A Montpellier, la nouvelle gare TGV ne devrait accueillir que quatre trains par jour
Après une réunion avec la SNCF, la présidente de la région, Carole Delga, a décidé de suspendre son engagement financier dans la gare de la Mogère, dont l'ouverture est prévue au printemps 2018.
La région Occitanie a décidé de sauter du train en marche. Sa présidente PS, Carole Delga, ne croit plus en la viabilité du projet de gare TGV de la Mogère, à Montpellier (Hérault). Il faut dire que le trafic sera loin d'être encombré lors de l'ouverture du site, au printemps 2018. Seuls quatre trains feront un arrêt en gare, de l'aveu même de la SNCF, au cours d'une réunion à la préfecture, mercredi 26 octobre. Un peu léger, estime France 3 Languedoc Roussillon, quand on connaît le coût de l'opération : 135 millions d'euros.
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Certes, la plateforme est également censée accueillir le fret. Mais "une gare nouvelle ne peut se justifier qu'à la seule condition qu'elle soit utile et accessible, écrit Carole Delga dans un communiqué. C'est une question de bon sens et de bonne gestion de l'argent des contribuables. A ce jour, le compte n'y est pas." La région, qui participe au financement à hauteur de 32 millions d'euros, va donc cesser ses paiements. Cette décision pourrait lui permettre d'économiser 26 millions d'euros, selon Midi Libre.
"Des hypothèses mensongères", accuse une élue
"Cela aurait été mieux de s’en apercevoir avant la construction du bâtiment, mais bon. C’est toujours mieux de s’en apercevoir avant la construction d’un immense parking", réagit Michel Julier, à la tête du collectif Stop Mogère, interrogé par 20 Minutes. En juin 2015, des opposants ont déjà déposé des recours contre le projet, né d'un partenariat public-privé. Ils l'accusent d'être un prétexte pour des projets immobiliers, et assurent que la zone concernée est inondable. Une contrainte qui a toutefois été prise en compte lors des travaux.
Le conseiller régional EELV Christophe Dupraz a salué la décision de la région, lui qui redoute que la future gare ne devienne "la risée de l'Europe". Muriel Ressiguier, conseillère Front de gauche, est tout aussi remontée, rapporte Midi Libre. Elle estime que "les hypothèses de trafic sur lesquelles a été bâti ce projet de gare sont totalement mensongères". De lourds investissements ont été consentis par l'agglomération de Montpellier, afin de construire des logements et des bureaux à proximité de la gare.
Les travaux de la gare sont presque terminés
A moyen terme, en effet, la SNCF promet entre 20 et 26 TGV quotidiens. Mais cet objectif est inscrit dans le cadre de la future ligne Montpellier-Perpignan. Il faut donc attendre la construction de la gare de Nîmes-Manduel, dont l'ouverture n'est pas prévue avant 2020, voire 2023. Là-bas, la question d'une troisième voie reliée au centre-ville de Nîmes pourrait en effet repousser la fin du chantier, sans compter les blocages politiques.
L'objectif de la SNCF, de toute façon, ne satisfait pas les opposants, qui jugent la gare rentable à partir de 50 TGV. Faut-il faire machine arrière ? Difficile. La structure de la gare, désormais, est presque terminée. Si le projet final prévoit la construction d'un espace de 10 000 m² et d'une halle de 3 500 m², le faible nombre de TGV lors du lancement fait craindre le pire aux opposants. Certains agitent le souvenir de la gare de Haute-Picardie, inaugurée en 1994 au milieu des champs de betteraves. Un échec.
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