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Interview à la Rai Uno, tribune dans la presse, choix de la tête de liste : comment Macron donne le coup d'envoi de la campagne des européennes

En s'adressant aux Européens dans une tribune relayée dans les vingt-huit pays de l'Union, le chef de l'Etat donne le véritable coup d'envoi de la campagne des européennes.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron, le 27 février 2019 au palais de l'Elysée. (GONZALO FUENTES / REUTERS)

Emmanuel Macron passe à l'offensive. A un peu plus de deux mois du début de la campagne officielle, le chef de l'Etat s'implique personnellement dans la bataille des élections européennes en multipliant les initiatives. Après une interview à la Rai Uno dimanche 3 mars, le président s'apprête à publier une tribune sur l'Europe dans la presse française et européenne. Et il doit trancher rapidement sur l'identité de celui ou celle qui mènera la liste de La République en marche lors du scrutin du 26 mai.

Une interview à la Rai Uno contre la tentation du repli nationaliste

L'entretien accordé par Emmanuel Macron à la Rai Uno, une chaîne de télévision italienne, enregistré jeudi et diffusé dimanche soir, avait pour but premier de déminer une ambiance explosive entre Paris et le gouvernement eurosceptique de Rome. Ces dernières semaines, les tensions sont montées très haut entre ces deux pays fondateurs de l'Union européenne, allant jusqu'à provoquer le rappel (temporaire) par la France de son ambassadeur en Italie.

"Il y a un malentendu qui s'est installé. Les péripéties les plus récentes ne sont à mes yeux pas graves et il faut passer au-delà", a estimé le président français. "L'Europe ne peut pas avancer si l'Italie n'en fait pas partie. Pour moi, le dialogue avec l'Italie, le dialogue avec Rome est absolument essentiel", a-t-il ajouté.

Selon l'Elysée, cette interview à la télévision publique italienne ne s'inscrit pas dans l'offensive médiatique préparée par le chef de l'Etat en vue des européennes. "On a eu une demande de la Rai, et le président a jugé utile de s'exprimer", fait-on valoir. Toujours est-il qu'Emmanuel Macron a largement profité de cette intervention pour souligner une fois de plus le clivage entre progressistes et populistes qui traverse l'Europe.

S'il juge que cette campagne "ne doit pas être entre une ouverture béate et le retour au nationalisme", il a aussi confirmé qu'il combattrait "avec force les gens qui défendent le nationalisme, qui veulent combattre notre Europe". Et c'est bien autour de cet affrontement que le parti présidentiel envisage de bâtir sa campagne. "L'affrontement avec les populistes, il sera assumé. D'ailleurs, ce clivage est validé par les sondages d'opinion", assure-t-on chez LREM.

Une "expression" présidentielle dans les journaux européens

Pour la majorité, ce devrait être le véritable coup d'envoi de la campagne des européennes. Emmanuel Macron a prévu de s'exprimer ce mardi sous la forme d'une tribune qui sera publiée dans des journaux des vingt-huit pays de l'Union européenne. Selon l'entourage du chef de l'Etat, cité par le JDD, ce texte sonnera comme un "signal d'alerte sur une Europe en danger", constatant une forme de "délitement" de l'Union, avec une réflexion sur la manière de "reconstruire l'Europe autour de quelques idées très fortes".

La tribune présidentielle, qui devrait être traduite dans les vingt-quatre langues de l'Union européenne, est présentée par l'entourage du président comme sa "plus importante intervention depuis le discours de la Sorbonne", prononcé en septembre 2017. Le plan de communication, gardé secret jusqu'à ce week-end, est bien rôdé. Selon Le Figaro, les membres du gouvernement avaient reçu la consigne ces dernières semaines de ne pas s'exprimer sur les questions européennes. A partir de mardi matin, les poids lourds de la majorité devraient au contraire être omniprésents dans les matinales télé et radio. Non seulement pour assurer le service après-vente de la tribune présidentielle, mais aussi pour marquer clairement le début des hostilités.

Le choix imminent de la tête de liste

A l'inverse de la plupart de ses concurrents, La République en marche n'a toujours pas choisi sa tête de liste. Mais, assure-t-on dans la majorité, cela devrait être une question de jours. "La liste dans son intégralité sera présentée dans la troisième semaine de mars", confie à franceinfo une source au sein de La République en marche. Nécessairement, le nom de la tête de liste devra être connu avant cette date. "Et si c'est une ministre, cela pourrait aller encore plus vite", suggère-t-on au sein de LREM, avec un possible remaniement très bientôt.

Alain Juppé, Daniel Cohn-Bendit, voire François Bayrou… Pendant des mois, de nombreux noms plus ou moins crédibles ont circulé. Mais ces derniers jours, ce sont deux femmes ministres qui semblent tenir la corde. La ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, et surtout la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Cette dernière serait même sur le point de quitter le gouvernement, avance le JDD.

Bien qu'issue de la société civile et donc novice en matière de bataille électorale, Agnès Buzyn "est très à l'aise, sur ses sujets et dans la riposte", selon un membre de la garde rapprochée du président cité par l'hebdomadaire qui note "une mue" chez cette "ministre plutôt technique qui se fait de plus en plus politique". Dernier exemple en date : dans une interview donnée lundi dans Le Parisien au sujet de la recrudescence de rougeole, la ministre de la Santé ne se prive pas d'asséner une pique à la liste Europe Ecologie-Les Verts, sur laquelle elle a cru déceler la présence de militants anti-vaccins.

In fine, c'est bien Emmanuel Macron qui tranchera le nom de la personne qui portera les couleurs de son parti. En prenant l'initiative de lancer lui-même la campagne avant même cette désignation, le chef de l'Etat rappelle qu'il faudra compter sur lui pendant la campagne.

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