Manuel Valls critiqué après avoir exprimé sa peur du FN
"J'ai peur pour mon pays, j'ai peur qu'il se fracasse contre le Front national", a déclaré le Premier ministre dimanche 8 mars. Ces propos font réagir de nombreux responsables politiques.
"Mon angoisse, puis-je vous parler de mon angoisse, de ma peur pour le pays ? C'est le FN à 30%, pas au deuxième tour, mais au premier tour des élections départementales." Le Premier ministre, Manuel Valls, a fait part, dimanche 8 mars sur i-Télé, Europe 1 et Le Monde, de "sa peur" face aux gros scores promis au Front national par les sondages lors des élections départementales des 22 et 29 mars. Ses déclarations sont critiquées, à droite comme à gauche.
Dati et Bertrand "choqués"
L'ancienne ministre UMP Rachida Dati s'est dite, dans "C Politique" sur France 5, "très choquée" par les propos de Manuel Valls qui, selon elle, "font monter" le Front national. Selon elle, "quand on est Premier ministre, on n'a pas à avoir peur". Et de mettre en garde : "Il a une responsabilité [dans la montée du FN], il est au pouvoir, c'est lui qui peut agir, infléchir."
C'est aussi le choc pour le député UMP de l'Aisne Xavier Bertrand. "Qu'est-ce que je préférerais avoir des mesures chocs plutôt que des formules chocs. Manuel Valls est devenu le spécialiste de la formule choc. J'attends des mesures chocs pour l'emploi, pour lutter contre le terrorisme, des mesures chocs pour lutter contre l'insécurité", a affirmé Xavier Bertrand, invité de "BFM politique".
L'ancien ministre, candidat aux régionales dans le Nord-Pas-de-Calais et à la primaire de 2016, a jugé "surprenant que le Premier ministre devienne un pronostiqueur, alors qu'il est l'acteur qui, avec le président de la République, peut changer de politique". "Ça va bien les mots, ça va bien les discours, ça va bien les déclarations. Ce sont des résultats qu'il faut, ce sont des actes qu'il faut", a-t-il insisté.
Bayrou dénonce un "vocabulaire inadapté"
"Je trouve que le vocabulaire de la peur, de l'angoisse, ne devrait pas être le vocabulaire des gouvernants." François Bayrou, président du MoDem, invité de l'émission "Le Grand Jury" de RTL, LCI et Le Figaro, a jugé sévèrement les déclarations de Manuel Valls sur le FN.
François Bayrou estime que ce vocabulaire est "absolument inadapté". Le maire de Pau a dénoncé un "débat qui n'apporte rien, sur fond de leçon de morale". Selon l'ancien ministre, "la succession de gouvernements qui ont été dans l'incapacité de faire changer les choses dans le pays explique la situation dans laquelle on se trouve".
Pour Cosse, il ne faut pas répondre au FN "par la peur"
Même tonalité chez Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), pour qui on ne répond pas au FN "par l'angoisse" mais plutôt par la "bataille politique". "Le Front national, ce n'est pas une fatalité", a dit la responsable d'EELV dans l'émission "Tous politiques" sur France Inter, Le Parisien-Aujourd'hui en France et France 3.
"J'en ai assez qu'on agite toujours des épouvantails, du sentimentalisme, à un moment où il faut combattre. Ce n'est pas en agitant la peur que les gens vont se réveiller", a ajouté Emmanuelle Cosse. "Aujourd'hui, si tant de personnes sont dans un désespoir qui les pousse à soutenir le FN (…), il faut leur répondre sur le terrain politique en décryptant ce que propose le Front national, en regardant les actions des élus FN notamment dans les communes ou au Parlement européen, ou encore à l'Assemblée (...) et avoir un débat politique et un combat politique", a-t-elle argumenté.
Le Pen juge la "phraséologie" de Valls "assez fasciste"
Sur Europe 1, le président d'honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, va jusqu'à dénoncer une "phraséologie (...) assez fasciste" de la part de Manuel Valls. Il juge qu'il y a "un peu de délire" dans de tels propos. "Le caractère haineux de son propos, le visage transfiguré par la colère et l'indignation, tout ça me paraît être des sentiments qu'on prête assez facilement aux fascistes dans les temps anciens", explique-t-il.
Alors que Manuel Valls juge que le FN n'apporte aucune solution et n'a aucun programme, Jean-Marie Le Pen estime que "ce sont des mensonges" mais aussi "des propos dérisoires et de cour d'école" sur un parti qui existe "depuis quarante ans", rappelle-t-il. Il promet de "tenir un exemplaire du programme du FN" à la disposition du Premier ministre.
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