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Limiter la vitesse à 30 km/h dans les villes, est-ce vraiment une bonne idée ?

Les élus parisiens de la majorité ont annoncé leur volonté de généraliser cette limitation à l'ensemble de la capitale.

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une rue de Nice (Alpes-Maritimes), en mai 2011. La limitation à 30 km/h est déjà appliquée dans une partie de la ville. (MAXPPP)

La vitesse limitée à 30 km/h dans la capitale, c'est le souhait des élus de la majorité parisienne. Cette mesure a été annoncée dans le cadre du plan antipollution, présenté lundi 19 mai au Conseil de Paris. Baisser la vitesse des véhicules est-il vraiment efficace ? Francetv info fait le point.

Oui, c'est utile pour la sécurité routière

Plusieurs villes de France ont déjà adopté la limitation à 30 km/h, comme Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) depuis 2005. L'ancien maire (PS) Pascal Buchet expliquait en 2013, au Figaro, qu'"en dix ans, le nombre d'accidents de la route a été divisé par trois dans la commune". La sécurité routière est d'ailleurs le premier argument avancé par les associations qui militent pour la généralisation de cette mesure. "Lors d'un choc avec un piéton ou un cycliste à 50 km/h, le risque de décès est multiplié par neuf par rapport à un accident à 30 km/h", affirme le site 30 km/h redonnons vie à nos rues !, créé en 2012 par une Initiative citoyenne européenne.

Par ailleurs, "abaisser la vitesse à 30 km/h permettra non seulement d'épargner des vies et des blessés, mais aussi de redonner une image apaisée de la ville et d'inciter des automobilistes à reprendre la marche ou le vélo pour leurs petits déplacements de proximité", déclare au Parisien Gilbert Lieutier, président de l'association Rue de l'avenir.

Mais pour Bernard Beauzamy, polytechnicien et PDG de la Société de calcul mathématique, opposé aux limitations de vitesse, ces études n'ont "aucun fondement scientifique" et sont "pourtant à la base de décisions politiques", rapporte Sud Ouest.

Le directeur général adjoint de l'Automobile club, Christian Scholly, se dit quant à lui favorable à des zones à 30 km/h, mais seulement dans "des quartiers résidentiels ou autour des écoles", rapporte Le Figaro. Ces zones "n'ont pas vocation à concerner une ville entière simplement en collant un panneau à l'entrée", estime-t-il.

Oui, cela améliore la fluidité du trafic

Dans une tribune publiée dans Libération, des associations (Fédération nationale des associations d'usagers des transports, Rue de l'avenir, Fédération française des usagers de la bicyclette) affirment qu'une 'limitation à 30 ne crée pas de bouchons et ne fait perdre qu’un temps négligeable aux automobilistes". Elles détaillent : "Un test sur un itinéraire toulousain de 7,6 km a montré que le temps de parcours moyen passe de vingt-quatre minutes avec une limite à 50 km/h à vingt-sept minutes avec une limite à 30 km/h. Or, la moitié des déplacements urbains se fait sur moins de 3 kilomètres."

Une perte de temps minime pour les uns, mais un coût pour les autres. Selon l'économiste Rémy Prud'homme, ancien professeur à l'Institut d'urbanisme de Paris, une limitation généralisée à 30 km/h de la vitesse dans les agglomérations coûterait "44 milliards d'euros pour le temps perdu par les automobilistes", rapporte Le Parisien.

Non, cela a un impact marginal sur l'environnement

Selon la radio belge RTL, "limiter la vitesse de 120 à 90 km/h permet de réduire jusqu’à 30% la présence de particules fines". En revanche, y a-t-il une réelle différence entre 50 km/h et 30 km/h ? Même Christophe Najdovski, adjoint aux transports à la mairie de Paris, admet au micro de BFM que "le fait de réduire la vitesse a 30 km/h n'a pas un impact central sur la pollution". Toutefois, l'ancien maire de Fontenay-aux-Roses, Pascal Buchet, expliquait au Figaro qu''un aménagement bien pensé doit dissuader l'automobiliste de reprendre de la vitesse sur toute la longueur de la voie". Car les accélérations ont bien des conséquences néfastes sur l'environnement.

L'argument antipollution n'est pas valable, selon Daniel Quero, président de l'association 40 millions d'automobilistes, qui répond à L'Express. "Un rapport du Setra du ministère de l'Ecologie, publié en 2009, a démontré qu'il y a autant d'émissions de particules fines quand on roule à 80 ou 90 km/h que quand on roule à 30 km/h", affirme-t-il.

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