Départementales : quatre choses vues au meeting de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont
La présidente du FN était de retour dans la ville du Pas-de-Calais, vitrine de la gestion locale de son parti, pour son seul meeting de l'entre-deux tours des élections départementales.
En terrain conquis. Marine Le Pen a choisi Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) pour tenir son seul meeting de l'entre-deux tours des élections départementales, mercredi 25 mars. Dirigée par Steeve Briois depuis les dernières municipales, la ville est depuis longtemps considérée comme le laboratoire de la politique locale du FN, et la présidente du parti y a fait salle comble. Morceaux choisis.
Une surveillance policière discrète après un incendie
Voilà qui aurait pu tendre l'ambiance à Hénin-Beaumont : mercredi matin, des employés municipaux ont découvert un incendie dans les locaux du service courrier de la mairie. Deux scooters ont brûlé, et plusieurs messages y ont été inscrits, dont "A mort Briois". Un incident qui a conduit le maire, cité par La Voix du Nord, à demander "une protection renforcée" à la préfecture. Sur place, le dispositif est discret : un fourgon de police surveille l'entrée du meeting. En revanche, cet acte de vandalisme donne un argument tout trouvé à Marine Le Pen pour attaquer Manuel Valls et Nicolas Sarkozy : leurs attaques contre le FN influenceraient "les esprits faibles, comme ceux qui sont allés incendier la mairie".
Marine Le Pen superstar, même sur les terres de Briois
Dans le Pas-de-Calais, Steeve Briois est la tête de gondole du FN. "Sur les marchés, il est reconnu. (...) Sa gestion est bonne et ça commence à se savoir" assure son premier adjoint Laurent Brice avant le meeting. Mais au FN, la star reste Marine Le Pen. Un détail qui ne trompe pas : le crépitement ininterrompu des flashes, du moment où elle succède au maire d'Hénin-Beaumont à la tribune jusqu'à sa sortie de la salle, s'offrant une séance de selfies avec ses fans. "Là, je peux mourir" s'exclame Anne, la quarantaine, en contemplant le précieux cliché : "J'ai fait beaucoup de meetings de gauche dans ma jeunesse, et jamais je n'ai vu une telle proximité."
Bain de foule et selfies avec les militants pour Marine Le Pen, il n'y en a pas pour tout le monde. pic.twitter.com/ag7njGca6L
— Louis Boy (@louiscboy) March 25, 2015
A la sortie, on fait la queue pour acheter des mugs "I <3 Marine" et des briquets à son effigie, et personne ne regrette que le discours de Steeve Briois n'ait duré qu'une dizaine de minutes. On en oublierait presque que les candidats du FN au second tour des élections départementales étaient également présents : ils sont restés assis aux premiers rangs.
Un discours aux airs de "one woman show"
D'entrée de jeu, Marine Le Pen fustige le PS et l'UMP, accusés d'avoir "zéro programme", si ce n'est faire battre le FN. Pourtant, après près d'une heure de discours, difficile de se faire une idée du programme du Front national dans les départements, et dans le Pas-de-Calais en particulier, si ce n'est balayer ses deux adversaires. L'essentiel de son discours, mercredi soir, est consacré à dénoncer la connivence et le mépris pour le peuple de ce qu'elle appelle l'"UMPS".
Une idée martelée à coups de bons mots. Manuel Valls et Nicolas Sarkozy, copieusement hués à chaque mention de leur nom, ont le "même vocabulaire, la même hargne, la même agitation, le même look", et leurs partis devraient organiser "des meetings communs, puisqu'ils disent la même chose". "Je leur ai trouvé un surnom, le ROM, rassemblement des organisations mondialistes" appuie-t-elle sous les rires complices des militants qui trouvent ça "bien trouvé". Derrière le second degré, ses supporters trouvent, comme Eric, que Marine Le Pen "dit beaucoup de vérités sur le monde politique d'aujourd'hui". Pour une groupe de militants croisés à la sortie, ces attaques ne sont qu'une juste réponse au "mépris" qu'ils ressentent de la part de leurs adversaires politiques.
De la satisfaction et de l'ambition à tous les étages
Si elle parle peu du Pas-de-Calais, Marine Le Pen distribue quelques compliments, évoquant une fois les candidats aux départementales dans les deux cantons d'Hénin-Beaumont, pour saluer leurs scores, qui leur auraient permis d'être élus au premier tour sans le vote des communes alentour. Elle rappelle également le titre d'élu local de l'année, attribué en janvier à Briois, qui lui-même ne peut s'empêcher de citer les compliments d'un ancien député PS du département qui concédait, mardi dans La Voix du Nord, "qu’ils se débrouillent pas mal jusqu’ici ces gaillards". Rires satisfaits dans le public, où personne ne tarit d'éloges sur la politique du nouveau maire.
Mais les départementales ne sont qu'une étape. Marine Le Pen clôt son discours en affichant ses ambitions : elle pronostique la victoire du FN dans quatre des treize nouvelles régions dont les élus seront renouvelés en décembre. Plus tôt, sur France 3, elle jugeait particulièrement "gagnable" la future région Nord-Pas-de Calais-Picardie. Restera alors une ultime étape : Marine Le Pen n'a pas le temps de dire "objectif Elysée" que les "Marine Présidente" retentissent déjà dans la salle des fêtes d'Hénin-Beaumont.
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