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Covid-19 : les normes de filtration d'air de la SNCF "ne sont pas adaptées", selon un chercheur

"De temps en temps on remarque que les prises d'air sont fermées ou que les sondes ne marchent plus. Cela conduit à des excès de CO2", rapporte Bruno Andreotti qui préconise notamment des filtres de meilleure qualité.

Article rédigé par franceinfo
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Une rame SNCF (illustration). (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

"Les normes de la SNCF ne sont pas adaptées au Covid, mais plutôt aux conditions normales de travail", alerte samedi 5 juin sur franceinfo le chercheur à l'École normale supérieure (ENS), Bruno Andreotti. Un rapport de l'inspection du travail du Rhône, dévoilé par Mediapart [article payant], fait état d'un taux de CO2 bien trop élevé dans les rames et d'un renouvellement de l'air insuffisant. Le professeur de physique à l'Université de Paris affirme que, parfois, "des prises d'air sont fermées" ou que "les sondes ne marchent plus".

franceinfo : Ce rapport de l'inspection du travail vous inquiète-t-il ?

Bruno Andreotti : Il ne faut pas créer de psychose, mais les taux sont trop élevés. Ce qu'on considère comme une bonne norme de ventilation dans les espaces qui accueillent du public masqué, c'est 800 ppm (partie par million) de CO2. La SNCF répond que le seuil est relevé à 5 000 ppm pour le ferroviaire. Sauf que les normes de la SNCF ne sont pas adaptées au Covid, mais plutôt aux conditions normales de travail. Il faut pourtant des efforts dans tous les espaces publics pour continuer à avoir la descente épidémique qu'on connaît depuis cinq semaines. Beaucoup de voyageurs équipés de capteurs de CO2 rapportent leurs mesures sur les réseaux sociaux. De temps en temps, on est dans les normes SNCF, qui sont déjà trop élevées, et de temps en temps, on remarque que les prises d'air sont fermées ou que les sondes ne marchent plus. Cela conduit à des excès de CO2. Une autre chose pointée par le rapport, c'est qu'il y a carrément des wagons, des remorques TGV dans lesquels la ventilation s'est désactivée après passage dans un tunnel ou dans des circonstances particulières.

Au contraire des avions, les TGV ne sont pas équipés de filtres à haute performance. En quoi est-ce un problème ?

Dans tous les espaces de ce type, on a une partie de ventilation, c'est-à-dire de remplacement d'air vicié par de l'air frais, et une partie de climatisation, c'est-à-dire dans lequel on reprend l'air vicié et on le retraite en température, en humidité et en filtration pour le renvoyer. Dans les trains, c'est dans l'air qui arrive le long des fenêtres.

"On a seulement un tiers d'air neuf et deux tiers qui recycle la cabine. Si on n'enlève pas les particules virales avant de les renvoyer le long des fenêtres, ça aggrave les choses puisqu'on augmente la circulation des particules virales."

Bruno Andreotti, chercheur à l'ENS

à franceinfo

Donc, il faut absolument le bon niveau de qualité de filtre, c'est-à-dire des trous suffisamment petits pour arrêter les particules virales qui font une fraction de micron. C'est beaucoup plus petit qu'un cheveu. Pour l'instant en France, ce sont des filtres assez grossiers qui arrêtent les grosses poussières. On peut s'en prémunir en mettant des masques de qualité et des FFP2 bien collés au visage, des masques chirurgicaux plaqués par un masque.

Le masque garantit-il de nous prémunir contre des contaminations, même pour des voyages de plusieurs heures assis à côté d'un autre passager ?

Ça ne garantit jamais. On ne peut pas éviter qu'il puisse y avoir des petites fuites le long du masque. Mais en faisant un tout petit peu attention, on descend à des niveaux de risque très bas. Ca suppose soit que les wagons restaurants ne rouvrent pas le 9 juin, soit qu'il y ait un effort particulier de purification d'air dans ces wagons-là. Par exemple, en Italie, ces dernières semaines, il y a eu un investissement de 50 millions d'euros pour équiper tous les TGV italien de filtres qui donnent des normes de qualités d'air acceptables.

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