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Interruption des transports : "Un vrai problème de fiabilité dans les transports en commun parisiens"

Alain Bonnafous, professeur émérite et chercheur au laboratoire d’économie des transports de Lyon, a jugé, mercredi sur franceinfo, insuffisant le niveau de maintenance du réseau ferroviaire,  ce qui rendrait les transports en commun parisiens peu fiables.

Article rédigé par franceinfo
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Des personnes descendant d'un RER arrêté entre le Stade de France et la gare du Nord à Paris, le 7 décembre 2016. (STR / AFP)

Il y a "un vrai problème de fiabilité dans les transports en commun parisiens", selon Alain Bonnafous, professeur émérite et chercheur au laboratoire d’économie des transports de Lyon, invité de franceinfo mercredi 7 décembre. Depuis la veille, le trafic du RER B est interrompu. Alors que la reprise devait avoir lieu dans la matinée de mercredi, elle a de nouveau été retardée. En milieu de journée, le trafic des trains, à l'arrivée et au départ de la Gare du Nord, a, lui, été totalement interrompu. La cause est une rupture de caténaire, un ensemble de câbles qui alimentent les trains, à la sortie de la gare par un TER Picardie.

franceinfo : Ces incidents sur le réseau ferroviaire sont-ils normaux ?

Alain Bonnafous : Dans tout système complexe comme l'est un système ferroviaire, il peut y avoir des accidents et des incidents. Ce qui est un petit peu gênant, c'est évidemment la fréquence et le fait qu'au total, il y a un vrai problème de fiabilité dans les transports en commun parisiens.

Comment expliquer ces problèmes récurrents ?

Il s'agit d'une manière générale de pièces qui, comme toutes les pièces dans le moteur d'une voiture, sont passibles d'usure, de vieillissement. Ça demande de l'entretien, de la maintenance et du renouvellement. Et il faut faire tout cela à rythme suffisant pour que le système puisse se tenir convenablement et avec une certaine fiabilité, ce qui actuellement ne semble pas être tout à fait le cas. (…) Il y a des endroits où on a le sentiment que le vieillissement est excessif et que le niveau de maintenance n'est pas suffisant pour assurer la viabilité du service. (…) C'est un élément fondamental de son attractivité.

Pourquoi l'entretien n'est-il pas suffisant en Île-de-France : un manque de moyens et de rapidité ?

Bien souvent, il est fait état d'une insuffisance des effectifs. C'est sous-entendu lorsque par exemple la direction de la SNCF fait allusion au fait qu'on va embaucher un peu plus pour résoudre tel ou tel problème. Mais il faut bien voir qu'il y a là un problème de productivité. Sur ce qui concerne l'entretien du réseau, il y a un chiffre qui mérite d'être regardé. Quand on compare, la situation en Suisse où les cheminots ne sont pas moins bien payés que les nôtres, l'entretien se fait avec un effectif au kilomètre de voie, deux fois moins important qu'en France. L'organisation du travail n'est pas la même, les règles du jeu ne sont pas les mêmes. La souplesse du système et son organisation en général sont tournées vers l'efficacité. On ne peut pas affirmer que ce soit le cas chez nous.

Financièrement, la Cour des comptes suggère qu'il y ait un recours un peu plus important au financement par les usagers, ce qui est le cas dans la plupart des autres pays autour de nous. En Île-de-France, on a plutôt baissé cette part de financement des usagers quand on est passé au système de passe Navigo à 73 euros. Cela paraît très généreux, mais par rapport à la réalité du système et à son financement, ce fût une lâcheté politique.

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