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Pour être élu aux municipales, faites du judo

... et autres enseignements du premier tour des sportifs.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
La championne olympique de judo Marie-Claire Restoux prend la pose à Montmartre (Paris), le 22 juin 2005. (ERIC FEFERBERG / AFP)

"Je crois que bon, l'important, c'est de prendre les trois points en vue du match retour... pardon, du second tour. Au cours de cette campagne, on est restés bien en place, et le bloc équipe a parfaitement contenu l'adversaire, c'est pourquoi, avec ce score de 38,5% au premier tour, les colistiers ont demandé double prime au président dans les vestiaires..." Stooooooooooop ! Si beaucoup de sportifs étaient engagés lors des élections municipales, dimanche 23 mars, aucun n'a tenu un tel discours après le premier tour. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas tirer quelques enseignements sur leur présence dans le scrutin.

Pour être élu aux municipales, faites du judo

Les deux judokas de renom engagés ont fait un sans-faute. La liste sur laquelle figurait la championne olympique Marie-Claire Restoux, en 12e position chez les divers droite à Ville-d'Avray (Hauts-de-Seine), a recueilli 76,76% des voix. Les colistiers de David Larose, médaillé de bronze aux championnats d'Europe 2013, 7e sur la liste PS à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), font un peu moins bien, avec 51,42% des voix, mais se qualifient tout de même dès le premier tour.

Quand on a la poisse, on a la poisse

Quel est le point commun entre l'affaire du bus de Knysna, celle des quotas en équipe de France, et les municipales à Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) ? Fernand Duchaussoy ! Vice-président de la Fédération française de foot pendant la grève des joueurs en Afrique du Sud, devenu président de la Fédération au moment de la tempête médiatique après la diffusion d'enregistrements de réunions à la FFF, il enchaîne : il risque bien, à l'issue du second tour dimanche 30 mars, de figurer comme le candidat PS qui a perdu une ville bastion de la gauche.

"Des défaites, j’en ai connues, ça fait partie du jeu", résume Duchaussoy. Avec 18,5%, il échoue à des années-lumière du candidat UMP, qui rassemble 47,34% des voix. "C’est plus qu’une gamelle, c’est un pot-au-feu !", résume un habitant, cité dans La Voix du Nord

Gagner une élection sans se fatiguer, fastoche

Vous avez un poil dans la main, mais des convictions politiques ? Inscrivez-vous dans un comité de soutien, comme Rio Mavubamilieu de terrain du Losc, qui roule à Lille pour Martine Aubry, ou Japhet N'Doram, légende du FC Nantes, aux côtés de Johanna Rolland (PS). 

Si vous préférez figurer sur une liste, choisissez un poids lourd comme Alain Juppé, qui s'est attaché l'ancien demi de mêlée du XV de France Guy Accoceberry comme colistier. Un tour - Juppé a récolté plus de 60% des voix à Bordeaux -, c'est bien suffisant. En 2008, Accoceberry déclarait dans La Dépêche du Midi être conscient qu'il était "le sportif à mettre sur sa liste pour avoir un peu de crédibilité".

Choisir le bon cheval, ça s'apprend

L'ancien attaquant de foot Bruno Rodriguez, passé par Bastia et Metz, fait preuve de maturité politique. Présent en 1995 sur une liste nationaliste Corsica Nazione, l'ex-attaquant devenu directeur sportif puis boulanger a rebondi en figurant en position non-éligible sur la liste de gauche menée par Jean Zuccarelli à Bastia (Corse), arrivée en tête au premier tour avec 32,52% des voix.

David Ginola, ancien buteur, a fait preuve de moins de flair que lorsqu'il rôdait dans les surfaces de réparation : il a lâché Vincent Morisse, le maire divers droite sortant de Sainte-Maxime (Var) pour un dissident. La sanction tombe : "El Magnifico" ne sera pas du second tour, la liste de Vincent Morisse ayant décroché 56,36% dès le premier tour.

A Nantes, le foot vote UMP, le handball vote PS

Le clivage gauche-droite, c'est du passé ? Pas à Nantes où les deux sports collectifs de la ville ont choisi leur camp. Le président du club de foot, l'homme d'affaires franco-polonais Waldemar Kita, roule pour l'UMP, car il trouve que la mairie (PS) accorde trop de subvention aux handballeurs : "Le FC Nantes se trouve réduit à la portion congrue : 300 000 euros par an à comparer, notamment avec le 'H' [le club de hand] qui perçoit 1 100 000 euros par an", écrit-il sur le site du club

Côté handball, on ne cache pas ses préférences : le président du club, Gaël Pelletier, est ambassadeur de la liste PS menée par Johanna Rolland dans la préfecture de Loire-Atlantique. A l'issue du premier tour, où le PS arrive en ballotage favorable, on peut donc écrire : handball 1- football 0. Bémol : l'entraîneur du HBCN, Thierry Anti, figurait sur la liste socialiste dans la ville voisine de Saint-Sébastien-sur-Loire, battue dès le premier tour.

A Pau, rugby > handball > basket

Les grands noms du basket à Pau (Pyrénées-Atlantiques) Frédéric Fauthoux et Claude Bergeaud roulent plutôt pour le PS de David Habib, quand le capitaine de l'équipe de handball de Billière, ville voisine, figure sur la liste de François Bayrou. Mais le sport-roi à Pau, c'est le rugby.

Le président du Modem, qui s'est fracturé un doigt, en décembre, en faisant le mur pour assister à un match de la Section paloise, l'a bien compris. Entouré d'une forêt de caméras, au soir du premier tour qu'il termine en tête, il en a appelé aux gros bras de l'ovalie, rapporte La République des Pyrénées : "Si ça continue, je vais demander l'intervention des rugbymen pour faire monter mon équipe sur scène !" 

Ressembler à Ibra ne suffit pas pour zlataner le scrutin

Mickaël Melloul, ancien champion du monde de taekwondo et sosie officieux de Zlatan Ibrahimovic, s'est engagé en faveur de la liste de Gilles Renoux à Gattières (Alpes-Maritimes). Mais les dieux du foot et du taekwondo n'ont pas levé le petit doigt pour ce candidat divers droite, dont la liste a été reléguée sur la troisième marche du podium, derrière deux candidats sans étiquette... 

Au vu de ces situations très diverses, il demeure donc difficile de déterminer l'impact des sportifs sur un scrutin. Guy Lacombe, un coach qui n'a pas laissé que de bons souvenirs au PSG et à Monaco, n'a pas plombé la liste divers droite de Dinard (Ille-et-Vilaine), en tête avec 37% des voix. "Je suis persuadé que ça n'amène pas une voix de plus", conclut dans Sud-Ouest l'ex-rugbyman François Gelez, qui a pris ses distances avec les partis après les régionales de 2010.

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