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Près de Rennes, des "gilets jaunes" bloquent l'accès à un dépôt de pétrole depuis dimanche soir

La mobilisation des "gilets jaunes" se poursuit. La journée de lundi a été marquée par des blocages un peu partout en France, notamment près de Rennes où des manifestants empêchent depuis dimanche l'accès à un dépôt pétrolier à Vern-sur-Seiche.

Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des "gilets jaunes" manifestent à Saint-Herblain près de Nantes le 19 novembre 2018. (OLANRIVAIN / MAXPPP)

"Ah ! Il n'y a pas de gilet jaune ! ", signale Alain, un manifestant à la retraite, en pointant le tableau de bord d'un véhicule. Depuis dimanche soir, il bloque avec d'autres "gilets jaunes" des ronds-points qui mènent à un dépôt pétrolier dans la commune de Vern-sur-Seiche, près de Rennes en Bretagne. Gare aux automobilistes qui s'y aventurent sans avoir mis de gilet jaune bien en évidence sur la plage avant. A défaut d'un gilet, "si vous êtes solidaire, vous le dites", prévient Alain. "Bien sûr que je suis solidaire !" répond le conducteur avant d'avancer. 

Sur le barrage filtrant, la centaine de "gilets jaunes" laisse passer tout le monde, sauf les camions. "Les gens en ont marre, lâche Alain, qui arbore fièrement sa veste jaune avec inscrit au dos 'Macron arrête de nous la mettre dans l'oignon'. Lui dit s'en sortir, mais il se bat "pour les jeunes"C'est pas normal ! Comment ils vont faire ces gens-là ? Je fais ça pour ma fille, qui est jeune, pour ma petite-fille et pour les gens qui ne peuvent pas venir avec nous. Qui sont solidaires mais qui ne peuvent pas parce que le patron a dit 'si tu fais ça, je te mets dehors'".

Difficile de finir le mois

"80% des automobilistes qui passent sont avec nous, se réjouit Jean-Yves, un autre retraité présent pour bloquer. Malheureusement je crois que monsieur le Premier ministre n'a pas compris la revendication. On ne s'en sort plus : une fois que vous avez payé votre loyer en début de mois avec les charges et tout, le 15 du mois on n'a plus rien à manger", se désole-t-il. 

A ses côtés, Thierry fulmine. "Ma mère a voté toute sa vie, on lui a réduit ses APL de 30€. Mais elle vit avec 450 euros ! C'est ça la France ? On en a ras-le-bol, tonne-t-il. On ne fait que travailler, travailler, travailler et on nous ponctionne l'argent. Pour neuf mois de travail l'année dernière j'ai  payé 1 780 euros d'impôts. Vous trouvez ça normal ?" Thierry compte bien rester sur place, voire y dormir.

Les chauffeurs routiers bloqués toute la journée

Le chauffeurs routiers, eux, n'ont pas le choix, aucun camion ne passe. Une centaine patiente au calme en file-indienne sur le côté, même si certains tentent de négocier. "On peut faire le tour du rond-point pour repartir direction Angers ?", interroge l'un d'entre eux. Avec ses collègues, il est coincé sur le rond-point depuis 5h du matin. "On est tout à fait solidaires du mouvement, précise le chauffeur. Pour le moment c'est difficile en semaine parce qu'on travaille."

Mais "il va rester bloqué tout la nuit", lâche, intraitable, Dom, un manifestant. Il est l'un des coordinateurs "gilets jaunes" sur place. Sur son gilet a lui, il a inscrit "Stop aux taxes-racket. Macron dégage, tu es foutu". "Il est là pour bouffer du pognon et nous enterrer, justifie-t-il. Au 15 du mois on se demande si on va remplir le frigo. C'est quand même pas normal. Macron faut qu'il se méfie, lance-t-il, avant de se reprendre. Il y en a un paquet là-bas, ils ont du mouron à se faire".

Les "gilets jaunes" comptent rester sur place le plus longtemps possible. L'entreprise Total, qui tient le dépôt, a décidé de le fermer par mesure de sécurité.

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