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Faut-il conserver son Livret A, malgré la baisse du taux à 0,75% ?

La Banque de France a réussi à faire diminuer le taux du Livret A de 1% à 0,75%. Si les Français s'inquiètent et ont tendance à retirer leur argent de ce placement, cette réaction n'est pas toujours la plus avantageuse. 

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Durant les six premiers mois de 2015, les Français ont retiré 2,45 milliards d'euros de leur Livret A. (GIANNI DILIBERTO / FSTOP)

C'est le placement le plus utilisé en France. Neuf Français sur 10 possèdent un Livret A. Mais son taux de rémunération ne cesse de baisser. Au 1er août, il passera à 0,75%, a annoncé lundi 20 juillet le ministère des Finances, suivant les recommandations de la Banque de France. Il atteindra alors son niveau le plus bas depuis la création du Livret A en 1818. 

Une nouvelle qui devrait confirmer un phénomène observé de plus longue date. Depuis août 2014, les retraits d'argent sur les Livrets A sont bien plus nombreux que les dépôts, comme le souligne L'Obs. Sur les six premiers mois de l'année 2015, 2,45 milliards d'euros ont déjà été retirés des comptes.

Faut-il conserver ses économies sur son Livret A ? Francetv info pèse le pour et le contre.  

Oui, ça ne va pas changer grand-chose

Si le Livret A est plafonné à 22 950 euros, seul un compte sur 10 dépasse les 15 000 euros. Sur des montants majoritairement faibles donc, le changement de taux a un impact assez restreint. "Pour un livret moyen de 4 000 euros, ça fait 10 euros de moins par an. Cela ne va pas changer l'équation de l'épargne. Le Livret A est un produit à court terme, d'épargne de précaution. On ne faisait pas fortune hier avec le Livret A, on ne fera pas fortune demain", explique Philippe Crevel, le directeur du Cercle de l'Epargne, contacté par francetv info. 

Oui, il reste un placement pratique et avantageux

Conserver son Livret A, c'est garder un produit d'épargne simple et sûr. Même à 0,75%, son taux de rémunération reste supérieur à l'inflation (+0,5% en 2014, selon l'Insee), et n'est pas imposable. "Le Livret A rapporte encore. L'épargnant ne gagne pas beaucoup mais, surtout, il ne perd pas", souligne Philippe Crevel. D'autant plus que l'épargne placée sur un Livret A est immédiatement utilisable. "Il ne faut certes pas y mettre toutes ses économies, mais il aide à faire face à des coups durs, à se payer des vacances, ou à supporter des frais scolaires", poursuit l'économiste, qui rappelle qu'un Livret A reste toujours plus intéressant qu'un compte courant, qui rapporte plus à la banque qu'au client. 

Non, d'autres placements sont plus judicieux

Pourtant, Bertrand Boré, le président-directeur général d'Expert & Finance, société spécialisée en conseil de gestion de patrimoine, ne conseille pas à ses clients de souscrire au Livret A. "C'est un mauvais placement quel que soit le montant. D'autres contrats sont bien plus avantageux, comme les assurances-vie, qui sont de plus en plus souples", remarque-t-il. 

Pour les plus économes, qui dépasseraient le plafond du Livret A (fixé à 22 950 euros), il reste la solution du Livret de développement durable. Avec un taux à 0,75% à compter du 1er août, un plafond de 12 000 euros et les mêmes exonérations fiscales que le Livret A, le LDD peut être un bon complément. 

Pour les plus modestesle Livret d'épargne populaire peut être une meilleure solution. Son taux passera à 1,25% au 1er août. Tout comme le Livret A, il est exonéré d'impôts. Vous ne pouvez par contre y placer que 7 700 euros maximum. Seule condition, ce placement n'est ouvert qu'à certains épargnants, en fonction de leur revenu imposable (19 235€ pour une part fiscale).

Pour ceux qui peuvent se permettre de bloquer leur épargne, d'autres solutions sont possibles. Pour économiser pour la retraite par exemple, mieux vaut souscrire à une assurance-vie. "Elle représente aujourd'hui 1 500 milliards d'euros", détaille Philippe Crevel. Ses taux vont de 2% minimum à plus de 3,5% pour certaines, comme le montre l'analyse des différents contrats réalisée par L'Express. Les frais d'entrée d'une assurance-vie peuvent être élevés (de 2 à 4%), mais, s'ils sont amortis, un tel contrat rapporte sur le long terme. Les impôts prélevés baissent d'ailleurs au fil des années.

Les Plans d'épargne logement (PEL) sont également une solution envisageable. Ils sont rémunérés au minimum à 2%, et le taux reste le même que celui en place lors de la signature du contrat. Sa fiscalité est légère, puisque, au bout de quatre ans, le client ne doit payer que les prélèvements sociaux. Inconvénient : l'argent reste bloqué pendant quatre ans et le PEL doit être alimenté de versements d'un montant minimum de 540 euros par an. 

Pour les plus gourmands, enfin, il reste la Bourse, qui promet des rémunérations plus élevées. Vous pouvez alors miser sur un PEA, plan d'épargne en actions. Il permet aux particuliers d'avoir un portefeuille d'actions sur lequel le client va verser de l'argent pour acheter des titres. Le plafond atteint 150 000 euros pour un PEA classique. Mais les opérations sont beaucoup plus risquées. Vous pouvez perdre votre capital. 

... mais le Livret A finance le logement social

En 2013, le fonds d'épargne pour le logement social et les collectivités de la Caisse des dépôts, largement alimenté par le Livret A et le LDD, a prêté 21 milliards d'euros pour la construction de logements (lien en PDF). Cela représente 110 000 places et la réhabilitation de 253 000 logements, comme le rappelle BFMTV. Pour la Caisse des dépôts, la baisse du taux du Livret A est primordiale. Un taux de 1% serait l'équivalent de "la non-construction" de 5 000 logements sociaux par an, comme l'explique RTL. Et la décollecte du Livret A pourrait avoir des conséquences sur le financement du parc social. 

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