Présidentielle 2022 : les enseignants peinent à intéresser leurs élèves, qui "trouvent ça complexe"
À l'occasion de la campagne présidentielle, les professeurs tentent d'aborder l'actualité politique avec leurs élèves. Mais ceux-ci sont parfois perdus ou peu intéressés par la thématique.
Quelle place pour l'élection présidentielle dans les salles de classe ? À quatre jours du premier tour du scrutin, franceinfo a poussé la porte des établissements pour comprendre comment les professeurs abordent la question. L'école est évidemment un lieu au sein duquel on apprend ce qu'est une élection, quelles sont les institutions et comment se déroule le scrutin. Mais au collège et - encore plus - au lycée, les élèves rentrent parfois dans le contenu des programmes des candidats.
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L'élection est souvent traitée en cours d'histoire-géographie ou d'enseignement moral et civique (EMC). Cela suscite des interrogations sur des thématiques en particulier : "Comment sont faits les sondages ? N'est-ce pas une forme de manipulation de l'opinion ? Avec une abstention autour de 30%, le président élu sera-t-il vraiment celui des Français ? Pourquoi se déplacer si même un vote blanc n'est pas pris en compte ?", liste Véronique, qui enseigne à Nice.
Des élèves difficiles à intéresser
Cependant, les professeurs constatent globalement un intérêt assez réduit pour la présidentielle. "Ils en parlent mais je remarque que la guerre en Ukraine les préoccupe beaucoup plus", note Marie, enseignante dans un collège de Seine-Saint-Denis. Elle a eu plusieurs fois l'occasion d'aborder l'élection avec ses élèves.
"Par rapport aux autres campagnes, j'ai moins de questions que d'habitude. En 2017, il y avait beaucoup plus de questions et c'était plus dans leurs conversations que cette année."
Marie, enseignante dans un collège de Seine-Saint-Denisà franceinfo
Même au niveau lycée, il est parfois difficile de les intéresser à ces questions. "Ils trouvent ça complexe, disent qu'il y a beaucoup de candidats et ne sont pas forcément intéressés par les programmes", observe Lidwine, enseignante à Paris. Ils ont parfois l'impression qu'on ne va pas répondre à leurs attentes et, surtout, de ne pas être assez informés."
De fausses élections pour susciter la curiosité
C'est pour cela que Lidwine et ses collègues d'histoire-géographie ont lancé en février une élection pour les élèves de Terminale. Chacun a dû présenter le programme d'un candidat tiré au sort, avant de voter, comme dans la vraie vie. Une fois impliqués, les jeunes se sont enthousiasmés pour la chose politique, avec des débats parfois marqués. "Que ce soit l'extrême gauche ou l'extrême droite, on en parle et il y a des débats, ce qu'il n'y avait pas avant. C'est intéressant mais ils demandent à être préparés pour pouvoir parler de quelque chose qu'ils peuvent comprendre."
Dans la Drôme, Manon a organisé la même chose au sein de sa classe. Objectif : aider les élèves à différencier les candidats. Avant cela, ils étaient plus préoccupés par leur orientation ou le baccalauréat. "C'est lié au fait que c'est aussi de moins en moins au cœur des préoccupations de leurs parents, estime l'enseignante. Quand on parle politique, on sent que le répondant n'est pas toujours là au début et qu'il faut un peu insister pour qu'ils rentrent dans le sujet et s'y intéressent vraiment."
Ce travail sur les programmes a permis de donner des clés à ces élèves de Terminale. Pour certains, elles seront utilisées dimanche, pour la première fois de leur vie de citoyens.
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