On vous explique pourquoi le taux du livret A est maintenu à 3% malgré l'inflation
C'est "une décision majeure" et "une bonne nouvelle", a salué Bruno Le Maire, jeudi 13 juillet, sur TF1. Le ministre de l'Economie et des Finances a suivi les recommandations de la Banque de France en maintenant le taux du livret A à 3%. Il s'est également engagé à ne pas le réviser à la baisse avant janvier 2025.
Pour la deuxième fois consécutive cette année, le taux du livret A n'a pas suivi l'inflation, alors qu'il le devrait, selon ses modalités de calcul habituelles. Alors que la hausse des prix s'élève à 4,5% sur un an, d'après les derniers chiffres communiqués en juin par l'Insee, le taux du livret A aurait pu être porté à plus de 4% au 1er août. Franceinfo décrypte les raisons de cette décision.
Pour ne pas pénaliser le logement social
Bruno Le Maire a évoqué des "raisons d'intérêt économique national" pour justifier sa décision de ne pas revaloriser le taux du livret A. Comme ce placement sert à financer les logements sociaux et les entreprises, une hausse de son taux aurait augmenté "le coût du crédit pour les PME, qui ont besoin d'investir", a argumenté le ministre de l'Economie.
Autre conséquence : l'augmentation "du crédit pour le logement social" aurait provoqué "des dizaines de milliers de logements sociaux" en moins, selon Bruno Le Maire. "A chaque fois que le livret A augmente, mécaniquement, ça fait augmenter le taux auquel les constructeurs de logements sociaux se financent, explique Maxime Chipy, le président de MoneyVox.fr, média spécialisé dans les finances, sur France 2. C'est pour ça aussi que le gouvernement a décidé de calmer un peu le jeu sur le taux du livret A."
"Cette mesure sur la durée nous permet d'avoir de la visibilité", a souligné pour sa part Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat (USH). "Le maintien d'un taux à 3% est un jalon important." Car une hausse à 4% "aurait eu pour impact un nouvel enchérissement de la charge financière des bailleurs sociaux de l'ordre de 1,4 milliard d'euros en année pleine (...) dans un contexte de ralentissement continu de la production neuve de logements sociaux", relève l'USH dans un communiqué.
Pour encourager la consommation
En maintenant le taux du livret A à 3%, le ministre de l'Economie évite aussi de donner un coup de fouet à l'épargne, au détriment de la consommation. Pour le gouverneur de la Banque de France, cette mesure était indispensable, car il juge ce taux à 3% "trop élevé". "Alors que l'épargne réglementée n'a pas d'équivalent chez nos voisins européens", François Villeroy de Galhau a estimé qu'une hausse à 4% aurait été "préjudiciable à notre activité économique et à la croissance".
"La consommation est en baisse en France et de ce fait, cela joue contre la croissance", confirme Philippe Crevel, le directeur du Cercle de l'épargne, à France 2. Depuis un an, face à l'érosion du pouvoir d'achat, les Français ont préféré mettre de l'argent de côté et moins dépenser. Le livret A a même enregistré un record de dépôts depuis le début de l'année 2023, avec près de 25 milliards d'euros épargnés. Or, la consommation reste le principal moteur de la croissance.
Pour favoriser d'autres placements
En attendant que ce ralentissement de l'inflation se confirme, Bercy préconise, pour les Français qui y sont éligibles, de basculer sur le livret d'épargne populaire (LEP). Réservé aux ménages les plus modestes, celui-ci profite à près de 10 millions de personnes, mais la moitié d'entre elles ont déjà atteint le plafond de 7 700 euros. En conséquence, comme le préconisait également la Banque de France, le ministère annonce porter ce plafond à 10 000 euros. Autre mesure destinée faire passer la pilule du maintien à 3% : le taux du LEP passe, lui, à 6%.
Le ministre invite également les Français à se saisir davantage des Plans épargne logement (PEL). Détenus aujourd'hui par environ 12 millions d'épargnants, ils pourront, dès à présent, être débloqués immédiatement pour financer des travaux de rénovation énergétique.
En optant pour la stabilité, le gouvernement devrait également satisfaire la Caisse des dépôts et consignations et les banques, qui gèrent les montants déposés et doivent donc rémunérer les épargnants. Une hausse du taux du livret A les aurait contraintes à verser plus d'argent.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.