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Mais que fait Jacques Cheminade entre deux élections présidentielles ?

Le leader de Solidarité et Progrès, parti qu'il a créé en 1996, se lance pour la sixième fois dans une campagne présidentielle.

Article rédigé par Simon Gourmellet
France Télévisions
Publié
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Jacques Cheminade, le 3 avril 2012 à Fessenheim (Haut-Rhin).  (FREDERICK FLORIN / AFP)

Et revoilà Jacques Cheminade. Le président de Solidarité et Progrès, qui avait recueilli 0,25% des voix au premier tour de la dernière élection présidentielle, a annoncé, lundi 4 avril, qu'il se relançait dans la course à l'Elysée, en officialisant sur France 2 sa candidature pour 2017. C'est la sixième fois qu'il tente le coup depuis 1981. Mais il n'a réussi à franchir l'écueil des 500 parrainages pour atteindre le premier tour qu'en 1995 et en 2012.

La dernière apparition médiatique de Jacques Cheminade date justement de 2012. Le 7 décembre de cette année-là, il rencontre François Hollande à l'Elysée dans le cadre d'une consultation sur les propositions de la commission Jospin "pour un renouveau démocratique". Sur le perron, seuls quelques journalistes tendent leurs micros pour recueillir ses réactions. Depuis, celui qui se présente comme la seule alternative "contre le sérail politique qui a pactisé avec l'empire de l'argent" est retombé dans l'anonymat, comme à chaque fois. Ou presque. Oublié des médias, qu'a donc bien pu faire Jacques Cheminade ces quatre dernières années ? 

Jacques Cheminade sur le perron de l'Elysée, le 7 décembre 2012.  (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Premier indice sur son site officiel. Dans la rubrique "combat contre l'occupation financière", on découvre une frise retraçant les prises de position et les temps forts de l'agenda de ce candidat inclassable. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas surchargé, avec sept événements depuis 2012, comme un appel à la démission de Laurent Fabius en septembre 2013 ou une invitation à boycotter les élections européennes de 2014.

Editos et rencontres avec les militants

Mais "tout n'est pas inscrit et complété", précise un membre de l'équipe de Jacques Cheminade à francetv info. "Il divise son temps en trois activités majeures, détaille Karel Vereycken, son porte-parole. La première étant l'écriture d'éditoriaux." Publiés dans les colonnes de Nouvelle Solidarité, le journal du parti, c'est là que le candidat mûrit ses idées et les diffuse. En 2012, en plus de son livre-programme Un monde sans la City ni Wall Street, il avait compilé ses textes écrits depuis 1995 dans Mon combat contre le féodalisme financier

Le reste de son temps, le doyen des candidats à l'élection présidentielle (74 ans) le consacre "aux rencontres avec ses militants". Ils seraient plusieurs centaines, selon le porte-parole du candidat. Cinq cents en France, si l'on en croit le site du parti"C'est modeste, mais c'est réel", reconnaît Karel Vereycken, avant de préciser que le parti touche près de 3 000 personnes, qui viennent régulièrement consulter les articles mis en ligne sur le site. A Lyon, "il vient en moyenne deux à trois fois par an, pour des ateliers ou simplement des discussions sous forme de questions-réponses", explique un militant sur place. Pas de meetings, en tout cas : "C'est difficile financièrement", surtout depuis l'invalidation de ses comptes de campagne pour la présidentielle de 1995. Jacques Cheminade a trouvé une solution plus économique : il anime chaque mois une émission en forme de débat sur son site. 

Le président du parti s'est aussi déplacé pour soutenir les rares candidats alignés lors des départementales et des municipales de 2014. A Rennes et Lyon notamment, où Solidarité et Progrès est parvenu à présenter des listes. On l'a également vu au Salon de l'agriculture en 2016

Conférences et exposés sur l'œuvre de Schiller

Sur le fond, Jacques Cheminade n'a pas abandonné ses théories économiques inspirées de Lyndon LaRouche, un homme politique et essayiste américain très controversé et connu pour ses "prises de position complotistes, homophobes, climatosceptiques et réactionnaires", selon Libération. Avec toujours le même ennemi : "l'oligarchie financière". Un cheval de bataille qui lui permet d'être invité régulièrement à des conférences et des débats, comme en septembre 2014 à la Grenoble School of Management. Des rendez-vous qu'il honore "une fois par mois ou une fois toutes les six semaines", précise l'entourage du candidat. 

Ses passions ? La politique, forcément, les sciences (et la conquête de l'espace, notamment de Mars), mais aussi les arts."Comme Victor Hugo ou Jean Jaurès, ses modèles", précise son porte-parole. Jacques Cheminade est ainsi un spécialiste de Friedrich von Schiller et de l'une des œuvres majeures de ce poète allemand du XVIIIe siècle, Marie Stuart.

Et maintenant ? On sait désormais ce qui va l'occuper dans les prochains mois : contacter et rencontrer les élus pour récupérer les précieux parrainages qui lui ont permis d'atteindre le premier tour en 1995 et 2012. La machine est en marche. "On a déjà des signatures, prévient un militant, mais vous ne saurez pas combien."  

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