Vos appareils électroménagers n'affichent plus la bonne heure ? On vous explique ce bug
Les appareils électroménagers branchés sur secteur affichent un retard de quelques minutes. En cause : un conflit diplomatique entre la Serbie et le Kosovo.
C'est un détail qui peut faire tourner chèvre. Depuis quelque temps, votre micro-ondes ou votre radio-réveil n'affiche jamais la bonne heure ? Cela n'a rien d'une malédiction. Les horloges des appareils électriques affichent bien un retard de six minutes, avertit l'association ENTSO-E, qui représente les gestionnaires de réseau de transport d'électricité au niveau européen, dans un communiqué publié mardi 6 mars. En cause : un conflit dans les Balkans qui se répercute sur le réseau électrique européen. Ça vous paraît absurde ? On démêle les fils de cette affaire.
Pourquoi l'horloge de votre four est-elle en retard ?
Pour donner l'heure, certains appareils électriques se synchronisent sur la fréquence du courant électrique, qui est maintenue à 50 hertz en Europe continentale. Or, depuis la mi-janvier, la fréquence a baissé très légèrement, aux alentours de 49,996 hertz. Cette baisse, minime, provoque un retard de quelques secondes. Mais, au fil du temps, ce retard s'accumule, jusqu'à atteindre six minutes aujourd'hui.
Tous les appareils sont-ils concernés ?
Non. Seuls sont concernés les appareils sur secteur qui se synchronisent sur la fréquence du courant électrique : notamment les fours, les micro-ondes, les frigos, les cafetières… "Mais ce type d'appareils électriques a tendance à disparaître, nuance Claire Camus, porte-parole de l'association ENTSO-E, contactée par franceinfo. Beaucoup utilisent maintenant d'autres technologies."
Ainsi, tous les appareils connectés par satellite, comme les smartphones et les montres connectées, ne sont pas concernés. Il en va de même pour les appareils à quartz qui fonctionnent grâce à des piles.
Mais d'où ça vient ?
Pour bien comprendre cette baisse de fréquence, il faut savoir que chaque pays européen fournit de l'électricité au réseau électrique européen. Cette interconnexion des réseaux repose sur la solidarité énergétique : à chacun de founir une certaine quantité d'électricité pour que la production reste stable. Cela nécessite une complémentarité des différentes sources de production.
"Chaque pays a une responsabilité de maintenir cet équilibre afin de pouvoir toujours répondre à la demande, poursuit Claire Camus. Quand, ponctuellement, il y a un souci technique dans un pays, les autres jouent la solidarité et fournissent un surplus d'électricité." Sauf que là, il ne s'agit pas d'un problème technique, mais d'une question géopolitique.
L'ENTSO-E accuse le Kosovo de volontairement réduire sa production d'électricité. Dans le même temps, la Serbie, responsable de l'équilibre en fourniture d'électricité de la région des Balkans, refuse de produire plus pour compenser. Une conséquence des relations tendues de longue date entre Belgrade et son ancienne province, dont la Serbie ne reconnaît pas l'indépendance. Les deux pays ont signé un accord au sujet de leur réseau électrique en 2015, mais des différends bloquent toujours son application.
Cela va durer encore longtemps ?
En communiquant, l'ENTSO-E veut justement "stopper la déviation". En clair, elle réclame que le Kosovo fournisse à nouveau son quota d'électricité. "On assiste vraiment à un blocage, mais désormais il y a une prise de conscience", assure Claire Camus.
Mais il faut aussi rattraper ce retard accumulé. Et, pour ce faire, les autres pays européens vont devoir fournir un surplus d'électricité, pour augmenter légèrement la fréquence du courant électrique et faire avancer nos horloges un peu plus vite. "Reste à savoir comment vont se répartir les coûts", précise la porte-parole de l'ENTSO-E. D'autres réunions doivent avoir lieu dans la semaine pour régler cette question. Mais l'association a bon espoir que la situation revienne à la normale dans les semaines à venir.
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