Législatives 2024 : qui sont ces candidats RN qualifiés de racistes ou d'antisémites par Gabriel Attal lors du débat sur France 2 ?

Le Premier ministre a accusé le Rassemblement national de présenter une centaine de candidats mis en cause pour des propos racistes, antisémites ou homophobes et a pris les exemples de cinq candidats en particulier. Explications.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Jordan Bardella, Olivier Faure et Gabriel Attal, lors du débat télévisé sur France 2, le 27 juin 2024. (DIMITAR DILKOFF / POOL)

L'attaque n'est pas passée inaperçue. Surtout quand elle vient directement du Premier ministre à un autre responsable politique en direct à la télévision. Jeudi 27 juin, lors du débat télévisé sur France 2, le Premier ministre Gabriel Attal a accusé son rival d'extrême droite Jordan Bardella de présenter des candidats épinglés pour des propos racistes, antisémites ou homophobes."On ne peut pas construire l'apaisement et le rassemblement quand on présente dans cette élection plus d'une centaine de candidats, c’est-à-dire presque un sur cinq (...) pour lesquels on a trouvé des propos racistes, antisémites et homophobes". Des accusations aussitôt niées en bloc par le leader du RN.

franceinfo a vérifié ce qui est reproché à ces cinq candidats cités par Gabriel Attal : Gilles Bourdouleix, Brigitte Barèges, Marie-Christine Sorin, Julien Leonardelli et Joseph Martin.

Gilles Bourdouleix, maire de Cholet

C'est le candidat aux législatives dans la 5e circonscription du Maine-et-Loire, soutenu par Eric Ciotti et le Rassemblement national. D'après Gabriel Attal, il aurait déclaré : "Hitler n'a pas tué assez de Tsiganes".

Gilles Bourdouleix a en effet été condamné en août 2014 pour "apologie de crime contre l'humanité" par la cour d'Appel d'Angers pour avoir dit au cours d'une altercation avec des gens du voyage que "Hitler n'en avait peut-être pas tué assez". Cette condamnation a toutefois été annulée en 2015 par la Cour de cassation.

Dans un article publié le 15 décembre 2015, le journal Le Monde rapporte que "Dans la mesure où le délit d’apologie de crime contre l’humanité ne peut être constitué que si les propos ont été 'proférés', la Cour de cassation a estimé que c’est à tort que la cour d’appel a condamné M. Bourdouleix, qui les a tenus "dans des circonstances exclusives de toute volonté de les rendre publics'."

Dans un message publié jeudi 27 juin sur X, Gilles Bourdouleix déclare vouloir porter plainte contre le Premier ministre pour "des propos diffamatoires".

Brigitte Barèges, maire de Montauban

C'est la candidate LR dans la 1ere circonscription du Tarn-et-Garonne, rangée derrière Eric Ciotti et face à qui le RN n'a pas présenté de candidat. D'après Gabriel Attal, elle "a expliqué qu'un candidat noir sur sa liste est une tache".

C'est effectivement l'histoire relatée par La Dépêche du Midi , le 15 février 2014 dans un article intitulé "La mauvaise blague de Brigitte Barèges" et dont franceinfo s'était également fait l'écho. Le quotidien régional rapporte qu'au cours d'une soirée "de présentation de ses nouveaux colistiers" pour les municipales de 2014, celle qui était alors maire sortante UMP, au moment de présenter son 28e colistier, Jean Tepkri, seul homme noir de sa liste, a lâché la phrase suivante : "Il est la tache de notre liste".

"Ce dernier est resté dans le trait d’humour en balbutiant au micro : 'Vous voyez, elle n’est pas raciste, je suis toujours là !'", relate La Dépêche.

Marie-Christine Sorin, candidate dans les Hautes-Pyrénées

Marie-Christine Sorin est la candidate du RN dans la 1ere circonscription des Hautes-Pyrénées. D'après Gabriel Attal, celle qui est aujourd'hui retraitée de l'Éducation nationale "explique que toutes les civilisations ne se valent pas".

Le journal Libération a en effet exhumé des messages partagés sur X, anciennement Twitter, par la candidate. Le quotidien relate que dans "un tweet désormais supprimé, mais dont Libé a gardé la trace", elle avait écrit sur le réseau social le 11 janvier : "Non, toutes les civilisations ne se valent pas."

Interrogée par France Bleu Béarn Bigorre jeudi 20 juin, Marie-Christine Sorin se dit victime d'une "manipulation par image manquante". Elle assure que le tweet qui lui est reproché a été écrit, dit-elle, pour dénoncer les lapidations des femmes en Iran et qu'il ne s'agit en aucun cas de racisme. Ce n'est toutefois pas le seul propos raciste repéré par Libération. Le journal rapporte également un "message posté fin février à l’adresse de la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, qui déplorait que des agriculteurs aient repris le vieux slogan lepéniste 'On est chez nous' : 'Si on lui dit de retourner sur son île on va être taxé de racisme, on ne peut même pas lui répondre !' écrivait Sorin", rapportent nos confrères. 

Julien Leonardelli, conseiller régional d'Occitanie

C'est le candidat du RN dans la 5e circonscription de Haute-Garonne. Gabriel Attal assure qu'il a "défendu les soupes au cochon dans les soupes populaires".

On retrouve trace de cette histoire dans un article de La Dépêche, le 25 janvier 2015. Le journal avait tourné un reportage dans les rues de Toulouse aux côtés de "six militants identitaires" de l'association Cercle souveraineté et identité toulousaine. Ses membres avaient décidé d'effectuer des maraudes auprès des SDF de la ville et de distribuer des sandwichs aux rillettes de porc. 

Le journal écrivait alors ceci : "Agacé d'être assailli par les journalistes qui lui demandent des comptes sur cette maraude à base de charcuterie organisée par un membre de son parti, Julien Leonardelli, secrétaire départemental du FN, feint de ne pas comprendre le lien entre la distribution de sandwichs aux rillettes et les principes identitaires revendiqués par le cercle : 'C'est comme pendant la guerre les Français qui avaient faim ne réfléchissaient pas si c'était du lapin ou du chat. Et puis allez donc en parler aux éleveurs qui manifestent à Montauban. En France aujourd'hui il ne faut plus consommer de porc !'"

Gabriel Attal utilise toutefois la formule "soupe au cochon", qui renvoie à une polémique du même genre apparue en 2006. Le Conseil d'Etat avait dû se prononcer et interdire la distribution à Paris par une association d'extrême droite d'une "soupe au cochon" pour les sans-abri. Les repas distribués étaient uniquement à base de porc, excluant d'office les SDF musulmans ou juifs. 

Joseph Martin, candidat dans le Morbihan

C'est le candidat du RN dans la 1ere circonscription du Morbihan. Gabriel Attal affirme qu'il a "écrit sur Twitter que le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah".

Le journal Libération avait repéré que Joseph Martin avait écrit sur Twitter le 22 octobre 2018 : "Le gaz a rendu justice aux victimes de la Shoah". Ce message a été supprimé, mais des captures écran circulent sur X. 

Après la révélation de ce tweet, le RN a annoncé le 19 juin qu'il retirait son soutien à ce candidat. Une décision sur laquelle le parti est finalement revenu. Joseph Martin a assuré que son message n'avait aucun caractère antisémite, bien au contraire. Selon lui, ce tweet était une réaction au décès de la figure d'extrême droite Robert Faurisson, qui niait l'existence du génocide juif par les nazis et l'existence des chambres à gaz. 

"Mon tweet, c'était pour défendre les juifs contre toutes les idées que cet homme avait vomies", a-t-il affirmé à l'AFP, "une forme de respect vis-à-vis de toutes les victimes de la Shoah et de tous les juifs qui sont martyrisés partout". Selon lui le message a été "sorti de son contexte". Le parti a donc décidé de le "réhabiliter".  "On s'est complètement trompé sur ce monsieur", a défendu le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, dimanche 23 juin sur France Inter.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.