Élections législatives 2024 : "déshonneur", "honte", "choc"... À gauche comme dans la majorité, l'alliance de LR avec le RN scandalise

Le président des Républicains a annoncé son souhait de s'allier avec le RN, après la main tendue par l'extrême droite en vue des législatives. Une décision qui suscite un tollé dans la majorité et à gauche.
Article rédigé par franceinfo
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Eric Ciotti sur TF1 dans le journal télévisé de 13h, le 11 juin 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / POOL / AFP)

"Honte à vous Monsieur Ciotti !". Les réactions ne se sont pas fait attendre après le séisme déclenché par le président de LR, Eric Ciotti. Sur TF1 mardi 11 juin, il a déclaré vouloir une "alliance avec le Rassemblement national" pour les élections législatives. Une annonce qui a fait l'effet d'une bombe, entraînant des réactions outrées du côté des Républicains mais également au sein de la majorité présidentielle, du gouvernement et des élus de gauche.

Devant le siège du parti Les Républicains, l'écologiste Sandrine Rousseau a même directement interpellé Eric Ciotti alors qu'il répondait aux interviews de journalistes. "Honte à vous monsieur Ciotti, vous ne méritez pas le nom qui est inscrit sur votre façade", lui a-t-elle lancé devant un parterre de caméras et de micros.

"Honte à vous", lance Sandrine Rousseau à Eric Ciotti
Sandrine Rousseau interpelle Eric Ciotti qui souhaite un accord entre LR et le RN : "Honte à vous" "Honte à vous", lance Sandrine Rousseau à Eric Ciotti
 

"Front populaire contre Front national"

Sandrine Rousseau n'est pas la seule à avoir réagi à gauche. Chez les écologistes, la secrétaire nationale d'EELV, Marine Tondelier parle sur le réseau social X de "clarification" et d'une "raison de plus pour faire vivre le front populaire". Interrogée sur franceinfo, elle estime qu'"en plus d'être réactionnaire, Eric Ciotti est un lâche, parce qu'il n'assume pas ses propres décisions". Dans son interview au JT de 13h de TF1, mardi 11 juin, Eric Ciotti a justifié son choix en pointant le "danger" que représentent l'union des gauches et le camp présidentiel.

"Ce n'est de la faute de personne d'autre que de lui, de ses errances morales et de sa faillite en termes de valeurs", réagit Marine Tondelier. Pour l'élue écologiste, "la décision d'Eric Ciotti montre qu'un glissement de terrain politique est en cours du côté droit de l'échiquier politique et, au moins, le danger a le mérite d'être clair, voire très clair". "

"La droite est aujourd'hui l'extrême droite et va faire coalition avec Jordan Bardella."

Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes

à franceinfo

Elle attend désormais une "clarification" de la part des Républicains : "Soit le parti les Républicains ne fait plus partie de l'arc républicain, donc il faut qu'il change de nom, soit ils font un front populaire au sein des Républicains contre Eric Ciotti et ils le mettent dehors".

Le sénateur EELV Yannick Jadot parle, lui, d'une "dramatique clarification politique d’une partie des héritiers du gaullisme qui rejoignent ceux de l’OAS".  Des élus Insoumis comme Louis Boyard ont annoncé leur "choc". "Le 30 juin ce sera donc le Front populaire contre le Front national", écrit le député LFI du Val-de-Marne sur X. 

"La décision de #Ciotti de s'allier avec le RN est un bouleversement historique. Depuis 1945, les grands dirigeants nationaux de la droite avaient toujours refusé cette alliance", a pour sa part réagi le député sortant Alexis Corbière. Sur franceinfo, mardi 11 mai, l'élu de Seine-Saint-Denis juge que "pour les petites gens qui votent RN (Rassemblement national) en croyant que c'est du 'ni droite ni gauche', vous avez la signature aujourd'hui que le RN, c'est la droite dure de dure, c'est pas social", a souligné Alexis Corbière. L'Insoumise Mathilde Panot juge quant à elle que "le cordon sanitaire face au parti fondé par des Waffen SS n'est plus." 

"L’alliance annoncée entre Les Républicains et le Rassemblement national marque un tournant dans l’histoire de notre pays", écrit par ailleurs le nouveau Front Populaire dans un communiqué, relayé sur le compte X de l'insoumis Manuel Bompard. "Elle est malheureusement la consécration de la dérive continue de l’orientation politique de la droite française vers un projet xénophobe et profondément réactionnaire, en particulier depuis la nomination d’Eric Ciotti", poursuit le communiqué. 

"Chirac est mort une deuxième fois"

Du coté des macronistes, les réactions pleuvent également. À commencer par celle du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "Éric Ciotti signe les accords de Munich et enfonce dans le déshonneur la famille gaulliste en embrassant Marine Le Pen. Une honte", écrit-t-il sur X. 

"Ciotti se vautre dans le déshonneur pour sauver sa tête. Offrir à Le Pen le parti du général de Gaulle sur un plateau d’argent, la honte a désormais un nom. La clarification est à l’oeuvre. Les extrémistes tombent les masques", a réagi de son côté le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti

"Quand j’ai rejoint le gouvernement, je n’ai pas quitté mes convictions de droite, j’ai quitté une ligne politique qui partait à la dérive. Ce que je redoutais vient d’arriver. En prenant la décision de rallier le RN, Eric Ciotti porte un coup terrible à ma famille politique, la droite républicaine", s'insurge pour sa part la ministre de la Culture, Rachida Dati, autrefois figure du parti Les Républicains. "Eric Ciotti déshonore la droite républicaine. J’en appelle à tous les héritiers du Général de Gaulle et de Jacques Chirac", écrit quant à elle la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin. 

Celle qui était également jusqu'à peu présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, juge pour sa part que "aujourd’hui, Jacques Chirac est mort une deuxième fois" et que "Éric Ciotti vient d’assassiner la droite républicaine"

En dehors des politiques, le syndicat étudiants UNEF a également réagi sur X, jugeant que "la droite extrême s’assume avec l’extrême droite." Pour eux, "Éric Ciotti annonce une alliance des Républicains avec les fascistes". Le président de SOS Racisme a également publié un tweet : "Sans grande surprise, Eric Ciotti, président de LR, appelle à une alliance de son parti avec le RN. Il se présentait comme l'héritier de De Gaulle, le voilà à vouloir servir de strapontin aux héritiers de Pétain."

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