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Législatives : après sa débâcle, "le PS n'a plus d'espace politique, plus de base électorale, et plus d'avenir"

Interrogé par franceinfo, le chercheur Gérard Grunberg, spécialiste de la gauche, estime que "la synthèse sociale-démocrate réalisée auparavant par le Parti socialiste ne fonctionne plus". 

Article rédigé par Vincent Daniel - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadélis et Benoît Hamon, après le second tour de la primaire de la gauche, le 29 janvier 2017, devant le siège du PS, à Paris.  (ERIC FEFERBERG / AFP)

Le quinquennat de François Hollande terminé, le PS subit de plein fouet la déferlante En marche !. Déblâcle de Benoît Hamon à la présidentielle, défaite historique lors des élections législatives, avec seulement 29 sièges préservés… Le Parti socialiste apparaît plus mal en point que jamais, pris en tenaille entre les forces d'Emmanuel Macron sur sa droite et La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon sur sa gauche. 

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Quarante-six ans après sa fondation au congrès d'Epinay sur les cendres de la SFIO, le PS est à l'agonie. Gérard Grunberg, politologue spécialiste de la gauche, estime que le parti subit à la fois un "rétrécissement et un éclatement : le PS est devenu tout petit et extrêmement divisé".

Franceinfo : Après la présidentielle et les législatives, plusieurs responsables politiques estiment que le PS est mort. Faites-vous le même constat ?

Gérard Grunberg : Oui. Je ne crois pas en sa survie. Entre son état de faiblesse actuel et ses contradictions qui sont très fortes, je ne vois pas sur quoi le parti pourrait se refonder. On assiste à la fois à un rétrécissement et à un éclatement : le PS est devenu tout petit, et extrêmement divisé. Il n'a donc plus d'avenir. 

Pendant le quinquennat de François Hollande, nous avons pu observer un parti qui n'était plus capable de gouverner parce qu'il était pris dans ses propres contradictions, entravé par sa propre opposition. Au-delà de la question de la ligne politique, il y a les personnes. Son personnel politique a été décimé. Et avec tout ce qui s'est passé, les rapports sont tellement tendus que ces personnes ne peuvent plus vivre ensemble sous un même toit. Force est de constater que tout cela ressemble à un champ de ruines. 

Avec En marche !, Emmanuel Macron a-t-il remplacé le PS ? 

Non, le PS n'est pas remplacé. Mais il y a d'une part une fuite de ceux qui étaient sociaux-libéraux vers le centre et vers Emmanuel Macron, et d'autre part une fuite de ceux qui estiment qu'il faut refonder une gauche radicale vers Jean-Luc Mélenchon et la gauche du PS. Par conséquent, il n'y a plus d'espace politique pour ce qu'était le Parti socialiste. 

De même, il n'y a plus de base électorale pour le parti. Les zones géographiques qu'on appelait les "bastions socialistes" n'existent plus. Dans le Nord-Pas-de-Calais, une région historiquement socialiste depuis la fin du XIXe siècle, le PS fait 5% aujourd'hui et n'aura aucun député. Lors de la présidentielle, une grande partie de l'électorat socialiste s'est reportée vers Macron, et une autre partie sur Mélenchon. Ce n'est donc pas seulement le déclin mais bien l'effondrement de ce parti. 

On observe aujourd'hui que ces anciens bastions socialistes votent pour Emmanuel Macron, tout comme des bastions de la droite. Est-ce la fin du clivage droite-gauche ? 

C'est la fin des deux grands partis de gouvernement, et c'est aussi la fin du clivage droite-gauche. Cela ne signifie pas qu'il n'y a plus des gens de gauche et des gens de droite. Mais, compte tenu des divisions de la gauche et de celles de la droite, le clivage droite-gauche ne peut plus, comme il le faisait jusque-là avec l'alternance, organiser le fonctionnement du système. Pour l'instant, le macronisme remplace ce clivage : on est macroniste ou on ne l'est pas. Mais pour la suite, on ne le sait pas.

La synthèse réalisée par François Hollande entre la gauche du PS et son aile droite n'est-elle plus possible ?

Pendant le quinquennat de François Hollande, une partie de son électorat a trouvé le gouvernement trop à droite, et l'autre trop à gauche – notamment ceux qui ont constaté l'immobilisme et la mauvaise gestion de l'exécutif lors de la loi El Khomri. Il y a donc ceux, en particulier des jeunes, qui veulent reconstruire quelque chose de beaucoup plus radical à gauche. Et il y a ceux qui estiment qu'on peut faire à la fois du libéralisme social et du libéralisme économique. Conséquence : ce qui était au milieu, la synthèse sociale-démocrate, ne fonctionne plus. 

La France est-elle la seule à vivre cette situation ?

Ce n'est pas une spécificité française, c'est aussi une crise européenne de la social-démocratie. Des partis qui se sont fondés à gauche pour lutter contre le capitalisme doivent faire face à des tensions, ils veulent gouverner dans un environnement capitaliste… Il y a donc de moins en moins de social-démocratie gouvernante aujourd'hui en Europe.

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