Un conducteur de train a-t-il abandonné des blindés de l'armée en gare de Libourne parce qu'il avait fini sa journée de travail ?
Un train de fret transportant des blindés de l'armée a bien été laissé par son conducteur en gare de Libourne. Mais il s'agit là d'"un cas d'exploitation normal", assure la SNCF. "La procédure a été respectée", confirme un représentant de la CFDT Cheminots. Et la gendarmerie s'est occupée de la surveillance du convoi sensible.
Jeudi 4 juillet au soir, un train de fret s'arrête en gare de Libourne (Gironde). Ses wagons transportent un chargement peu ordinaire : des véhicules blindés de l'armée française en partance pour la région parisienne – la base aérienne de Brétigny-sur-Orge précisément – où ils doivent être utilisés pour des répétitions en vue du défilé du 14-Juillet. Le convoi est laissé là par son conducteur, qui a fini sa journée de travail. La cargaison très spéciale va rester stationnée sur une voie pendant plusieurs heures, le temps qu'un nouveau chauffeur arrive, selon le récit fait par Sud Ouest, dont France 3 Nouvelle Aquitaine et franceinfo ont obtenu confirmation.
Les péripéties de ce train de fret chargé de blindés ont été abondamment relatées par les médias et ont suscité de vives réactions.
alors la c est le pompon Il avait fait ses heures : le conducteur abandonne le train transportant les blindés du 31e régiment de Castelsarrasin .... https://t.co/mKVi2j9clj
— Dominique LUNEL (@DominiqueLUNEL) July 8, 2019
Des blindés laissés sur une voie… parce que le conducteur du train estimait avoir "fait ses heures"…
— Frederic de Zarma (@FredZarma) July 7, 2019
Je lui souhaite de ne pas être laissé, ouvert, sur une table d'opération parce que le chirurgien estimera "avoir fait ses heures".#MentalitéDeMerdehttps://t.co/Z7rvsadnLq
De nombreux internautes se sont indignés : comment un conducteur de train a-t-il pu abandonner ainsi une telle cargaison, au motif qu'il n'allait tout de même pas faire des heures supplémentaires ? La réalité est plus prosaïque, comme l'ont confirmé les différentes sources de franceinfo.
"Des plages horaires de conduite" à respecter
Le convoyage de ces blindés était opéré par la filiale fret de la SNCF. Les véhicules, qui appartiennent au 31e régiment du génie de Castelsarrasin, ont été chargés à bord du train à Vayres, où ils étaient stationnés au sein de la 11e base de soutien du matériel de l'armée de terre. Mais le chargement a pris "quatre heures de retard", relate Stéphane Tartar, secrétaire national de la CFDT Cheminots. "Ce sont des choses qui arrivent" lors de telles opérations, confirme la SNCF.
Or, comme les chauffeurs routiers, "les conducteurs de train ont des plages horaires de conduite au-delà desquelles ils n'ont plus le droit de conduire", explique l'entreprise. "Les chauffeurs sont assujettis à des horaires de conduite. S'ils explosent leur temps de conduite, en cas d'incident, ils peuvent être tenus pour responsables", fait valoir le dirigeant syndical.
Des blindés pas laissés sans surveillance
Le conducteur a donc demandé à être relevé par un collègue et la relève a été organisée à Libourne, où le train a été garé sur une voie de service libre, "en accord avec le poste de commandement", souligne le syndicaliste de la CFDT Cheminots. "La procédure a été respectée", assure-t-il. "Tout s'est passé le plus normalement du monde", confirme la SNCF.
Si le train s'est retrouvé sans conducteur pendant quelques heures, les blindés n'ont pas été laissés sans surveillance pour autant. "Le peloton de surveillance et d'intervention de la compagnie de Libourne est intervenu pour sécuriser", indique la gendarmerie nationale. Et une fois le nouveau conducteur de train arrivé, le convoi a pu reprendre le rail jusqu'à sa destination du jour : la gare de triage d'Hourcade à Bègles, aux portes de Bordeaux, à moins d'une quarantaine de kilomètres de là.
"Il n'y a eu aucun dommage pour le client", assure la SNCF, qui évoque "un cas d'exploitation normal du ferroviaire, monté en épingle". L'entreprise déplore "un cas typique de 'cheminot-bashing'" et dénonce ce "cliché du cheminot qui abandonne son poste parce qu'il ne veut pas dépasser son temps de travail".
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