Législatives : dans la 5e circonscription des Français de l'étranger, une campagne rendue compliquée par les distances... et la présence de Manuel Valls
À dix jours du premier tour des élections législatives, zoom sur la cinquième circonscription des Français de l'étranger. Elle regroupe Andorre, Monaco, l'Espagne et le Portugal. Douze candidats s'y affrontent, dont Manuel Valls qui doit faire face au député sortant dissident.
Sur les 577 députés qui siègent à l'Assemblée nationale, 11 représentent les Français de l'étranger. Traditionnellement, le scrutin mobilise peu nos compatriotes installés à l'étranger : en 2017, seuls 16% des inscrits ont voté au premier tour des législatives, c'est trois fois moins que la moyenne nationale.
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D'où l'importance, pour les candidats, d'aller à la rencontre des électeurs. Dans la 5e circonscription, qui couvre l'Espagne, le Portugal, Andorre et Monaco, Laurent Goater se présente sous la bannière des Républicains. Entre deux réunions à Barcelone, le candidat fait ses comptes : 5 000 kilomètres parcourus en voiture, une cinquantaine de rencontres. "En moyenne, mes électeurs sont à 1 500 km de là où j'habite, explique-t-il. Sur les trois dernières semaines de campagne, je vais avoir passé deux nuits dans mon lit !"
Parmi les sujets abordés : la fiscalité, les retraites, l’enseignement à l’étranger, les problèmes consulaires... "La population attend du député qu'il règle des problématiques locales." Parfois, les réunions se déroulent devant une cinquantaine d'expatriés français, mais l'assistance est quelquefois beaucoup plus clairsemée : "J'ai fait quelques réunions avec une seule personne ! Eh bien finalement, c'est extrêmement intéressant, affirme Laurent Goater, parce que vous avez le temps de vous dédier à cette personne-là. Elle va vous expliquer tout ce qui se passe dans sa ville, ce que je ne peux pas faire quand il y a 40 personnes."
De Monaco aux Canaries, la circonscription s'étend sur près de 3 000 km
Pas facile de sillonner quatre pays, explique Robin Fontaine, 25 ans, le représentant du petit mouvement citoyen Volt. De toute façon, il ne dispose que d'un budget serré: 1 050 euros pour toute la campagne. "On a fait le choix de se déplacer en bus et en train. On a la chance d'être un parti présent également en Espagne et au Portugal, donc quand je me déplaçais là-bas j'étais logé chez des gens, cela fait des frais de campagne en moins."
Professeur au lycée français de Barcelone, Renaud Le Berre a été investi par la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale de Jean-Luc Mélenchon. Pour s'épargner de fatigants et coûteux déplacements dans les îles, le candidat multiplie les réunions à distance : "Cela touche plus de gens que des réunions publiques. On a le temps de dialoguer, de poser des questions, de bien préparer thématiquement. On enregistre nos réunions, qu'on peut ensuite repasser sur les réseaux. Ces visio-conférences sont absolument nécessaires."
Manuel Valls "a un problème d'image"
À 200 km de Barcelone, la petite principauté d'Andorre et ses quelque 3 500 Français résidents représente aussi une étape obligée. Ce jour-là, Stéphane Vojetta, le député sortant LREM, fait du porte-à-porte, malgré l'orage et la pluie. Le candidat, qui n'a pas été investi par le parti présidentiel, a réuni quelques soutiens au centre culturel et en profite pour règler ses comptes avec celui qui a récupéré l'investiture de La République en marche : "Moi je vis depuis 18 ans en Espagne. Je sais que si M. Valls a une grosse notoriété, il a aussi un problème d'image et de popularité. Si je me présente à ces élections, c'est pour être député, pas pour devenir ministre ou président ou je ne sais quoi. Je veux être un député efficace."
Catherine, 75 ans, installée en Andorre depuis 35 ans, s'interroge en effet au sujet de Manuel Valls : "Ce qui m'a choquée chez lui, c'est qu'il a dit 'Je suis catalan, ce sont mes origines' à Barcelone, et ensuite 'Vous savez que la France est toute ma vie'... Ce côté 'Je dis ce qu'il faut pour plaire', ça m'a interpellée. S'il est élu, est-ce qu'il va faire ce qu'il a dit ? C'est la question que tout le monde se pose."
Et celui qui espère bien profiter de ce duel fratricide entre Manuel Valls et Stéphane Vojetta s'appelle Nicolas Chamoux, candidat du parti Reconquête ! d'Éric Zemmour. "Le parachutage de Manuel Valls et le maintien en dissident du député sortant Stéphane Vojetta ont totalement rebattu les cartes, calcule-t-il. De fait, il y aura un éclatement des voix du camp macroniste. Ça ouvre une réelle possibilité que nous accédions au second tour."
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