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Nathalie Loiseau renonce à la présidence du groupe centriste au Parlement européen… et maintenant ?

Ces derniers jours, l'ancienne tête de liste de la majorité présidentielle était pointée du doigt pour des propos peu amènes sur certains de ses alliés au Parlement européen. Elle a fini par se retirer de la course à la présidence du groupe "Renew Europe".

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Nathalie Loiseau s'exprime après les élections européennes, le 26 mai 2019 à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Critiquée de toutes parts, elle jette l'éponge. Nathalie Loiseau, tête de la liste Renaissance (LREM-MoDem) aux européennes, renonce à briguer la présidence du groupe centriste au Parlement européen, a indiqué jeudi 13 juin son entourage à plusieurs médias. Ces derniers jours, elle était pointée du doigt pour des propos offensants envers certains de ses alliés, tenus en "off" devant des journalistes. Franceinfo répond aux questions que pose le retrait de sa candidature. 

Pourquoi a-t-elle pris cette décision ?

Déjà fragilisée par des maladresses pendant la campagne des européennes, Nathalie Loiseau est accusée par le journal belge Le Soir (qui a depuis supprimé son article) d'avoir parlé de façon irrespectueuse de certains eurodéputés membres de son groupe. L'incident s'est déroulé le 5 juin dans l'après-midi. Ce jour-là, Nathalie Loiseau rencontre une dizaine de journalistes français et étrangers, au Parlement européen à Bruxelles. La règle est donnée : ce qu'elle dira sera en "off", c'est-à-dire que ses propos ne pourront pas lui être attribués dans la presse. Pendant près d'une heure, l'eurodéputée fraîchement élue s'exprime sans filtre. Elle s'en prend nommément à l'ex-Premier ministre belge Guy Verhofstadt, à l'ancien ministre français Jean Arthuis, dont elle regrette "l'aigreur", et à Manfred Weber, leader de la droite conservatrice et candidat à la présidence de la Commission, qu'elle qualifie "d'ectoplasme", comme le rapporte Le Monde, qui a assisté à l'entretien. 

Le lendemain, le "off" est brisé par Le Soir puis par plusieurs autres journaux, suscitant une polémique. "Nous sommes la plus grosse délégation et avons une responsabilité particulière dans l'avenir du groupe. Dans ces conditions, je préfère contribuer à l'unité du groupe plutôt que de participer à sa division", réagit Nathalie Loiseau dans un message envoyé aux députés de la délégation française, tout en affirmant "ne pas reconnaître" les propos qui lui sont attribués. Par la suite, l'entourage de l'ancienne ministre affirme que cet épisode n'explique pas sa décision, mais reconnaît que "cela n'a pas facilité les choses".

Quelles sont les conséquences pour les eurodéputés LREM ?

Arrivée en force, avec 21 députés sur une centaine, la liste LREM-MoDem était la plus importante de l'Alliance des libéraux et démocrates pour l'Europe (ALDE), le groupe centriste au Parlement, renommé "Renew Europe" ("Renouveler l'Europe"). Avec ses propos, Nathalie Loiseau "a beaucoup abîmé l'image d'En marche en Europe, cette affaire a déstabilisé notre délégation", déplore un cadre LREM cité par Le Parisien.

Mais pour l'équipe de l'ex-ministre, il n'en est rien. Nathalie Loiseau "a fait un choix en responsabilité pour s'assurer que la délégation Renaissance aura les postes qui permettront d'avoir la plus grande influence", explique un membre de son entourage. Obtenir la présidence du groupe aurait en effet nécessité, selon le système des points attribués à chaque délégation pour briguer un poste, de renoncer à d'autres responsabilités importantes, comme des présidences de commissions parlementaires. De quoi laisser la possibilité à l'ex-EELV Pascal Canfin de prétendre à la tête de la commission environnement du Parlement, comme l'explique Le Journal du dimanche.

Et sur l'influence de la France en Europe ?

"Pour Macron l'Européen, qui n'a de cesse de proclamer le retour de l'influence française au sein de l'UE, c'est un camouflet", assène Le Parisien. En effet, Nathalie Loiseau ne s'est pas fait que des alliés. "Le souci, c'est [Angela] Merkel : plus elle est affaiblie, moins elle bouge. 'Rapidement' et 'Merkel', ça ne va pas ensemble. Nous, on va essayer de bouger tout cela", a-t-elle par exemple lancé, comme le rapporte Le Monde, au sujet de la chancelière allemande.

Et Libération d'ajouter : "Le groupe centriste n'est que le troisième par ordre d'importance au sein d'un Parlement qui compte 751 membres (...). Bref, il est nécessaire de se faire des alliés afin de constituer des majorités : c'est exactement le contraire qu'a fait Loiseau." Pour peser au Parlement, les députés LREM-MoDem devront donc se concentrer sur des postes à responsabilité. "Pour faire avancer le projet européen du président, les postes clés qui garantiront une influence française sont ceux, au sein des commissions au Parlement, de président bien sûr, mais surtout de rapporteurs et coordinateurs", défend la secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Amélie de Montchalin.

Qui brigue la présidence du groupe ?

Selon un porte-parole de "Renew Europe", quatre personnes sont candidates à la présidence du groupe, dont le Suédois Fredrick Federley et la Néerlandaise Sophia in 't Veld. "Il se dit, à Bruxelles, que le concurrent le plus sérieux pourrait être le Roumain Dacian Ciolos, ancien Premier ministre dans son pays", ajoute Le Point. La liste officielle doit être publiée lundi 17 juin et l'élection se tenir le lendemain.

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