Elections législatives 2024 : après l'appel d'Eric Ciotti à une alliance avec le RN, comment les membres des Républicains ont-ils réagi ?
Tremblement de terre à droite. Eric Ciotti, président des Républicains, a annoncé, mardi 11 juin sur TF1, son souhait de s'allier avec le RN, après la main tendue par l'extrême droite en vue des législatives anticipées. Après avoir échangé avec Marine Le Pen et Jordan Bardella, le responsable de droite a dévoilé les contours d'un accord électoral permettant aux 61 députés sortants de son groupe de ne pas être opposés à des candidats du RN lors du scrutin des 30 juin et 7 juillet.
La décision a déclenché un tollé dans son camp et suscité la réprobation d'une grande partie de sa famille politique, héritière du gaullisme opposé à l'extrême droite. Des cadres ont publié une tribune pour condamner ce choix. Franceinfo revient sur les différentes réactions qu'ont déclenchées les mots d'Eric Ciotti.
Ceux qui condamnent le principe d'une alliance avec le RN
Dans une tribune publiée mardi après-midi par Le Figaro, plusieurs cadres des Républicains ont fustigé la déclaration d'Eric Ciotti. Pour eux, cette position est "une impasse, n'engage pas notre famille politique et ne représente en aucun cas la ligne des Républicains". Parmi les signataires : Gérard Larcher, président du Sénat, Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, Olivier Marleix, qui fut son homologue à l'Assemblée nationale, ou encore Valérie Pécresse, candidate LR à la présidentielle de 2022. Dans ce texte, les ténors du parti ne vont toutefois pas jusqu'à demander son départ.
Signataire de cette tribune, Laurent Wauquiez, ex-président des Républicains qu'Eric Ciotti voyait se présenter à la présidentielle de 2027, juge par ailleurs qu'"il n'y a aucun avenir pour les combinaisons d'appareil". "C'est la voix que je porterai, sans aucune compromission, quelles que soient les circonstances", a dénoncé sur X le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Le président du groupe LR au Sénat a accusé Eric Ciotti de "déloyauté". Il "nous a menti dans un but sans doute personnel (...) pour nous placer dans une situation telle qu'on ne puisse pas se retourner", a déploré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse, alors que les sénateurs LR avaient refusé à l'unanimité tout accord avec le RN, avant les déclarations d'Eric Ciotti. L'eurodéputé François-Xavier Bellamy, tête de liste LR qui a récolté 6,9% des voix, a estimé dans un communiqué que la droite ne devait "pas abandonner ses couleurs".
Ceux qui appellent ouvertement au départ d'Eric Ciotti
Plusieurs ténors de LR sont allés plus loin que la condamnation verbale et n'ont pas hésité à demander le départ du président du parti sitôt son souhait formulé sur TF1. "J'estime qu'il ne peut plus présider notre mouvement et doit se démettre de son mandat de président des Républicains", a tweeté Gérard Larcher, président du Sénat. L'appel a également été formulé par de nombreux autres élus comme les députés Véronique Louwagie, Jérôme Nury, Ian Boucard, Philippe Gosselin ou encore Olivier Marleix, président de l'ancien groupe LR à l'Assemblée nationale.
Sur TF1, Eric Ciotti a devancé tout appel à la démission. "Mon mandat, je le tiens des militants, et seuls les militants pourraient me l'enlever. Je le dis très clairement et je ne céderai pas à ce genre de décision ou de propos", a-t-il lancé.
Vice-présidente des Républicains, Florence Portelli a déclaré vouloir contraindre Eric Ciotti au départ, contre son gré. "On le vire", a-t-elle lancé sur franceinfo à propos du député des Alpes-Maritimes. "On va éplucher les statuts de ce parti qui a des problèmes de démocratie interne sérieux. (...) Je pense qu'il y a une possibilité de le faire partir s'il ne part pas par lui-même."
Ceux qui ont décidé de quitter le parti après cet appel
Deux sénateurs influents des Républicains, Sophie Primas et Jean-François Husson, ont décidé de claquer la porte du parti. "Au regard des déclarations de Mr Eric Ciotti, à contrecœur, et après des années au RPR puis à l'UMP puis aux Républicains, je quitte ce mouvement", a annoncé la première, vice-présidente du Sénat, sur X. "Je quitte Les Républicains et continue le combat avec le soutien unanime du groupe de Gérard Larcher et Bruno Retailleau", a déclaré le second, rapporteur général du budget, sur la même plateforme. Le maire LR du 17e arrondissement, Geoffroy Boulard, a lui suspendu sa cotisation au parti tant qu'Eric Ciotti en restait le président, a-t-il déclaré sur X.
Ceux qui saluent la décision d'Eric Ciotti
Sur TF1, Eric Ciotti a annoncé que "l'immense majorité des Républicains souhait[aient] cet accord" et qu'il était suivi par le président des jeunes LR, Guilhem Carayon. Ce dernier n'avait pas hésité à poser en couverture du magazine conservateur L'Incorrect, en mars 2023, avec ses homologues du Rassemblement national et de Reconquête, Pierre-Romain Thionnet et Guilhem Carayon.
Numéro 2 sur la liste LR aux élections européennes, Céline Imart a aussi apporté sur X son "soutien total" à Eric Ciotti, tout en revendiquant son appartenance aux LR.
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