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De 2002 à 2017, comment Jean-Luc Mélenchon a changé de vocabulaire face au Front national

Contre Jean-Marie Le Pen, il souhaitait "réduire le vote d'extrême droite au minimum". Désormais, le candidat de la France insoumise en appelle à "la conscience" de ses électeurs.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise, après son discours, au soir du premier tour de la présidentielle, le 23 avril 2017. (STEPHANE MAHE / REUTERS)

Il n'a toujours pas donné de consigne de vote, deux jours après le scrutin. Jean-Luc Mélenchon, arrivé en quatrième position du premier tour de la présidentielle, avec 19,58% des suffrages, préfère s'en remettre à ses soutiens, avant de s'exprimer sur le duel Macron-Le Pen au second tour. Le candidat de la France insoumise les a appelés, dimanche 23 avril, "à se prononcer sur la plateforme" Jlm2017.fr, avant de rendre le résultat public.

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En 2002, "réduire le vote d'extrême droite au minimum"

L'histoire se souvient d'un ton plus tranché, en avril 2002. Jean-Marie Le Pen se qualifie au second tour face au sortant Jacques Chirac. Jean-Luc Mélenchon, alors membre du Parti socialiste, prend position contre le FN, dans une tribune au Monde. "Tout atermoiement dans les rangs de gauche nous expose au minimum à une nouvelle avancée de l’extrême droite qui dégradera davantage le rapport de force social et politique de la gauche aux législatives", déclare-t-il.

Le vote d'extrême droite doit être réduit au minimum par nos propres forces.

Jean-Luc Mélenchon

dans "Le Monde"

Un message martelé, y compris face caméra. "Le 5 mai, il ne faut pas hésiter. Mettez des gants, des pinces, ce que vous voulez, mais votez !" insiste Jean-Luc Mélenchon, alors ministre de l’Enseignement professionnel.

En 2012, "ne pas sous-estimer le danger"

Dix ans plus tard, Jean-Luc Mélenchon se présente aux législatives dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, à Hénin-Beaumont, avec la ferme intention de battre Marine Le Pen sur ses terres. La frontiste l'emporte haut la main (42,36%), devant le socialiste Philippe Kemel. Arrivé troisième, Jean-Luc Mélenchon appelle à voter PS. Il appelle même le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et la première secrétaire du PS Martine Aubry à la rescousse.

Je regretterais que les responsables socialistes sous-estiment le danger

Jean-Luc Mélenchon

à l'AFP

En 2015, "se mêler le moins possible du débat sur le front républicain"

Le ton est moins dur, face au FN, en 2015, à l'occasion des élections départementales et régionales, relève Le Monde. Le Parti de gauche ne donne aucune consigne de vote pour le second tour des départementales, en mars. "La droite est menaçante, mais la seule responsabilité est du côté de l’Elysée et de Matignon", justifie Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche dans Le Figaro. De son côté, Jean-Luc Mélenchon demande à ses soutiens de "se mêler le moins possible du débat arrangé d’avance sur le front républicain, union des grenouilles et des moustiques pour se protéger du héron", raconte Libération.

Même scénario, en décembre 2015, lors des régionales : pas de consigne de vote. Dans une interview au Monde, il affirme, au sujet de la région Paca, que "si Monsieur Estrosi veut mériter des votes de gauche, c’est à lui de montrer qu’il est radicalement différent du FN et non pas identique comme beaucoup de gens le pensent dans nos rangs".

Plutôt la droite que le FN ? A condition qu’il y ait une différence ! Faire barrage à l’extrême droite sans aucune exigence ni engagement préalable sur les principes essentiels est un blanc-seing très dangereux.

Jean-Luc Mélenchon

dans "Le Monde"

En 2017, "chacun d'entre vous sait en conscience quel est son devoir"

Jean-Luc Mélenchon, donné battu dès les premières estimations au premier tour de l'élection présidentielle, indique d'abord qu'il préfère attendre "les résultats officiels" pour reconnaître la victoire des deux finalistes. Puis il prend la parole pour expliquer qu'il ne donnera pas de consigne de vote pour le second tour : "Chacun, chacune d'entre vous sait en conscience quel est son devoir. Dès lors, je m'y range."

Je n'ai reçu aucun mandat des 450 000 personnes qui ont décidé de présenter ma candidature, pour m'exprimer à leur place sur la suite.

Jean-Luc Mélenchon

au soir du premier tour

"Elles seront donc appelées à se prononcer sur la plateforme et le résultat de leur expression sera rendu public", poursuit le candidat de la France insoumise. Une position qui lui vaut de nombreuses critiques de la part des partisans du front républicain... et les félicitations de Jean-Marie Le Pen. 

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