Législatives : dans le Var, face à Eric Zemmour, le Rassemblement national défend ses "petites différences"
Dans cette 4e circonscription varoise, Marine Le Pen était arrivée en tête au second tour de la présidentielle. Mais pour le scrutin de juin, Philippe Lottiaux, le candidat RN, va devoir affronter le leader de Reconquête. Une désunion que regrette l'électorat d'extrême droite.
"Vous connaissez Philippe Lottiaux qui est notre candidat aux législatives ?" Entre les stands de maillots de bain et de tongs, dans les allées du marché de Sainte-Maxime (Var), vendredi 27 mai, Jordan Bardella vient faire l’article pour le candidat estampillé Rassemblement national. "On a besoin d'y croire jusqu'au bout", lui glisse une sympathisante. "On y croit, on y croit", répond le président du RN. La venue du patron du parti dans la 4e circonscription du Var alors même qu’Eric Zemmour s'y présente... Certains, à Reconquête, voient dans la venue du patron du parti dans la 4e circonscription du Var alors même qu’Eric Zemmour s'y présente une provocation. Jordan Bardella temporise : "Il n'y a pas de conflit. Moi, je ne considèrerai jamais Eric Zemmour comme un adversaire. C'est au mieux un concurrent. Mon adversaire, c'est Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon."
Un rassemblement... au second tour
Surtout, ne pas donner l’impression d’être à couteaux tirés avec les cousins de Reconquête, d’autant moins sur cette terre qui penche très à droite et qui avait placé Marine Le Pen en tête au second tour de la présidentielle (57% des voix). Il n’empêche, c’est bien Philippe Lottiaux que Jordan Bardella vient soutenir. Eric Zemmour continue sa campagne de son côté et cet électeur s’interroge : "À partir du moment où vous avez deux personnes qui sont un peu du même bord, avec les mêmes idées qui vont se présenter, ça va diviser la population, forcément c'est la logique, c'est mathématique." "On se présente, on présente nos projets, on présente ce que l'on veut faire", répond Philippe Lottiaux. "Et après les Français choisissent. Les électorats se rassembleront au second tour, de toute manière", ajoute Jordan Bardella.
Sur le fond, il y a bien des "petites différences" entre Reconquête et le Rassemblement national, reconnaît lui-même le patron du RN : "Sur la retraite, ils sont plus proches de Macron et la réforme à 65 ans. Nous, on est quand même des opposants déterminés de cette réforme." En retrait, Nathalie écoute la justification et fait non de la tête. Pour cette électrice varoise, "les petits points de divergence ne sont pas des points très très importants". "Pourquoi l'union des droites ne se fait pas ? Je n'arrive pas à comprendre ça."
"C'est bête. C'est une guéguerre qui va coûter cher."
Nathalie, électrice varoiseà franceinfo
Eric Zemmour, Philippe Lottiaux et une droite traditionnelle un peu à la peine. Marie Christine Hamel, la candidate Les Républicains, est finalement celle qui épargne le moins le candidat Reconquête : "Nous avons un Eric Zemmour qui vient faire du tourisme électoral, qui est à l'heure actuelle en survie sur le plan de son parti politique, il lui faut absolument une tribune. Que va t il apporter aux électeurs et électrices de la quatrième circonscription ? Il ne la connaît pas."
Quant à Sabine Cristofani-Viglione, la candidate de la Nupes, elle continue, dit-elle, sa campagne sans rien changer. Mais elle espère que le coup de projecteur dû à la présence d’Eric Zemmour permettra de mobiliser, voire de lui créer un trou de souris pour le second tour : "Si le taux de participation est suffisant, non seulement avec la dynamique que je ressens et avec cette éventuelle division des voix, moi je me vois bien me placer au deuxième tour".
"J'aimerais qu'on sorte de ces querelles d'ego"
Un regain d’intérêt de la presse et peut être des électeurs, c’est aussi ce que constate la députée sortante, la marcheuse Sereine Mauborgne. Et elle assume de pouvoir en profiter : "Mon visage est plus connu encore par les concitoyens. Donc effectivement, c'est une forme d'opportunité."
Au milieu de ce match, l’élue macroniste se permet même de jouer l’arbitre des élégances : "En fait, on n'arrive pas vraiment à se parler de programme, de projet ni des problématiques de la circonscription. Parce qu'en permanence, la question de l'union des droites ou de pas l'union des droites vient se poser dans le débat. Et surtout longuement. Mais en fait, moi, j'aimerais qu'on sorte de ces querelles d'ego. À titre personnel, je n'ai pas d'agenda. Simplement celui d'être réélue pour réaliser les projets qu'il me reste à faire." Dans la circonscription du fort de Brégançon, résidence présidentielle, c’est bien la majorité qui pourrait tirer parti de la désunion de l’extrême droite.
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