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Un plan de rigueur en "économies de bouts de chandelle"

Pour éviter une "faillite" de la France, le premier ministre François Fillon a annoncé un nouveau plan de rigueur, vivement critiqué par les économistes.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre François Fillon, lors d'une conférence de presse à l'Hôtel Matignon, à Paris, le 7 novembre 2011. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Trop axé sur l'augmentation des recettes fiscales ; insuffisant à rassurer les marchés et préserver la précieuse note "triple A" de la dette française. C'est le jugement des économistes après l'annonce par le premier ministre François Fillon d'un nouveau plan de rigueur, lundi 7 novembre.

Le plan s'ajoute à celui présenté en août et tient compte, lui aussi, d'une baisse de la prévision de croissance de l'économie française l'an prochain. Il porte pour 2012 sur un montant de 7 milliards d'euros, que le gouvernement dit vouloir équilibrer entre recettes et dépenses.

Des "économies de bouts de chandelle"

Pourtant, l'annonce "ne devrait apaiser aucune des inquiétudes qu'ont certains acteurs du marché sur la note AAA du pays", tranchent dans une note les économistes de Crédit Suisse.

"La vérité, c'est qu'il y a des augmentations d'impôts beaucoup plus importantes que les réductions de dépenses", juge Elie Cohen, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). 

Or, les économistes s'accordent pour dire que "les plans les plus efficaces sont ceux qui reposent davantage sur les réductions de dépenses et accessoirement sur les augmentations de recettes".

"La promesse des grandes réformes structurelles permettant de réduire le poids de la dépense publique n'a pas été respectée dans le quinquennat. Ils sont acculés aux mêmes logiques d'économies de bouts de chandelle", estime Thomas Chalumeau, du groupe de réflexion de gauche Terra Nova.

L'impact sur la croissance, "cœur du sujet"

Charles Wyplosz, de l'Institut universitaire des hautes études de Genève, voit "une bonne mesure" dans l'accélération de la réforme des retraites, mais juge qu'un départ à 62 ans ne suffit pas. "Ce serait un exemple du sérieux de la France qu'elle dise que dans cinq ans on passe à 67 ans".

Car, selon lui, les agences de notation regardent plus le long terme et la croissance. Pour Elie Cohen, "le doute sur la France [et le maintien du triple A] ne cesse d'augmenter tous les jours". Il estime cependant que "formellement", il suffira à Paris de respecter ses engagements pour qu'il n'y ait pas de risque de perte "à court terme" de cette note.

Mais sur le long terme, "les agences de notation pourront nous dire : 'pour respecter vos engagements de déficits, vous détruisez la croissance et minez vos capacités de soutenabilité financière'". Et Thomas Chalumeau de renchérir : "L'impact sur la croissance en 2012 de ce nouveau tour de vis" est "le cœur du sujet".

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