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Infographies Législatives : voici à quoi ressemblerait l'Assemblée nationale si elle était désignée à la proportionnelle

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 25 novembre 2015. (YANN BOHAC / CITIZENSIDE / AFP)

Plus la dose de proportionnelle serait élevée, moins la majorité de La République en marche serait écrasante.

Comment une force politique arrivée en tête au premier tour des élections législatives avec 32% des voix peut-elle remporter plus de 60% des sièges à l'Assemblée nationale ? La République en marche peut dire merci au mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours, qui permet généralement à la force arrivée en tête de disposer d'une forte majorité.

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Selon notre projection Ipsos/Sopra Steria*, le mouvement d'Emmanuel Macron et son allié le MoDem obtiennent 361 des 577 sièges dans le nouvel hémicycle. Mais la photographie de l'Assemblée nationale serait certainement très différente si les députés étaient désignés selon un mode de scrutin proportionnel, vieille revendication de nombreux partis. La France insoumise et le Front national réclament ainsi la mise en place d'une "proportionnelle intégrale" alors que, pendant la campagne, Emmanuel Macron avait promis l'instauration d'une "dose de proportionnelle" pour élire les députés, sans plus de précisions.

Franceinfo a simulé ce à quoi ressemblerait l'Assemblée nationale en retenant trois hypothèses : une élection à la proportionnelle intégrale, une élection où la moitié des sièges seraient désignés à la proportionnelle (les autres étant élus selon le mode de scrutin actuel), et une élection où la proportionnelle ne concernerait qu'un siège sur quatre.

Avec le mode de scrutin actuel

En France, les députés sont élus dans 577 circonscriptions au scrutin majoritaire uninominal à deux tours. Au premier tour, tous les partis peuvent être représentés, mais ne seront retenus pour le second tour que les candidats ayant réuni plus de 12,5% des inscrits.

Selon la projection en sièges d'Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France, l'alliance La République en marche-MoDem obtiendrait 361 sièges, Les Républicains, l'UDI et les divers droite 126 sièges, le Parti socialiste, les radicaux de gauche et les divers gauche de 46 sièges, La France insoumise et le PCF de 26 sièges, le Front national 8 sièges. D'autres formations politiques se partageraient les 10 sièges restants.

Avec la proportionnelle intégrale

Le mode de scrutin proportionnel est simple dans son principe – les sièges sont attribués selon le nombre de voix (avec en général un seuil de représentativité fixé à 5% des voix). Réclamé autant par le FN que par La France insoumise, mais aussi par de nombreux petits partis, il est souvent critiqué pour son incapacité à dégager des majorités claires. En effet, si ce mode de scrutin était appliqué aux résultats de ce dimanche soir, le bloc LREM-MoDem, avec 197 sièges, serait le premier dans l'hémicycle, mais resterait très loin de la majorité absolue (289 sièges). Pour gouverner, le parti présidentiel devrait donc former une coalition avec un ou deux autres partis représentés.

A l'inverse, des formations très peu représentées dans l'hémicycle avec le scrutin majoritaire, comme le Front national, feraient une entrée en force à l'Assemblée nationale. Pour le PS et Les Républicains, la défaite serait, en outre, beaucoup moins punitive.

Dans le graphique ci-dessous, nous avons réparti à la proportionnelle les 577 sièges à pourvoir en fonction des résultats en voix de chaque bloc au premier tour, tels qu'ils ont été communiqués par le ministère de l'Intérieur. Nous n'avons pas représenté les partis dont le score est inférieur à 5%.

Avec une dose de proportionnelle de 50%

Si la moitié des sièges était attribuée selon le mode de scrutin actuel et l'autre moitié avec le scrutin proportionnel, l'alliance LREM-MoDem n'obtiendrait pas de majorité absolue. Avec seulement 279 députés, il lui manquerait 10 sièges pour l'atteindre. L'adoption des textes nécessiterait donc un appoint de députés d'autres groupes politiques.

Pour réaliser ce graphique, nous avons réparti la moitié des sièges selon la projection Ipsos/Sopra Steria diffusée à l'issue du second tour, et l'autre moitié selon les résultats en voix transmis par le ministère de l'Intérieur au soir du premier tour.

Avec une dose de proportionnelle de 25%

Enfin, des élections législatives avec un quart des sièges désignés à la proportionnelle accoucheraient d'une large majorité pour l'alliance LREM-MoDem, mais moins importante qu'avec le mode de scrutin actuel.

* Estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, LCP AN, RFI-France 24 et Le Point.

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