Le décret autorisant le ticket-restaurant à se moderniser est paru au Journal officiel vendredi. Il donne le coup d'envoi du dépoussiérage d'une institution datant d'une cinquantaine d'années. Lecoup de jeune sera visible à partir du 2 avril. Une carte à puce rechargeable etune application sur un téléphone mobile vont permettre une gestion simplifiéedu système, attendue par 182.000 commerçants et restaurateurs, toutefois vigilants sur le prix à payer de la révolution. Les avantages pour les utilisateurs La version numérique du chèque-repas prévoit un seuil dedépense quotidienne à 19 euros, soit en gros la valeur de deux tickets, dont lavaleur moyenne est à 7,31 euros. Bientôt, les stagiaires pourront d'ailleurs en bénéficier. Le titulaire de la carte à puce rechargeablepourra alors obtenir la garantie d'un débit aucentime près, sans avoir à rajouter une pomme ou une demi-baguette pour avoirl'impression de ne pas être perdant.En principe, il n'y a pas de rendu de monnaie sur unticket. C'est donc la fin des calculs pendant la course ou le repas et même la fin de la chasse à la monnaie pour compléter le ticket. C'est aussi l'avantagede pouvoir acheter un produit chez un commerçant et un complément de repas chez le voisin.Les limites aussi passent au numériqueComme pour la version traditionnelle, l'utilisation de laversion numérique du ticket-resto sera soumise à des obligations. Saufexception réglementée, le système n'est pas utilisable le dimanche et les joursfériés. Des commerçants ferment parfois les yeux sur le paiement dominical desfamilles attablées, mais le décret a prévu la fin de la mansuétude : il demande aux émetteurs destickets, de prévoir "une fonctionnalité de blocage automatique du paiement". Des commerçants moins réticents182.000 commerçants et restaurateurs sont affiliés ausystème des tickets-restaurants. Ceux qui n'adhèrent pas évoquent un tracasadministratif dans le tri des formules, les envois distincts pourles remboursements et surtout la récupération de la trésorerie. Il estquestion, avec la modernisation d'une simplification et d'un remboursementautomatique en 48h, en fonction des contrats passés avec les émetteurs.Les accords vont-ils changer ?La révolution numérique est saluée par les émetteurs dechèque-déjeuner : ils sont quatre acteurs historiques à se partager un marché depuis peu concurrencé par deux jeunes entrants, qui misent justementsur le numérique.Mais leur satisfaction n'a pas caché la colère de plusieurssyndicats professionnels de la restauration. Ils dénoncent des hausses decommission de la part d'un des "vendeurs" de ticket-resto et une flambéegénéralisée au marché, sous le prétexte de la modernisation, un marché juteux à 5,1 milliards d'euros.Les plaintes àpropos du nouveau ticket resto sont déjà arrivées au ministère du Commerce.