Café République. Des Français d'origine asiatique réclament "la sécurité pour tous"
Chaque semaine, jusqu'au 23 avril, premier tour de la présidentielle, franceinfo donne la parole à des électeurs. Nouvelle étape mercredi, à la rencontre des Français d'origine asiatique.
Comme chaque semaine avant le premier tour de l'élection présidentielle, Café République donne la parole à celles et ceux qu'on entend peu ou pas pendant les campagnes électorales. Après les travailleurs pauvres à Bordeaux, les lycéens dans le Val-d'Oise, les retraités de Saint-Nazaire, les médecins et sages-femmes en Ile-de-France, les "mamans de banlieue" en Seine-Saint-Denis et les personnes handicapées à Marseille, franceinfo est allé, mercredi 5 avril, à la rencontre des Français d’origine asiatique.
Jackie est chef d’entreprise, Régis est cadre dans une société de travaux publics, Anne et Catherine sont étudiantes. Ils ont plusieurs fois manifesté ces jours-ci pour exiger la justice et la vérité après la mort d’un père de famille chinois, tué il y a 10 jours par un policier dans des conditions controversées. Mais au-delà de cet événement, depuis quelques années, ces Français d’origine asiatique se sentent ciblés par des actes racistes.
Français mais considérés comme immigrés
"Dans mon entreprise, quand je dis que je suis français, des gens rigolent encore. Il y a vraiment ce clivage entre les Français de souche et les immigrés qui sont devenus français", regrette Régis. Catherine approuve et indique que, quelques fois, quand elle entre dans un magasin à Paris, on lui parle anglais : "J'ai une tête de Chinoise, donc je suis chinoise pour eux".
Cette différence, Régis explique l'avoir ressentie la première fois qu'il est arrivé à Paris. "On catalogue les gens" dès l'école, selon le cadre. Ce racisme envers la communauté asiatique est devenu quelque chose de banal, selon Régis : "Quand une blague est faite sur un Asiatique, on estime que c'est une blague et pas du racisme." Régis voudrait être considéré comme français, puisqu'il l'est : "Nous sommes français, on paye des impôts, on va à l’école qui est un établissement de la République, on travaille en France".
Liberté, égalité, fraternité et "sécurité"
"Les rassemblements c’est pour montrer qu’on a l’impression de n’être pas compris", explique Anne qui attend "plus de sécurité, plus de compréhension". L'étudiante indique que ses parents ne parlaient pas français, que c'était donc "plus compliqué de s’intégrer, de se faire écouter". Mais aujourd'hui, elle aimerait que le futur président de la République prenne en compte ce qu'ils "vivent", voire "subissent".
Pour Jackie, "le problème de l’insécurité n’est pas spécialement un problème de la communauté asiatique". Selon cette chef d'entreprise, c'est toute la France qui est concernée. "On ne peut pas avoir une police dans toute la rue, derrière chaque délinquant, donc il faut avoir une réforme pénale pour que lutter contre l’insécurité soit efficace", dit-elle. Jackie, Anne et Régis ne demandent pas plus de sécurité pour la communauté asiatique mais pour tous.
La sécurité est un droit qu'on a tous
Régisfranceinfo
Jackie, qui vit depuis 20 ans en France, ne voit pas d’amélioration, bien au contraire. "C’est plutôt de pire en pire, dit-elle, surtout dans les quartiers défavorables". Et même si elle est inquiète, Anne ne se voit pas quitter la France, "c’est ma maison, c’est mon pays".
Jackie, Hélène, Anne et Régis iront voter le 23 avril, pour le premier tour de l'élection présidentielle, avec cette préoccupation majeure de la sécurité au moment du grand choix.
Réécoutez l'intégralité de Café République, à la rencontre de Français d'origine asiatique.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.