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Départementales : "Nicolas Sarkozy a pris une longueur d'avance"

Le politologue Bruno Cautrès décrypte pour francetv info les conséquences de la victoire de l'UMP dans ce scrutin départemental.

Article rédigé par Clément Parrot - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, lors de son discours du 29 mars 2015 à l'issue du second tour des élections départementales, à Paris. (ERIC FEFERBERG / AFP)

En remportant au moins 66 départements, la droite, menée par l'UMP, a remporté une très large victoire à l'issue du second tour de ces élections départementales, dimanche 29 mars. Un succès qui lance une dynamique et qui conforte Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP.

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Le politologue Bruno Cautrès, chercheur au CNRS, au Cevipof et enseignant à Sciences Po, analyse pour francetv info les conséquences de cette victoire de l'UMP.

Francetv info : Quelles sont les conséquences de cette victoire de l’UMP ?

Bruno Cautrès : D'abord, la victoire de la droite apparaît très nette, avec un deuxième tour qui, comme souvent sous la Ve République, a amplifié les résultats du premier tour. Ensuite, si on se concentre sur l'UMP, le vrai vainqueur c’est quand même bien Nicolas Sarkozy. 

Bien sûr, Marine Le Pen continue de son côté à valider sa stratégie et poursuit son ascension, mais elle n'avait plus rien à prouver. Alors que Nicolas Sarkozy était face à un enjeu considérable : réussir à montrer à sa famille politique que son retour pouvait être gagnant et qu’il incarnait une stratégie porteuse de victoire.

Nicolas Sarkozy a-t-il pris un avantage pour 2017 ?

Il a incontestablement marqué un point, notamment vis-à-vis d'Alain Juppé. Il vient de montrer que sa stratégie d'alliance UMP-UDI était payante et il va pouvoir désormais s'appuyer sur cette victoire. Il va être plus difficile pour Alain Juppé de déployer son jeu, en plaidant pour un élargissement au MoDem et pour une pacification avec François Bayrou.

De plus, les victoires consolident les alliances. Nicolas Sarkozy va pouvoir continuer son travail avec Jean-Christophe Lagarde et marginaliser un peu plus François Bayrou. Le président de l'UMP a donc pris une longueur d'avance, au moins au sein de sa famille politique. Il va pouvoir dire : "Ma famille était à l’agonie, j’ai décidé de mouiller la chemise, de prendre des risques, et ça paye." Pour moi, c’est un tournant, et s'il parvient à faire un doublé avec les élections régionales, la compétition à droite sera alors nettement plus simple pour lui.

Mais tout n'est pas réglé. Il reste des divisions au sein de l'UMP et il faudra observer l'horizon judiciaire de Nicolas Sarkozy. Son image est en reconstruction et celle-ci n’est pas encore achevée, mais cette victoire lui facilite la vie. Il va pouvoir continuer à se présenter comme le rassembleur et à plaider sa stratégie. De nombreux observateurs reconnaissent que le climat s'est amélioré à l’UMP et que la dynamique est lancée.

Il reste quand même à gérer le "troisième tour" de ce scrutin (l'élection des présidents de conseils généraux) avec la question du Front national…

Il faut effectivement passer le cap de ce troisième tour et Nicolas Sarkozy va être obligé de camper jusqu'au bout sur cette stratégie du "ni-ni". C’est une position très difficile à tenir, car si on désigne le FN comme l’ennemi numéro 1, il faut le combattre et appeler à voter contre lui. Et, dans le même temps, une fois qu’on a mis le doigt dans cette stratégie, il devient très difficile d’en changer. Avec cette position, Nicolas Sarkozy tente de s’adresser aux électeurs de droite tentés par un vote FN, sans s’adresser directement au Front national. C'est une manière de leur dire : "revenez dans votre famille naturelle".

Cette question du FN reste une épine dans le pied de la droite depuis la fin des années 1990. Mais je ne pense pas que l'on s'oriente vers une stratégie à l’italienne avec une réunion des droites. Ces élections départementales ont surtout apporté une nouvelle preuve de la tripartition de la vie politique française.

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