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Présidentielle 2022 : à quelques jours du premier tour, Jean-Luc Mélenchon et ses hologrammes tentent de convaincre "la France qui se cherche"

Présent mardi soir pour son dernier meeting de campagne à Lille, et en hologramme dans onze autres villes, le candidat de La France insoumise a longuement attaqué Marine Le Pen et appelé à la mobilisation. Franceinfo était à Trappes, dans les Yvelines. 

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Jean-Luc Mélenchon à Lille (Nord), le 5 avril 2022, lors de son meeting retransmis par hologramme dans onze autre villes. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Dernière ligne droite. "Dimanche prochain, il va se passer un truc extraordinaire", a prédit l'humoriste Bruno Gaccio en première partie du meeting hologramme de Jean-Luc Mélenchon, à Trappes (Yvelines). A cinq jours du premier tour de l'élection présidentielle, mardi 5 avril, le candidat de La France insoumise a lancé ses dernières forces dans la bataille, avec l'espoir de se glisser dans le "trou de souris" qui lui permettrait de se qualifier pour le second tour.

Pour faire mentir les récents sondages, le leader "insoumis" a choisi pour son dernier meeting de campagne de se démultiplier avec des hologrammes, comme il y a cinq ans, afin de se transporter aux quatre coins de la France. Physiquement à Lille, le député LFI était aussi dans onze autres villes (Le Havre, Albertville, Besançon, Metz, Montluçon, Narbonne, Nice, Pau, Poitiers, Trappes et Vannes) afin de couvrir l'ensemble de l'Hexagone. L'objectif était d'avoir "un meeting à moins de 250 kilomètres de chaque Français", explique Bastien Lachaud, responsable des événements de la campagne Mélenchon.

"Si les abstentionnistes ne se mobilisent pas..."

A Trappes, ville où l'abstention est montée jusqu'à plus de 29% au premier tour en 2017, soit sept points de plus que la moyenne nationale, il s'agissait notamment de galvaniser les troupes. Dans la stratégie de LFI, le meeting hologrammes représente le dernier étage de la fusée qui doit permettre de propulser le candidat au second tour. "Notre idée, c'est de tout faire pour installer l'idée que Mélenchon est le candidat de gauche qui peut être au second tour", expliquait déjà un cadre de la campagne en février.

Le grand raout technologique avait donc pour fonction d'aller chercher les derniers électeurs manquants pour créer la surprise le 10 avril. "Si les abstentionnistes ne se mobilisent pas, on ne sera pas au second tour", répètent les cadres du camp Mélenchon. Dans les derniers jours, "vous allez continuer à vous mobiliser, à parler dans les entreprises, dans la rue, dans vos familles", a invité la députée LFI Clémentine Autain en s'adressant aux militants réunis à Trappes. "Vous allez aider la France à se débarrasser de l'extrême droite dès le premier tour", a poursuivi le maire de la ville, Ali Rabeh, un proche de Benoît Hamon. 

"A quoi ça servirait de mettre Marine Le Pen au pouvoir ?"

"La France qui se cherche, le peuple qui tâtonne, regarde vers nous et se dit : 'Voilà la France, voilà celle que nous voulons'", a ensuite lancé l'hologramme de Jean-Luc Mélenchon peu de temps après son apparition. Pour rattraper son retard dans les sondages, le candidat s'est d'abord adressé "aux fâchés qui ne sont pas fachos", selon sa formule habituelle. 

Il a passé un long moment à dénoncer le programme de Marine Le Pen, rappelant notamment ses différences sur ses propositions en matière de pouvoir d'achat. "A la fin, à quoi ça servirait de mettre Marine Le Pen au pouvoir ? Ce qu'elle propose est plein de mépris de classe. Je propose le blocage des prix. Elle est contre", a lancé le candidat. Il a également fustigé l'absentéisme de la candidate RN au Parlement européen et s'est moqué de "la dame qui aime les chats" lorsqu'elle propose la reconnaissance constitutionnelle du statut juridique des animaux, rappelant qu'un statut juridique a déjà été instauré en 2015.

"Je n'ai pas de chat, je n'ai qu'un cactus, mais ça m'a saoulé. La voilà qui est d'un coup repeinte en animaliste, alors que c'est le programme de l'Avenir en commun [celui du candidat LFI] qui est animaliste."

Jean-Luc Mélenchon

lors d'un meeting

Il a ensuite passé en revue les principaux thèmes de son programme, promettant la fin des Ehpad à but lucratif, évoquant la "révolution féministe" ou affichant encore sa volonté de "relocaliser tout ce qu'on peut". Le candidat "insoumis" a appelé en fin de discours à la mobilisation : "On a encore trois jours." Il s'est adressé aux électeurs de gauche, quelle que soit leur sensibilité, en leur demandant de se réunir derrière son bulletin. "On a encore trois jours et je vous demande d'être soigneux et soigneuses de ceux qui réfléchissent, a-t-il demandé à ses militants. Faites leur sentir avec délicatesse que tout le monde est responsable individuellement, personnellement, du résultat qui va advenir."

"J'y crois, au second tour"

Le tribun a tenu à donner de l'espoir à ses troupes, donnant même rendez-vous "sans doute au stade Charléty", à Paris, lors de l'entre-deux-tours, en cas de qualification. Dans la salle, les sympathisants mélenchonistes commencent à y croire. "Je ressors galvanisée, ça va être difficile mais on a une bonne dynamique", confie Rita. "J'ai été touché, ça apporte de l'espoir, notamment pour l'écologie et la jeunesse", ajoute Balthazar. "Les militants des autres partis de gauche commencent à nous rejoindre, se félicite Christian. Ils ont compris que le vote de premier tour utile, c'est Mélenchon. Après Chirac en 2002, Macron en 2017, ils en ont marre de se faire avoir." Derrière son masque, Marie est un exemple de ce processus de ralliements.

"Je me sens plus proche de Poutou ou d'Arthaud, mais comme Mélenchon peut être au second tour si on regarde les marges d'erreur, je vais voter pour lui."

Marie, militante de gauche

à franceinfo

Lors de son meeting, Jean-Luc Mélenchon ne s'est pas adressé directement aux abstentionnistes, mais a demandé à ses militants de faire le travail dans les derniers jours. "Les abstentionnistes des quartiers populaires, ils ne regardent pas le meeting mais l'enjeu maintenant, c'est de mobiliser sur le terrain", explique Mornia Labssi, membre du parlement de l'Union populaire, le mouvement créé par LFI pour réunir des soutiens venus de tous horizons et porter la candidature Mélenchon.

Eléonore a entendu le message. "Pour ceux qui ne croient plus aux élections dans mon entourage, c'est plus dur. Mais pour ceux qui s'abstiennent par paresse, qui se disent que c'est fichu, c'est possible." Elle compte bien sensibiliser son entourage jusqu'à la dernière heure, notamment sur "l'urgence écologique" : "Car pour nos enfants, il faut réussir à leur proposer autre chose pour le futur que la guerre civile."

"J'y crois, au second tour", s'enthousiasme aussi Dominique, un ancien "gilet jaune" qui a emmené au meeting sa fille encore indécise. "Il a de la conviction, il sait parler aux gens. Je pense que les sondages se trompent et qu'il y aura du monde dans les bureaux de vote." En revanche, en cas de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, il n'hésiterait pas une seconde. "Je vote Le Pen direct, car j'ai mangé du Macron pendant cinq ans et j'en ai assez."

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