressivité dont les candidats ont fait preuve, listant les attaques. Après s'être penché sur le registre utilisé par Marine Le Pen ("vous êtes à genoux", "soumis"), le site américain Politico évoque même des "insultes rabelaisiennes" – sur Twitter, un journaliste du New York Times préfère l'adjectif "houellebecquien", a repéré Buzzfeed.
A l'instar de l'Allemand Allgemeine Zeitung, qui parle d'une "agressivité sans précédent", les médias étrangers insistent sur les passes d'armes entre candidats. "Pugilat", pour le quotidien belge Le Soir, qui juge le débat "brouillon et violent". "Eprouvant", pour le Britannique The Guardian, qui relève des "insultes personnelles et venimeuses". "Hautement agressif" pour The Telegraph ou un festival d'"insultes" pour l'Italien La Stampa. Pour El Mundo, à Madrid, "jamais deux candidats à la présidentielle en France n'avaient débattu de façon aussi violente et surtout aussi confuse".
Pourtant, même dans le combat, chacun son style : pour El Pais, ce débat a opposé "l’escrime" d'Emmanuel Macron à "la lucha libre" [le catch mexicain] de Marine Le Pen, "le fleuret contre le marteau", "les arguments et l’émotion".
Un affrontement sans vainqueur
Si, comme le relève The New York Times, rarement débat n'a autant permis de renvoyer dos à dos "deux visions radicalement différentes de la France", la presse étrangère peine à désigner un vainqueur.
Pour Le Temps, Marine Le Pen a "imposé son rythme" tandis qu'Emmanuel Macron, "piégé par ses formules de technocrate", "n'a pas réussi à imposer son discours pédagogique. (...) Même le passage sur l'euro, durant lequel son adversaire a multiplié les approximations et les mensonges en prétendant pouvoir gérer tranquillement un retour au franc, ne lui a pas permis d'asséner le coup fatal", estime le quotidien suisse.
A l'inverse, El Mundo attribue la victoire à Emmanuel Macron : "Usant parfois d'un ton professoral dérangeant, [il] en a appelé à la rationalité des téléspectateurs et a nettement remporté [ce] débat", estime le quotidien espagnol, avant de relativiser : le débat a "rabaissé les deux opposants" en donnant à voir "un spectacle embarrassant".
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