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Trois raisons (plus ou moins fondées) à la crise financière de 2008

Hormones, drogues, ordres automatisés... plusieurs spécialistes ont leurs explications. Petite sélection.

Article rédigé par franceinfo
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Des traders à Wall Street, la Bourse de New York (Etats-Unis), le 15 avril 2013. (SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Alors que bon nombre de pays ne voient pas le bout de la crise actuelle, les spécialistes continuent de chercher les causes de la tempête financière de 2007-2008. Apparue pendant l'été 2007 aux États-Unis, elle s'est accélérée avec la faillite de la banque Lehman Brothers, en septembre 2008. Parmi les raisons avancées pour expliquer cette débâcle, Francetv info en a sélectionné trois, plus ou moins loufoques.

1La cocaïne

C'est la thèse du neuropsychopharmacologue britannique David Nutt. Dans une interview accordée au Sunday Times, et rapportée mercredi 17 avril par le quotidien britannique The Independent (lien en anglais), le scientifique explique que la cocaïne a sans doute joué un rôle important dans cette catastrophe financière. Selon lui, l'état provoqué par l'absorption de cocaïne (excitation et excès de confiance) a encouragé les traders à prendre des risques. "Leur culture de l'excitation, d'aller toujours plus loin, plus loin, plus loin... nous a mené dans ce terrible bordel", analyse le médecin.

Ancien conseiller du gouvernement britannique sur les questions de drogues, David Nutt est un spécialiste controversé. BFMTV rappelle qu'il a été licencié "après avoir déclaré que consommer un ecstasy n'était pas plus nocif que de monter à cheval". Cependant, son point de vue sur les traders est également partagé par un éditorialiste du renommé quotidien britannique The Guardian(lien en anglais). Dans un article paru le 15 avril, il raconte son expérience auprès de banquiers et évoque "des bouffons cocaïnomanes ravagés".

2Les hormones

En 2008, des chercheurs de l'université de Cambridge ont montré que les humeurs des marchés boursiers pourraient avoir une cause hormonale, rapportait alors Le Figaro. Plus précisément, la testostérone, principale hormone sexuelle mâle, pourrait être en cause. En effet, les courtiers avec un taux élevé de testostérone ont davantage tendance à prendre des risques et réalisent plus de gains boursiers, résumait le quotidien canadien Le Devoir, repris par Courrier International.

"L'augmentation des niveaux de testostérone et de cortisol [une autre hormone stéroïdienne] prédispose les courtiers à prendre des risques", résumait John Coates, coauteur de l'étude et ancien courtier. "Cependant, si la testostérone devient excessive dans l'organisme – comme cela peut facilement se produire dans des situations de bulles spéculatives, le goût du risque peut devenir obsessionnel", ajoutait-il.

3Le trading algorithmique

Cette pratique boursière, qui consiste à passer des ordres automatisés à des vitesses très élevées, est, selon certains, une des causes de la tempête financière de 2007-2008. Elle a justement connu un essor important depuis 2007, comme l'indiquait Le Monde en août 2012. La technique est désormais devenue courante. "Aux Etats-Unis, plus de 75 % des institutions financières et 95 % des traders institutionnels utilisent des stratégies de trading algorithmique", indiquait encore Le Monde en 2011. 

Quels sont les risques de cette méthode ? "C'est la spéculation qui serait privilégiée par rapport à l'investissement", écrivait L'Express en 2011. Selon le gendarme de la Bourse français, l'AMF, cette forme de trading serait porteuse d'un risque d'effet domino. Si sa responsabilité dans la crise de 2008 n'est pas établie, cette méthode est mise en cause dans le "krach éclair" qui a ébranlé Wall Street au début du mois de mai 2010, provoquant une violente chute du Dow Jones, en quelques minutes. Une erreur dans la programmation des machines pourrait être à l'origine de cette brusque chute. "Les études s'accumulent sur la responsabilité du trading à haute fréquence dans l'accroissement de la volatilité et de la probabilité de krach", expliquait un spécialiste à La Tribune en 2012.

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