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La nomination d'Edouard Philippe à Matignon sème le trouble, à gauche comme à droite

De la gauche radicale à l'extrême droite, l'arrivée à Matignon du député-maire LR du Havre suscite des sentiments contradictoires. Et, bien qu'ils soient dans le même camp, les politiques peuvent avoir des avis divergents.

Article rédigé par franceinfo
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Edouard Philippe, lors de la passation de pouvoir à Matignon, à Paris, le 15 mai 2017. (CHARLES PLATIAU / REUTERS)

La nomination d'Edouard Philippe suscite une pluie de réactions dans la classe politique française, toujours marquée par l'élimination historique des candidats de la droite et de la gauche socialiste dès le premier tour de la présidentielle. Le choix d'un Premier ministre issu des rangs des Républicains suscite espoir et déception dans les deux camps. A l'image du chamboule-tout créé par l'élection d'Emmanuel Macron. Voici un florilège de réactions. 

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A droite et satisfaits

Alain Juppé, dont Edouard Philippe a été le porte-parole pendant la primaire de la droite, a réagi rapidement après l'annonce de la nomination du Premier ministre. Le maire de Bordeaux a salué "un ami" et "un homme de grand talent". "C'est un maire apprécié par la population de sa ville. (...) C'est aussi un député qui connaît parfaitement les rouages de l'activité parlementaire. Il a donc, je crois, toutes les qualités pour assumer la fonction difficile que le président de la République vient de lui confier", a déclaré Alain Juppé. L'ancien Premier ministre a toutefois souligné qu'il soutiendrait les candidats investis par Les Républicains et l'UDI pour les législatives. 

Bruno Le Maire, candidat malheureux à la primaire de la droite, qui réclamait "un geste" à Emmanuel Macron en nommant un Premier ministre de droite, a logiquement tweeté sa satisfaction. 

Franck Riester, député Les Républicains de Seine-et-Marne, a lui aussi rendu hommage à un ami dont il a vanté les mérites. 

Thierry Solère, lui aussi proche du Premier ministre, député LR des Hauts-de-Seine, a également souligné les qualités d'Edouard Philippe.

Nathalie Kosciusko-Morizet, députée LR, a salué la nomination du Premier ministre, précisant s'inscrire dans un "esprit républicain"

A droite et mécontents

Bernard Accoyer, secrétaire général des Républicains, a "pris acte" de la nomination d'Edouard Philippe à Matignon, y voyant "une décision individuelle" et non pas "un accord politique".

Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, s'étonne du choix du Premier ministre en vue des élections législatives. "Qu'Edouard Philippe ait accepté d'être nommé à Matignon est une curiosité, écrit-il dans un communiqué. C'est la première fois qu'un chef de gouvernement accepte de devenir le chef d'une bataille législative avec des centaines de candidats qu'il n'a pas choisis et d'être responsable d'un projet politique qu'il n'a jamais défendu."

Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, a "regretté" le choix d'Edouard Philippe qui "troque ses convictions"

Nadine Morano, députée européenne, s'est fendue de deux tweets dans lesquels elle a fustigé Edouard Philippe et la primaire de la droite. 

Bruno Retailleau, sénateur LR et proche de François Fillon, met en garde son camp dans un communiqué : "Il s'agit plus de brouiller les cartes et de gêner l'opposition que de rassembler. Il s'agit d'affaiblir la droite avant les élections législatives. Il s'agit de déstabiliser les électeurs. Cette stratégie est dangereuse car les extrêmes ne peuvent pas avoir le monopole de l'opposition."

David Lisnard, maire LR de Cannes, dénonce sur franceinfo une forme de "débauchage". "Cette nomination est une manœuvre pour faire un coup politicien. (...) Dans l’intérêt de la démocratie, il ne faut pas laisser créer un pôle politique autour d’Emmanuel Macron et laisser l’opposition aux extrêmes, de gauche comme de droite", explique-t-il. 

Daniel Fasquelle, député LR du Pas-de-Calais, estime qu'Edouard Philippe va désormais soutenir les candidats d'En marche ! pour les législatives. 

A gauche et satisfaits

Matthias Fekl, ministre de l'Intérieur du gouvernement de Bernard Cazeneuve, a souhaité "bonne chance" au Premier ministre "par-delà nos différences politiques"

Didier Guillaume, président du groupe PS au Sénat et soutien d'Emmanuel Macron, a salué "celui qui peut rassembler les progressistes de droite et de gauche". "Pourquoi je soutiens le président de la République et je soutiendrai ce gouvernement et la majorité présidentielle ? Parce que nous n'avons pas autre chose à faire. Il faut que ce pays s'en sorte, continue à se développer, et pour cela il faut qu'Emmanuel Macron et son gouvernement réussissent", a-t-il déclaré sur BFMTV.

A gauche et mécontents

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a lancé un appel en vue des législatives. 

Benoît Hamon, candidat socialiste à la présidentielle, estime que "la place de la gauche n’est ni dans son gouvernement ni dans la majorité qui pourrait le soutenir". "Qui peut croire que la gauche se reconstruira dans une coalition dirigée par un membre des Républicains ? Ce n’est ni sérieux ni crédible", écrit-il dans un communiqué.

Jean-Luc Mélenchon, leader de la France insoumise, considère, lui, que "la droite vient d'être annexée" par Emmanuel Macron. "Le nouveau président de la République vient de prendre le commandement de toute la classe politique traditionnelle de notre pays. Le vieux monde est de retour", a déclaré Jean-Luc Mélenchon, dans une courte allocution. Il a ajouté : "Une cohabitation est nécessaire."

Alexis Bachelay, député PS des Hauts-de-Seine et soutien de Benoît Hamon, félicite "le bras droit d'Alain Juppé", soulignant son appartenance à la droite. 

Razzy Hammadi, député socialiste de Seine-Saint-Denis, écrit dans un communiqué : "M. Philippe est un homme de droite, défendant des convictions, des votes et lors de la dernière présidentielle un projet de droite et j'ai bien peur que le camouflage du 'dépassement' laisse place à l'affirmation d'un gouvernement de la même couleur politique".

David Assouline, sénateur PS, regrette un Premier ministre "de droite ET de droite"

Au FN, la "confirmation de l'existence" de "l'UMPS"

Marine Le Pen, candidate du Front national défaite au second tour de la présidentielle, estime que la désignation d'Edouard Philippe à Matignon "confirme l'existence d'un système UMPS que l'on peut rebaptiser LREM [Les Républicains et En marche !]""C'est l'alliance sacrée des vieilles droite et gauche, unies dans leur volonté de se maintenir en place à tout prix et de poursuivre les mêmes politiques d'austérité, de soumission à Bruxelles, d'immigration massive et de laxisme qui ont pourtant déjà fortement abîmé la France", attaque Marine Le Pen.

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