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Municipales 2020 : bienvenue à Rochefourchat, la ville qui ne compte qu'un seul habitant

Article rédigé par Robin Prudent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le village de Rochefourchat (Drôme), en 2013. (JEFF PACHOUD / AFP - AWA SANE / FRANCEINFO)

A quelques semaines des municipales, franceinfo a analysé les données démographiques, politiques, économiques et sociales de toutes les communes françaises. Dans la Drôme, le village de Rochefourchat bat le record de la plus faible population de France.

Une vieille église, six maisons en pierre et une cabine téléphonique hors service. Voilà, vous avez fait le tour de Rochefourchat, minuscule village de la Drôme, situé sur les hauteurs de Saint-Nazaire-le-Désert. "Ici, il n'y a pas de querelles de clochers", prévient le maire, Jean-Baptiste de Martigny. Et pour cause : le village est le moins peuplé de France (à l'exception des villages "morts pour la France", totalement détruits lors de la Première Guerre mondiale), avec seulement un habitant, selon les derniers chiffres de l'Insee. Monsieur le maire, qui n'est pas un résident permanent de la commune, connaît une drôle de mandature et une campagne pas comme les autres, quelques semaines avant les élections municipales.

Jean-Baptiste de Martigny, avocat à Paris de 42 ans, a acheté sa résidence secondaire dans la petite commune en 2006. Ce village "très sauvage, très préservé de la ville" situé à plus de 600 km de la capitale est l'endroit idéal pour un citadin pressé. Deux ans après son arrivée, il est élu maire de la commune avec 100% des suffrages exprimés. Une ascension fulgurante due en réalité au fait que l'ancienne maire depuis 25 ans désirait prendre sa retraite politique. Ici, pas de campagne électorale, mais plutôt une discussion autour de la table. "Ce sont des fonctions de représentation et il y a beaucoup d'aspects juridiques, donc j'avais une prédisposition par mon métier", se contente d'expliquer le maire.

Une mairie... qui fait office de gîte

Au quotidien, la gestion de la ville n'est pas trop contraignante. Les quatre conseils municipaux de l'année (le minimum légal) se font dans la mairie, qui fait aussi office de gîte. Trois chambres doubles, un clic-clac, deux salles de bain... et une table en bois avec une toile cirée pour délibérer entre élus, autour d'un bon repas de préférence. Les sept conseillers municipaux ont le même profil que le maire : ils possèdent tous une résidence secondaire dans le village et sont inscrits sur la liste électorale locale. A une exception près : le seul habitant de la commune est aussi représenté, au poste d'adjoint. Mais cette personne préfère rester discrète sur son identité pour profiter de la vie paisible d'unique Rochefourchatien de France.

Avec ce nombre restreint d'administrés, les décisions semblent plutôt faciles à prendre.

C'est un peu comme une démocratie directe. Toutes les familles sont représentées au conseil municipal et les décisions sont prises en consensus.

Jean-Baptiste de Martigny

à franceinfo

Au programme : principalement l'entretien de la voirie. Il faut dire que la route départementale s'arrête à l'entrée de la commune. Le reste des voies sont des chemins communaux, à la charge de la mairie. En réalité, les principaux travaux sont réalisés par les résidents. "Il y a beaucoup de bénévolat et tous participent à l'entretien", se réjouit le maire.

La commune de Rochefourchat, dans la Drôme, le 17 décembre 2013. (JEFF PACHOUD / AFP)

Pas de grands débats ici, ni de projets pharamineux et clivant. L'unique "grand" chantier des dernières années a été celui de l'église, financé avec l'aide d'autres collectivités. L'autre préoccupation pour la municipalité, c'est l'affluence en été. "On a des pics de population à une quarantaine d'habitants, sourit le maire. Avec toutes ces résidences secondaires, on est un peu comme à Saint-Tropez !" L'édile se rend assez régulièrement à Rochefourchat et reconnaît que la période hivernale est, elle, beaucoup plus calme.

Un bureau, un isoloir et une dizaine d'inscrits

Mais Rochefourchat pourra-t-elle encore rester longtemps la commune la moins peuplée de France ? Depuis 2014, les fusions de villages se sont multipliées, faisant passer le nombre de communes de 36 681 à 34 968, selon les derniers chiffres. En jeu : des économies d'échelles vantées par les responsables politiques. Mais pour l'instant, Rochefourchat résiste. Et le maire compte bien garder cette indépendance. "Ces petites communes, ce sont aussi des micro-dépenses, où chaque euro est compté, justifie Jean-Baptiste de Martigny. C'est lorsque l'on éloigne le centre de décision de là où la dépense est faite que les gens perdent la notion de l'argent."

Les petites communes comme Rochefourchat permettent aussi de prendre du recul sur les décisions politiques nationales. "J'ai constaté un décalage important entre les gens qui vivent dans ces régions et ce qu'on peut entendre dans les grandes villes", note le maire.

Je pense que ça ferait du bien à certaines personnes de venir dîner un samedi soir avec nous à Rochefourchat.

Jean-Baptiste de Martigny

à franceinfo

En attendant d'accueillir de potentiels nouveaux résidents, le village se prépare aux élections du 15 et 22 mars. A chaque fois, la grande majorité de la dizaine d'inscrits font le déplacement. Le bureau de vote sera ouvert avec des horaires précis, un isoloir sera installé dans la salle à manger du gîte-mairie et un bureau veillera au grain... comme dans n'importe quelle commune, "mais en plus convivial !", précise le maire. Lui, envisage de remettre en jeu son mandat, si cette candidature fait consensus, évidemment.

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